60% des ménages riverains de la forêt claire de Rumonge pratiquent la cueillette des champignons sauvages. Alors que la marge bénéficiaire est assez confortable pour les restaurateurs de la ville de Bujumbura (10. 417 FBu par kg), le cueilleur ne gagne que des miettes avec seulement 930 FBu par kg. Une chercheuse a fait une enquête sur cette filière loin d’être au maximum de son rendement
En moyenne, 6 personnes par ménage cueillent 4,7 kg de champignons sauvages comestibles (CSC) par jour sur les collines riveraines de la forêt claire de Rumonge. La récolte des CSC se fait en moyenne 4 fois par semaine. 94% des vendeurs de champignons sont des femmes. Seuls 6% des hommes vendent cette denrée.

94% des vendeurs de champignons sont des femmes.
33% de la population de Rumonge apprécient le champignon
Si 44% des gens de Rumonge consomment régulièrement le Ndagala très abondant sur les marchés locaux, 33% sont friands de CSC. Ces données ressortent d’une enquête intitulée « Analyse Socio-Economique de la Filière des Champignons Comestibles des Forêts Claires de Rumonge » effectuée par Ninette Nikuze, chercheuse attachée à l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement (OBPE).
930 FBu/kg pour le cueilleur contre 10.417 FBu/kg pour le restaurateur
D’après toujours cette enquête, les revenus tirés du commerce des champignons sont inégalement répartis. La marge bénéficiaire varie fortement d’un bout à l’autre de la chaine de la commercialisation des CSC. Le cueilleur ne gagne que 930 FBu par kg. Cette marge descend à 712 FBu par kg pour le vendeur du marché de Rumonge. En revanche, elle monte à 3.395 FBu par kg pour le collecteur qui achemine les CSC à Bujumbura. Le revendeur de Bujumbura, quant à lui, gagne 4.172 FBu par kg. Ce sont les hôtels-restaurants qui se taillent la part du lion avec une confortable marge bénéficiaire de 10.412 FBu par kg.
Le CSC pourrait aider dans la lutte contre la malnutrition
Selon une étude citée par Ninette Nikuze intitulée « Analyse Globale de la Sécurité Alimentaire, de la Malnutrition et de la Vulnérabilité au Burundi » datant de 2014, 40 à 60% des ménages avaient une alimentation pauvre et marginale surtout pendant la période de soudure. Dans ces conditions, nul doute que les champignons qui poussent pendant la période des pluies quand il y a rareté des produits agricoles aident beaucoup dans l’alimentation de la population. Or actuellement, à Rumonge, seulement 9% des champignons collectés servent à l’autoconsommation alors que 91% sont vendus.
D’autres aspects intéressants du champignon
Les champignons sont riches en vitamines A, B, C, D, mais aussi en phosphore, en potassium, en cuivre et en zinc. Leur concentration en sels minéraux et en vitamines fait des champignons un aliment bénéfique pour l’organisme. En outre, ils contiennent environ 80 % d’eau. Leur teneur calorique est compris entre 10 et 15 calories, selon les espèces. Les champignons sauvages sont également une source intéressante de fibres. Ils seraient aussi bons pour les intestins. Par ailleurs, la cueillette du champignon ne menace pas l’environnement car, comme l’a déclaré Mlle Nikuze, le champignon pousse sur les arbres morts. Si cette activité était valorisée, peut-être que les populations riveraines des forêts pourraient abandonner les activités qui menacent l’environnement, en l’occurrence la coupe du bois et la chasse.
Une opportunité sous-exploitée
Le développement de la filière champignon est plus qu’une nécessité. La chercheuse attachée à l’OBPE propose aux cueilleurs de se regrouper en association pour défendre leurs intérêts. « S’ils se regroupent en association, ils seront à mesure de peser sur le marché et de faire monter les prix. Bien plus, ils pourraient conjuguer leurs efforts et transformer le champignon avant de le vendre. Les cueilleurs pourraient par exemple le faire sécher pour le conserver et le vendre à n’importe quelle période de l’année. Cela donnerait à ce produit une valeur ajoutée », a indiqué Mlle Nikuze lors de la présentation des résultats de son enquête. Certaines variétés de champignons sauvages présentes dans les forêts burundaises sont très appréciées sur le marché international, raison de plus pour mieux organiser la filière du champignon au Burundi.
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