Société

L’Etat s’active pour ramener les confessions religieuses à l’ordre

Certaines confessions religieuses  sont devenues des terrains de conflits et d’affrontement entre les  fidèles au lieu d’être des repères de la morale qui prêchent le bien. Pour cette raison, le conseil des ministres a proposé des stratégies pour les ramener à l’ordre    

Le conseil des ministres de jeudi  4 mai 2022 déplore le fait que depuis la promulgation de la loi n°1/35 du 31 décembre 2014 portant cadre organique des confessions religieuses, certaines églises, au lieu d’être des repères de la morale qui enseignent le bien sont plutôt devenues des terrains de conflits et d’affrontement entre les  fidèles. «Certains  d’entre ceux-ci vont jusqu’à se rentrer dedans pendant le culte», s’inquiète- t- il.   

Selon  le même conseil des ministres,  les raisons de ces querelles sont diverses. Il s’agit  notamment  de la mésentente sur la gestion des biens de l’Eglise ou entre les organes dirigeants. Certains responsables des églises ne veulent pas quitter leurs fonctions après l’expiration de leur mandat.  Ce qui laisse penser que l’intention de responsables n’est pas une bonne gestion, mais plutôt une gestion qui tend vers  l’appropriation des biens de l’Eglise. 

Certaines églises qui exercent leurs cultes dans les salles de classe, les cabarets, les églises qui ne remplissent pas les conditions minimales de salubrité et d’hygiène, les églises qui ne respectent pas les heures réglementaires d’exercice de culte ou qui font des tapages.

Quand certains responsables des églises se méconduisent

En plus des troubles à l’ordre public causés par certaines églises,  le conseil des ministres a fait remarquer qu’il s’observe la persistance de certains faits qui sont contraires à la loi n°1/35 du 31 décembre 2014 portant cadre organique des confessions religieuses. Ce sont entre autres  les églises qui fonctionnent sans agrément , le trafic des photocopies des ordonnances ministérielles d’agrément ou la falsification des ordonnances d’agrément pour permettre aux églises non encore agréées d’organiser des cultes  et l’implantation des églises sans respecter la distanciation exigée par la loi.  Et d’ajouter  les églises qui exercent leurs cultes dans les salles de classe, les cabarets, les églises qui ne remplissent pas les conditions minimales de salubrité et d’hygiène, les églises qui ne respectent pas les heures réglementaires d’exercice de culte ou qui font des tapages, troublant ainsi la quiétude de la population  et les responsables des confessions religieuses qui abusent de leurs fidèles.

Quid des innovations contenues dans la nouvelle loi ?

Pour inverser la tendance, le conseil des ministres a alors proposé les  innovations  qu’il faut mettre dans la loi en vigueur.  A titre illustratif,  on veut que  l’Organe de Régulation et de Conciliation des Confessions Religieuses qui s’est révélé inefficace soit supprimée.  La fixation des jours, des heures et des lieux de culte a été  suggérée pour permettre aux fidèles de vaquer à leurs activités quotidiennes. Les  confessions religieuses en quête d’agrément  sont obligées de disposer des lieux de culte décents remplissant les normes d’hygiène et construites en matériaux durables.  L’exigence d’un niveau d’étude élevé  jusqu’au niveau baccalauréat  est nécessaire pour les dirigeants des confessions religieuses et des mouvements religieux afin de garantir un meilleur leadership capable de bien orienter les fidèles. 

Pour les confessions religieuses qui fonctionnent sous le régime réglementaire des églises-mères étrangères,  il leur est exigé de conclure un accord- cadre avec le Gouvernement du Burundi. La traçabilité des fonds en provenance des pays étrangers destinés au financement des confessions religieuses est recommandée.  Il a été aussi recommandé de supprimer la disposition qui parle du poste de visionnaire et d’insérer une disposition qui prévoit la mise en place d’un conseil doctrinaire dans les confessions religieuses qui le souhaitent, mais qui ne fait pas partie des organes dirigeants.  L’insertion d’une disposition qui précise que les organes dirigeants sont élus de façon démocratique et se distinguent des titres spirituels et la prévoit les démembrements du comité d’arbitrage pour pouvoir régler les différends jusque dans les succursales si elles existent sont aussi recommandés. 

Dans l’agrément des confessions religieuses, on a proposé de prévoir un agrément provisoire et de ne donner l’agrément définitif qu’après s’être assuré que toutes les exigences ont été remplies.  Dissocier les responsabilités du Représentant Légal et du responsable du culte est aussi une nécessité. Et  le conseil des ministres de préciser que le mandat des organes dirigeants est de 5 ans renouvelable. Au lieu d’interdire à un fidèle d’appartenir à plusieurs confessions religieuses,  le conseil des ministres souhaite lui interdire plutôt d’appartenir aux organes dirigeants de plus d’une confession religieuse. Une autre nouveauté est d’insérer une disposition qui interdit à une personne de se considérer comme Dieu et qui interdit aussi de prêcher l’athéisme. Il faudra aussi prévoir une autre disposition qui autorise les pouvoirs publics à organiser les élections lorsque les organes dirigeants des confessions religieuses refusent d’organiser des élections à la fin de leur mandat.

Notons que le Conseil National des Eglises du Burundi (CNEB) ne se réjouit pas de tout ce qui a été recommandé par le conseil des ministres selon nos confrères de Radio Télévision Isanganiro.   A titre illustratif, Sylvestre Bizimana, secrétaire général du CSEB n’est pas ravi du fait qu’on a proposé que le ministère ayant la gestion des églises dans ses attributions va participer dans l’organisation des élections de nouveaux responsables des églises. Par contre, il demande à l’Etat de permettre au CNEB de participer dans la mise en place des textes régissant les églises.

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A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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