Le nombre des cas d’abandons scolaires ne cesse d’augmenter dans les provinces Makamba au Sud du pays et Rutana au Sud-Est du pays, soit plus de 4 mille cas d’bandons dans chaque province au premier trimestre de l’année scolaire en cours. La situation est similaire dans les provinces de Kayanza, Kirundo et Ngozi au Nord du pays. La pauvreté des ménages en serait la cause principale. Ce qui invite l’extension des programmes de cantines scolaires

Parmi les neuf enfants que j’ai mis au monde, deux seulement ont pu terminer l’école secondaire. Les autres ont abandonné l’école étant en 7ème ou 8ème année voire en 5ème année et sont allés en Tanzanie chercher un travail saisonnier »
« Parmi neuf enfants que j’ai mis au monde, deux seulement ont pu terminer l’école secondaire. Les autres ont abandonné l’école étant en 7ème ou 8èmeannée voire en 5ème année et sont allés en Tanzanie pour chercher un travail saisonnier », se désole Emmanuel Nsengiyumva, sexagénaire habitant la colline Migongo, commune Kibago de la province de Makamba.
Et Joline Manirabona, quinquagénaire habitant la colline Kabizi, commune Kayogoro de la province de Makamba d’abonder dans le même sens : « A cause de la pauvreté, mes deux beaux enfants ont abandonné étant à l’école fondamentale ».
Immaculée Ahishakiye habitant au centre de la province de Rutana témoigne que les cas d’abandons scolaires ne sont pas nombreux au chef-lieu de la province. Mère de 6 enfants, elle indique que trois parmi eux ont déjà terminé leurs études. Cela malgré qu’ils restent toujours sans emploi. « Le dernier est en 5ème année de l’école fondamentale ».
Adrien Ndikumwenayo, secrétaire du comité des parents à l’école fondamentale de Rutana I informe que les cas d’abandons scolaires ne sont pas fréquents au chef-lieu de la province de Rutana. Ce qui n’est pas le cas dans les autres établissements des coins reculés.
Ernest Irutingabo de la colline Runyonza, commune et province Kirundo confirme qu’il a abandonné l’école l’année dernière en 5ème année de l’école fondamentale. Cela à cause de la pauvreté des parents. « Actuellement, je travaille dans les champs comme travailleur saisonnier moyennant un salaire de 1 500 FBu par jour », notifie-t-il. Eric Hatungimana de la commune Nyanza-lac, province de Makamba, lui, s’est adonné à la pêche pour échapper à la pauvreté de sa famille qui ne lui facilite pas la fréquentation de l’école.
Fréquence des cas d’abandons scolaires à l’école fondamentale de Rugwe
« Parmi 608 élèves inscrits à l’école fondamentale de Rugwe au début de l’année scolaire 2022-2023, 58 ont déjà abandonné l’école », déplore Marcus Munezero, directeur de cet établissement unique de la colline Murama-Rugwe, commune Bukemba de la province de Rutana, une école fondamentale située à 23 kilomètres du chef-lieu de la province Rutana.
Pour lui, ceux qui ont abandonné l’école s’adonnent surtout au repiquage, au sarclage et à la moisson du riz semé dans les vallées de Rugwe et Piroti.
Le point de ralliement de ceux qui vaquent au travail saisonnier est dénommé « Somalie », fait-il remarquer avant de rappeler que la rémunération par heure est de 1 500 FBu tandis que la rémunération par jour varie entre 7 000 FBu et 8 000 FBu.
Rutana : Cas avérés d’abandons scolaires au premier trimestre
D’après Louise Nshimirimana, conseillère chargée de la planification et des statistiques dans la direction provinciale de l’enseignement à Rutana, quatre mille quatre cent onze (4 411) élèves ont abandonné l’école au premier trimestre de l’année scolaire 2022-2023 dans la province de Rutana au Sud-Est du pays.
Parmi ces abandons, les filles sont au nombre de mille neuf cent huit (1 908) tandis que les garçons sont au nombre de deux mille cinq cent trois (2 503).

