Commerce

Les amateurs de la sainte mousse dans le désarroi

Les prix des produits des Brasseries et Limonaderies du Burundi (Brarudi) ont augmenté de 25% à 40% depuis lundi le 17 octobre 2022, une décision qualifiée par les consommateurs d’unilatérale. Les prix ne cessent d’augmenter alors que 80% de la population burundaise travaille dans le secteur agricole. Par ailleurs, le FMI s’inquiète de l’inflation projetée à 9,2% en 2022 occasionnant l’augmentation des prix des biens et des services

L’augmentation des prix qui ne correspond pas à l’augmentation du salaire est une épine dans le dos du consommateur.

Selon le communiqué de la Brarudi du 16 octobre 2022, l’Amstel blonde 55 cl et l’Amstel bock 33 cl sont passés de 1500 FBu à 2 100 FBu, soit une augmentation de 600 FBu (40%).

Le prix de l’Amstel blonde 65 cl est passé de 1 900 FBu à 2 500 FBu, soit une augmentation de 600 FBu (31,57%). Le prix de la bière primus 72 cl passe de 1 500 FBu à 1 700 FBu, soit une augmentation de 200 FBu (13,3%) tandis que le prix des boissons gazeuses est passé de 800 FBu à 1 000 FBu, soit une augmentation de 200 FBu (25%).

Dans une réunion tenue le 17 octobre 2022, Gervais Ndirakobuca, premier ministre de la République du Burundi appelé les administratifs à veiller au respect des prix des produits Brarudi fixés par les instances habilitées. Il a tenu à préciser qu’aucun bar n’est autorisé à hausser les prix sous prétexte que c’est un bar modèle.

Au mois de mars 2022, les services du Fonds Monétaire International (FMI) ont effectué une mission de consultation au Burundi. Dans un communiqué de presse du 17 mars 2022, la mission a indiqué que le Produit Intérieur Brut (PIB) réel du Burundi a rebondi de 2,4% en 2021. Cela grâce à la reprise des activités des secteurs primaire et tertiaire.  

« L’inflation a augmenté pour se situer à 8,3% en 2021 contre 7,5% en 2020). Elle devrait s’accélérer à 9,2% en 2022. Cela à cause de la hausse des prix des matières premières comme le pétrole, une conséquence de la crise en Europe », lit-on dans le communiqué. Or, l’inflation diminue le pouvoir d’achat et occasionne la hausse des prix des biens et des services.

Le cri du consommateur

« Autrefois, ma bière préférée était l’Amstel 65 cl. Sous l’effet de l’augmentation de 600 FBu sur la bouteille d’Amstel 65 cl, je préfère prendre 2 bières Primus 72 cl ensuite prendre en dernier lieu une Amstel 65 cl », annonce Vianney Niyonkuru habitant la zone Cibitoke en mairie de Bujumbura avant de déplorer qu’il n’était pas habitué au mélange des bières.

M.B est fonctionnaire dans la province de Kayanza. Elle reconnait que les produits Brarudi sont des produits de luxe. Malgré cela, elle avoue que chaque fois qu’elle touche son salaire mensuel, elle s’offre une bière, soit l’Amstel bock mélangé au Coca.  Elle regrette que la nouvelle montée des produits ne va pas lui faciliter la tâche, surtout que cela fait plus de 5 ans qu’elle ne bénéficie pas les primes et indemnités. Ce qui fait que son salaire ne se majore pas.

L’organisation Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (Parcem) revient sur la suppression du statut VIP des prix des produits Brarudi dans certains bistrots 

«Cela est un idéal. Il sera difficile qu’une Amstel vendue au Beach le soit au même prix qu’une Amstel vendue à Kamenge ou à Musaga, le loyer et les investissements étant différents. En plus, même les hôtels qui sont autorisés à rehausser les prix se différencient par le nombre d’étoiles. Tous ne sont pas au même niveau de luxe ou d’investissement», lit-on sur le compte twitter de Parcem.

Et de continuer : « Cette situation risque de diminuer le chiffre d’affaires des bars des quartiers populaires. Ceux qui fréquentaient les bistrots populaires vont enfin fréquenter les bars VIP. Economiquement ce n’est pas recommandable ».

L’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (OLUCOME) s’inquiète de la hausse généralisée des prix des produits essentiels. Elle l’estime une action rapide, car la tendance est de revoir à la hausse les prix de tous les produits commercialisés au Burundi.

«Une décision unilatérale»

Pierre Nduwayo, président de l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO) s’insurge contre l’habitude de la Brarudi de créer une pénurie artificielle de ses produits. Ce qui favorise la spéculation pour qu’à la fin la Brarudi officialise les prix qui étaient jusque-là officieux. 

« En plus, cette décision unilatérale sur le prix des produits des entreprises jouissant d’un quasi-monopole préjudicie gravement le consommateur. Raison pour laquelle nous demandons l’intervention du gouvernement pour suspendre cette hausse décidée unilatéralement. Celle-ci risque d’avoir une répercussion négative sur le prix des autres denrées », alerte M.Nduwayo.

Le prix du ciment BUCECO a également augmenté depuis le 17 octobre 2022. Le prix par sac de 50 kg passe de 24 500 FBu à 28 500 FBu, soit une augmentation de 16, 32% pour le ciment BUCECO 32,5R. Il passe pour le même sac du ciment BUCECO 42,5 R de 30 000 FBu à 34 000 FBu, soit une augmentation de 13,3%.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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Du jamais vu ; un déficit record a été enregistré depuis la création de l’Office Burundais des Recettes (OBR) en 2009, une institution chargée de maximiser les recettes. Un déficit de 110 milliards de FBu sur les 4 derniers mois de l’année budgétaire 2024-2025, déclaré par l’autorité compétente, ne peut pas passer inaperçu. Pire encore, parmi les causes évoquées pour expliquer cette diminution des recettes figurent des facteurs tels que le rôle crucial des agents chargés de maximiser ces recettes, la corruption et la complicité entre les contribuables et les agents, pour ne citer que ceux-là.

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