Ces derniers jours, les prix du pain explosent dans les kiosques et alimentations de la capitale économique. Les boulangers évoquent la cherté des ingrédients de base (la farine de blé et l’huile de coton) comme élément déclencheur. A titre illustratif, un sac (25 kg) de farine de blé est passé de 43 000 FBu à 53 000 FBu.
La hausse du prix du pain comme pour la plupart d’autres produits à base des matières premières importées est une conséquence directe de la pandémie de Coronavirus. Ses effets sont perceptibles chez la plupart des opérateurs économiques, y compris les boulangers. Le Burundi importe presque tout. Le confinement en vigueur dans plusieurs pays perturbe les échanges commerciaux. Les minoteries locales ont du mal à s’approvisionner en matières premières. Une grande quantité de blé provenait des pays grands producteurs tels que l’Allemagne, la Russie, le Canada et l’Australie.

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D’après la stratégie nationale agricole 2008-2015, le blé est cultivé sur de petites parcelles familiales et en culture pure dans les régions naturelles de Mugamba et de Bututsi. La production nationale est estimée à 8 000 tonnes en moyenne avec des rendements oscillant entre 400 et 800 kg/ha. Parallèlement, la production locale est en chute libre. Elle est passée de plus de 9 700 tonnes en 1970 à 5 628 tonnes en 2014. La quasi-totalité de la production est utilisée par les ménages qui la consomment sous forme de farine ou de bouillie.
Dans notre pays, la culture du blé est confrontée à la forte acidité et à la toxicité aluminique des sols du Mugamba et du Bututsi, aux maladies (rouilles) et aux ravageurs des grains stockés, à l’insuffisance des variétés améliorées et à la faible utilisation des engrais, lit-on dans la stratégie nationale agricole.
Un récent bulletin de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) n’augure rien de bon sur la production céréalière mondiale. Celle-ci devrait à nouveau baisser en ce qui concerne le maïs, le blé et dans une moindre mesure le riz. Les estimations de cette agence onusienne montrent que la production mondiale du blé en 2020 devrait diminuer de près de 2,3 millions de tonnes pour s’établir à 762,7 millions de tonnes, légèrement en dessous du niveau historique de 2016.
Chez les grands producteurs de blé, les prévisions sont alarmistes. L’Australie table sur une production de blé de 15,5 millions de tonnes, soit une réduction de 4,5 millions de tonnes. Cette faible récolte s’explique par les épisodes de sécheresse qui persistent et ne permettent pas un développement optimal des cultures. Ce qui risque d’influencer les prix des produits dérivés du blé à long terme.
A l’heure actuelle, trois minoteries sont opérationnelles au Burundi, à savoir : Minolacs, Azania et Azam. Par conséquent, la demande en blé est de plus en plus forte. Il est à noter que la consommation du pain (même en milieu rural) est en nette augmentation. Cela devrait inciter les producteurs à investir davantage pour répondre à la demande. En même temps, le rôle du gouvernement est crucial pour piloter l’intensification de cette culture dans les régions de Mugamba et de Bututsi. Pourquoi pas étendre les cultures de blé vers d’autres régions naturelles (Kirimiro, Buragane, Buyogoma, Buyenzi).
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