Louise Nshimirimana, conseillère chargée de la planification et des statistiques dans la direction provinciale de l’enseignement à Rutana : «« Les causes de ces abandons scolaires sont notamment, la pauvreté dans les ménages, le désintéressement, la recherche du travail saisonnier, les grossesses non désirées… »
« Les causes de ces abandons scolaires sont notamment, la pauvreté dans les ménages, le désintéressement, la recherche du travail saisonnier, les grossesses non désirées… », explique Mme Nshimirimana avant d’annoncer que le programme des cantines scolaires n’a pas touché les écoles de toute la province de Rutana. Pourtant, estime-t-elle, ce programme pourrait être une des actions du maintien des élèves à l’école.
Makamba : Plus de 4 mille 500 cas d’abandons scolaires au premier trimestre
« Quatre mille sept cent quatre-vingt-quinze (4795) élèves ont abandonné l’école au premier trimestre de l’année scolaire 2022-2023 dans la province Makamba au Sud du pays », précise Syrdie Ndagijimana, conseiller chargé de la planification et des statistiques dans la direction provinciale de l’enseignement à Makamba.
Pour lui, la pauvreté dans les ménages, le désintéressement, la recherche de l’emploi dans les pays voisins comme la Tanzanie et la Zambie, les grossesses non désirées sont pointées du doigt comme causes de ces abandons scolaires.
Le Nord dans la cadence
Anicet Ndayisenga, conseiller administratif et financier dans la direction provinciale de l’enseignement à Kayanza reconnait des cas d’abandons scolaires dans cette province.
« 264 élèves ont abandonné l’école au niveau préscolaire, 4833 élèves ont abandonné l’école au niveau de l’école fondamentale, 163 au niveau de l’école post-fondamentale générale… », s’exclame-t-il.
Et d’annoncer : « Les élèves qui abandonnent l’école sont issus des ménages pauvres. Il existe d’autres qui quittent l’école à cause de l’échec scolaire, des maladies, des grossesses non désirées ».
Cependant, il confirme qu’aucun établissement de la direction provinciale de l’enseignement à Kayanza ne bénéficie de programmes de cantines scolaires.
Elias Ciza, inspecteur communal de l’enseignement à Gatara dans la direction provinciale de l’enseignement de Kayanza admet que les cas d’abandons scolaires augmentent dans la direction communale de l’enseignement à Gatara par rapport aux années antérieures.
« Les élèves inscrits au premier trimestre 2022-2023 étaient au nombre de 19 152 dont 9 817 filles. Parmi ceux-ci, 490 dont 229 filles ont abandonné l’école à cause de la pauvreté dans les ménages. D’ailleurs, il est estimé que 328 élèves ont abandonné l’école à cause de la pauvreté dans les ménages », certifie-t-il.
Gratien Irakiza, directeur communal de l’enseignement à Kiremba dans la direction provinciale de l’enseignement de la province de Ngozi n’y va pas par quatre chemin.
Il dévoile que les cas d’abandons scolaires augmentent du jour au jour comparativement aux années antérieures.

Eric Hatungimana du site de pêche de Muguruka, commune de Nyanza-lac dans la province de Makamba : « Comme ma famille ne parvenait pas à me nourrir à mon retour de l’école, j’ai préféré aller chercher la vie dans la pêche ».
« Les cas d’abandons scolaires pour les 3 premiers cycles de l’école fondamentale jusqu’en date du 23 février 2023 sont évalués à 1 166. Pour le 4ème cycle et le niveau post-fondamental, on a 346 cas d’abandons scoalires », martèle-t-il.
Et de regretter que la pauvreté dans les familles, l’exode rural, l’ignorance des parents, le manque de matériel didactique, les grossesses non désirées et le désintéressement sont parmi les causes de ces abandons scolaires.
Ce qui fait que les élèves font recours aux activités champêtres pour chercher de quoi manger. Et de se rendre compte que la politique des cantines scolaires n’est qu’un leurre.
Léocadie Mukaporona, directrice provinciale de l’enseignement dans la province de Kirundo annonce que le programme des cantines scolaires est fonctionnel dans quelques écoles de la province de Kirundo. La plus-value, dans les établissements où le programme est implanté, il y a un nombre important d’élèves.
« Toutefois, s’il arrive qu’il y ait rupture des stocks dans les établissements qui bénéficient du programme des cantines scolaires, les cas d’abandons scolaires s’en suivent automatiquement », explique Mme Mukaporona.
Elle fait savoir qu’à la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2022-2023, sur 196 926 élèves inscrits, on enregistre 7 989 cas d’abandons scolaires dont 4234 garçons et 3755 filles. Les changements climatiques qui occasionnent une faible production seraient la cause principale de ces cas d’abandons scolaires.
Elias Nibizi, chef de colline adjoint de la colline Runyoza, commune et province de Kirundo salue le programme des cantines scolaires car, affirme-t-il, celui-ci facilite le maintien des élèves à l’école.
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