Edition Spéciale

Les prix de l’huile de palme s’envolent

Le prix de l’huile de palme est parti en hausse depuis plusieurs mois. La rareté et la spéculation sur cet ingrédient rarement absent dans la cuisine burundaise imposent une nouvelle gestion des ressources des ménages. Burundi Eco a dû mobiliser un reporter à Musenyi, une zone de la commune Mpanda de la province de Bubanza gâtée dans la production de cet ingrédient   

Le prix de l’huile de palme connait une montée en flèche depuis quelques mois. Les prix ont plus que doublé. Incapables de se passer de cet ingrédient essentiel dans la plupart des ménages burundais, les familles sont obligées de revoir à la hausse leurs dépenses journalières. A Musenyi, un des foyers de production de l’huile de palme dans la plaine de l’Imbo à l’Ouest du Burundi, le marché s’est métamorphosé. En tout cas, les traders opérant dans ce domaine affirment que la situation n’est plus la même qu’hier.

C’est au-delà de 16 heures que nous avons foulé le sol de Musenyi. Dans cette partie de l’Imbo, la zone de Musenyi est connue pour sa production d’huile de palme de qualité.  Les dealers de ce produit indiquent que la situation s’est compliquée ces derniers mois. « La matière première est devenue chère pendant ces jours », affirme Véronique Miburo, une maman rencontrée dans une usine rudimmentaire de transformation de l’huile de palme dans la localité. En cette fin de journée, une équipe d’employés d’une petite usine installée dans une plantation de palmiers à huile vaque encore à ses activités. Là, la place ne justifie point les prix. « Nous, en tant que simples employés, ignorons les raisons de la hausse des prix », affirme un jeune homme travaillant dans la même usine que Miburo. Ce dernier dit cependant que les propriétaires des usines s’approvisionnent à des prix exorbitants chez les propriétaires des plantations. 

La hausse des prix de l’huile de palme inquiète les consommateurs et influe sur la hausse des dépenses des ménages.

Les prix explosent

C’est à 17 heures que nous débarquons au parking de ce marché où s’achète et se revendent des quantités d’huile de palme. Il faut batailler dur pour gagner un bénéfice si petit soit-il. Au marché de Musenyi, l’huile de palme ne coule plus à flot. On ne peut plus en avoir à bas prix. A ce centre d’approvisionnement en huile de palme, un bidon de 20 litres s’échange actuellement contre 110 mille FBu. Deux femmes vendeuses de l’huile de palme se sont confiées à nous. D’après elles, les prix viennent plutôt de connaître une petite chute. «Nous achetions un bidon d’huile de palme à 116 mille FBu il y a quelques jours seulement. Aujourd’hui, vous constaterez que le prix s’établit à 110 mille FBu seulement, donc 6 mille FBu de moins», explique Charlotte Uwamariya, une femme détaillante de l’huile de palme au marché de Musenyi. Un petit bidon de 5 litres s’achète à 25 mille FBu, emballage inclus. 

Cette hausse remarquée du prix du produit trouve origine dans la cherté des matières premières. Les propos d’Uwamariya sont assez illustratifs.  En effet, un champ de palmiers à l’huile dont la récolte était prépayée saisonnièrement à 700 mille FBu est passé actuellement à 1 million de FBu.  

« Nous avons assisté à une hausse des prix comme nous ne l’avions jamais connu », affirme une autre commerçante qui rappelle que le prix le plus élevé était auparavant de 50 mille FBu pour 20 litres, six mois seulement avant. Pour celle-ci, il reste difficile d’élucider les raisons de cette hausse. Dans les champs de palmiers à huile, la spéculation est monnaie courante. « Il arrive qu’on donne l’argent à l’avance au producteur qui, détourne le produit apres avoir trouvé un plus offrant », dit-elle. 

Lamentations et inquiétudes partagées  

La hausse des prix de l’huile de palme n’a pas de conséquences négatives que sur les consommateurs. Les petits commerçants de cette denrée se disent désemparés et disent partager les inquiétudes avec leurs clients. 

Selon ces traders vivant de la commercialisation de l’huile de palme, ce ne sont pas seulement les consommateurs qui perdent en cas de hausse des prix. Elles affirment qu’elles gagnent moins pendant la période où les prix flambent. Cependant, elles doivent batailler dur pour contribuer à faire vivre leurs familles. « Ce qui est sûr c’est que je ne peux pas abandonner ce commerce sans une autre alternative d’emploi », lâche-t-elle inquiète. Certaines femmes auraient d’ailleurs fini par abandonner cette activité qui ne génèrent plus suffisamment de bénéfices. 

Selon ces femmes vivant du commerce de l’huile de palme au détail, le flux des clients n’est plus le même. Elles affirment qu’ils sont peu nombreux à demander l’huile de palme. « Peut-être qu’il y a des ménages où on n’utilise plus de l’huile de palme à la cuisine », chuchote une des femmes avant d’éclater de rire.    

Malheureusement, le prix de cette denrée chérie de nombreux Burundais risque de se maintenir à la hausse voire d’augmenter davantage. Avec une demande grandissante, la hausse de la production serait une des solutions efficaces pour stabiliser les prix qui s’envolent sur le marché local. 

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Jonathan Ndikumana.

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