Société

Les adolescents en proie à la drogue

L’usage de la drogue est une triste réalité au Burundi. Le traumatisme, l’influence des pairs, l’ignorance, … attirent les adolescents vers les drogues. Les jeunes qui s’adonnent à la consommation de la drogue s’exposent à la destruction des connexions neuronales. Ce qui peut les conduire vers la toxicomanie. Les parents doivent vérifier l’évolution comportementale et relationnelle de l’enfant dès le bas âge    

« Sur cette période de 10 ans, le constat est que les enfants intelligents en classe sont plus exposés à la consommation de la drogue », explique Alexis Ndayizigiye, psychologue et expert en éducation et en redressement des comportements des enfants et des adolescents. 

Pour lui, ces enfants ne bénéficient pas de soutien dans l’encadrement comportemental et relationnel. Leurs parents savent qu’ils se suffisent eux-mêmes et les laissent compter sur leurs propres forces. Une autre catégorie des enfants exposés à la prise de la drogue est celle des enfants traumatisés.

M.Ndayizigiye informe également que les enfants veulent vérifier des informations reçues à l’avance que la consommation de la drogue peut les élever à un rang supérieur.

« Après avoir consommé la drogue, ces enfants souffrent de destructions des connexions neuronales qui tend à ce qu’ils veulent continuer à consommer la drogue. Cela afin de sentir la saveur des premières sensations », explique-t-il.

M.Ndayizigiye signale qu’il arrive que les cerveaux de ces enfants soient excités les mettant ainsi dans une certaine forme de jouissance, pourtant ces cerveaux transmettent cette jouissance dans les autres parties du corps. Le psychologue et expert en éducation et en redressement des comportements des enfants et des adolescents témoigne qu’on ne peut pas soigner un jeune toxicomane sans qu’on ne comprenne pas la façon et les conditions dans lesquelles il a grandi.

Et de renchérir : « Sous l’égide d’un coach, les parents doivent prendre les devants pour sauvegarder la santé mentale de l’enfant ».

Pour lui, le coach se réfère à l’évolution de l’enfant pour le soigner psychologiquement. On commence à changer l’idée qu’il se fait ded la drogue et de lui dire la vie à mener une fois qu’il ne consommera plus la drogue.

Aimable Barandagiye, coordonnateur national de « Giriyuja » : « la grande portion des consommateurs se situe entre 19 et 24 ans (60%), un âge considéré comme âge de scolarisation ».

Les jeunes en âge de scolarisation ménacés 

Dans un récent rapport de recherche sur les déterminants de l’abus des substances psychoactives (SPA) chez les jeunes dans les provinces de Bujumbura-mairie, Rumonge, Gitega et Ngozi, Aimable Barandagiye, coordonnateur national de Giriyuja dit que des données liées au sexe, à l’âge, aux antécédents des maladies mentales et à la personnalité des jeunes enquêtés sont des facteurs liés à l’usage des SPA. 

« La prévalence de la consommation des SPA est très élevée chez les jeunes de sexe masculin que chez les jeunes de sexe féminin. 55% des jeunes de sexe masculin enquêtés consomment des SPA pendant que 23% des jeunes de sexe féminin enquêtés consomment des SPA », dit-il. 

Selon M.Barandagiye, la grande portion des consommateurs des SPA se situe entre 19 et 24 ans (60%), un âge considéré comme âge de scolarisation. Ils sont alors obligés d’arrêter les études et sont délaissés par leurs familles et ils commencent la vie de délinquance.

Et de regretter : « Des jeunes de moins de 18 ans ont été retrouvés parmi les consommateurs des SPA. Evalués à 37% de tous les jeunes enquêtés, ces enfants, pour la plupart, ne logent plus sous le toit familial ».

Par ailleurs, poursuit-il, la crise de l’adolescence, la curiosité ou les problèmes liés au vécu des jeunes peuvent les entraîner à consommer des substances psychoactives pour se « défouler », oublier les soucis liés aux problèmes familiaux, chercher à se valoriser dans son groupe… 

« 49% des jeunes avouant être consommateurs des SPA ont commencé à les consommer parce qu’ils avaient des problèmes, 39% voulaient se valoriser dans leurs groupes et 27% ont consommé les SPA par curiosité. Certains jeunes ont consommé la drogue leur offerte par leurs amis à leur insu. Ils ont continué la consommation des SPA, car il leur a été impossible de se passer des effets de la drogue induite par leur état de dépendance (8%) », s’inquiète-t-il.

M.Barandagiye informe que vivre avec ou sans parents influence fortement le comportement des jeunes. Les jeunes vivant avec deux parents sont moins à risque de consommer les SPA que les jeunes vivant avec un seul parent et ceux qui n’ont aucun parent. Selon les résultats obtenus,33% des jeunes vivant avec deux parents consomment des SPA, 63% des jeunes vivant avec un seul parent consomment des SPA pendant que 77% des jeunes qui ne vivent avec aucun parent consomment des SPA.

« 85% des jeunes enquêtés qui consomment les SPA n’ont aucun niveau de formation, 65% ont le niveau des études primaires complètes, 24% ont un niveau secondaire fondamental tandis que 9% ont un niveau secondaire post fondamental », annonce-t-il. 

M.Barandagiye indique que la grande portion des jeunes consommant des SPA se trouvent parmi les jeunes qui n’appartiennent à aucune religion (85%) tandis que la prévalence de consommation des SPA est moins élevée parmi les jeunes appartenant à l’Eglise protestante. 

Et de continuer : « Les jeunes enquêtés qui consomment des SPA sont nombreux parmi ceux qui vivent dans la rue ou qui sont sans domicile fixe (84%) pendant que 72% des jeunes enquêtés qui consomment des SPA vivent en solitaire dans leur propre ménage ».

Le niveau socio-économique des familles des jeunes enquêtés influence fortement la consommation des SPA. 72% des jeunes dont le niveau socio-économique est faible consomment des SPA comme le souligne M.Barandagiye. Il en est de même pour l’occupation professionnelle. Parmi les jeunes enquêtés et qui ont avoué être consommateurs des SPA, 80% sont sans emploi.  Il parait que les jeunes enquêtés avouant être consommateurs des SPA voient dans la consommation de ces dernières des effets positifs comme la résistance aux conditions de vie difficile (79%), la stimulation du sommeil (74%), l’oubli des difficultés rencontrées (63%), avoir l’estime dans le groupe (63%), avoir de la témérité (56%), avoir du « feeling » (74%). 

S’exposer aux maladies

Dans un rapport publié au mois de juin 2021 par l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), il ressort que plus au moins 275 millions de personnes auraient consommé la drogue en 2020 dans le monde. Cela au moment où 36 millions de personnes auraient souffert de troubles liés à la consommation des drogues.

Les troubles liés à l’usage de la drogue sont associés à un risque accru de survenance d’autres problèmes de santé comme le VIH/Sida, l’hépatite, la tuberculose, le suicide, le décès par surdose et les maladies cardiovasculaires. L’usage des drogues par injection est un mode fréquent de transmission du VIH/Sida et de l’hépatite dans de nombreuses régions. 

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A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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Un commentaire
  • NZUNOGERA ANICET dit :

    Merci pour cet article si riche d’information.
    Il est temps de nous réveiller pour combattre ensemble ce fléau qui risque d’handicaper mentalement notre société.

Les commentaires sont fermés.



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