Société

Les habitants du site de Mayengo : Leur vie plongée dans l’incertitude

Les résidants du site de Mayengo situé dans la commune et la province de Rumonge font face à de nombreux défis, à savoir : le manque de terres cultivables, le manque d’électricité ainsi que l’absence du marché. Cette situation de précarité rend leur vie instable. Reportage

Laurent Hakizimana, un des occupants du site de Mayengo, Il déplore que parfois, il peut rendre bredouille. En conséquence, ses enfants ne trouvent pas de quoi mettre sous la dent.

Nous sommes mardi le 6 août 2024, à 10 heures du matin. Le soleil brille intensément alors que nous arrivons au site de Mayengo, situé dans la zone de Kigwena, commune et province de Rumonge. Ce site accueille depuis 2018 les victimes des inondations et des glissements de terrain de Nyaruhongoka et Gitaza. Il est stratégiquement situé sur la route Rumonge-Nyanza-Lac, à environ 500 mètres de la réserve forestière de Kigwena, également connue sous le nom de Gitamba. Au fil de notre exploration, nous rencontrons des habitants du site. En échangeant avec eux, ils nous font part de leur quotidien et nous révèlent que leur vie était loin d’être facile.

Jeanne Niciteretse, conseillère municipale élue pour représenter les occupants de Mayengo, exprime leur indignation face aux conditions de vie déplorable. « Nous manquons de terres cultivables, de l’électricité, du marché et d’autres ressources qui pourraient nous aider à nous développer. »

Et d’ajouter :« Nous sommes arrivés ici en 2018. On nous avait promis de terres cultivables et du marché, mais à ce jour, rien de tout cela n’est concrétisé, déplore Mme Jeanne. Nous avons seulement reçu des maisons de 15 mètres sur 20, comportant trois chambres et un salon. Bien que nous appréciions ces constructions, nous sollicitons à nouveau l’aide des autorités et des organisations qui nous ont soutenus au départ ».

Manque de terres cultivables, un Problème au cœur des préoccupations

La difficulté de nourrir une famille nombreuse sans terres à cultiver est un problème préoccupant. Même ceux qui aspirent à travailler pour d’autres personnes rencontrent des difficultés car leur salaire quotidien s’élève à 4000 FBu. Avec le coût élevé des denrées alimentaires, comme par exemple la farine à 2000 FBu le kilo, les familles ne peuvent se permettre de manger qu’une fois par jour, déplore Mme Jeanne.

Pascasie Minani souligne également les complications liées à la location de terres. « Même si l’on parvient à rassembler de l’argent pour louer un champ, il arrive que les propriétaires accumulent les frais de plusieurs personnes pour une seule parcelle, ce qui engendre de nombreux problèmes. »

En réponse à cette situation, Léonard Niyonsaba, gouverneur de la province de Rumonge, propose que les gens se regroupent en coopératives et se rendent à la commune pour présenter leurs projets. Le gouverneur affirme qu’il est plus facile de venir en aide à ceux qui adhèrent à des coopératives. De plus, certains propriétaires possèdent des terres cultivables inexploitées. Les personnes regroupées peuvent discuter des avantages réservés au propriétaire ;et celui-ci peut leur permettre d’accéder à ces terres cultivables.

 Pénurie de l’électricité, un fléau qui handicape la vie quotidienne

Laurent Hakizimana, soudeur de profession, exprime sa colère face à une situation critique. « Même si je maîtrise mon métier, il est extrêmement difficile de travailler sans électricité et mes propres outils, » indique-t-il. « Je dois me contenter de trouver des tâches chez ceux qui en possèdent, mais il arrive que je passe toute la journée sans rien obtenir. En conséquence, je rentre chez moi les mains vides et ce jour-là, mes enfants ne trouvent pas de quoi à manger. »

Serge Ndabarahiye souligne l’importance de l’électricité pour diverses activités économiques. « Nous avons d’abord besoin d’électricité pour que les métiers qui dépendent de l’énergie, comme la soudure, les salons de coiffure ou les cafétérias puissent fonctionner, » explique-t-il. Les poteaux et le transformateur sont déjà installés mais, l’absence de l’électricité demeure un problème majeur. Cette pénurie entraine des conséquences graves notamment, l’obscurité qui pousse certains jeunes aux mauvaises pratiques notamment la prostitution, ceci provoque des grossesses non désirées », ajoute-t-il.

Pour remédier à cette situation, le gouverneur de la province de Rumonge a annoncé son intention de discuter avec les responsables de l’électricité de ladite province afin de résoudre ce problème. Il espère ainsi garantir un approvisionnement en électricité qui permettra non seulement d’améliorer la sécurité nocturne mais aussi de soutenir les activités de développement nécessaires pour ce site.

Instabilité de l’éducation

L’éducation des jeunes est menacée par la précarité économique, constate M. Hakizimana. Ce père de huit enfants souligne la difficulté d’offrir une éducation de qualité dans un contexte de pauvreté. Trouver des cahiers, des uniformes, des stylos et d’autres fournitures scolaires, constitue un véritable défi.

Il indique qu’au sein de sa famille, seuls trois de ses huit enfants sont scolarisés. « Leur avenir est en péril », souligne-t-il. M. Hakizimana déplore également une diminution de la discipline chez les jeunes. Selon lui, même les petits montants de 1 000 FBu offerts à certaines filles peuvent les éloigner de l’école, les incitant à passer la journée ailleurs. Cela peut pousser les jeunes au vagabondage sexuel et aux abandons scolaires. Il précise que les élèves qui quittent l’école se répartissent entre ceux qui restent au foyer et ceux qui tentent de trouver d’autres activités en dehors du site de Mayengo.

Rappelons que les habitants de ce site ont été durement touchés par des inondations et des glissements de terrain survenus en 2015, dans la commune de Muhuta, précisément à Gitaza et à Nyaruhongoka. Ces familles ont été déplacées vers ce site en 2018.

A propos de l'auteur

Jonathan Nzoyibonera.

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