Société

L’extrême pauvreté plombe l’éducation des Batwa

Au Burundi, peu d’enfants issus de cette ethnie peinent à terminer leurs études. La pauvreté reste le premier facteur plombant leur éducation. Unissons-nous pour la Promotion des Batwa (UNIPROBA), une ONG locale militant pour les droits de ce peuple autochtone note des avancées, mais regrette un manque de soutien à l’éducation des Batwa et appellent à plus d’actions en leur faveur    

Les enfants issus de l’ethnie Twa ont du mal à profiter de la « gratuité de l’éducation primaire », une des politiques prioritaires du gouvernement burundais depuis 2007. La question liée aux droits des Batwa en général et à leur scolarisation en particulier ne semble pas avoir focalisé l’attention des décideurs et est restée pendante. La pauvreté qui frappe les ménages des Batwa pèse lourdement sur leur éducation et le résultat des efforts fournis dans le but de trouver des solutions durables reste largement mitigé.

Gervais Ndihokubwayo, chargé des questions liées à l’éducation à l’UNIPROBA : « Plusieurs enfants Batwa abandonnent l’école quand ils arrivent au niveau du post fondamental, car les dépenses deviennent un peu plus élevées ».

 

Le coup de l’éducation reste élevé pour les familles Batwa

Selon Gervais Ndihokubwayo, chargé des questions liées à l’éducation des Batwa à l’UNIPROBA, le coût de l’éducation reste réellement élevé pour de nombreuses familles appartenant à ce groupe social. « La somme demandée ne permet pas à la majorité des enfants Batwa de rester à l’école », affirme ce responsable. Même si les frais scolaires sont officiellement supprimés, l’éducation n’est pas gratuite pour autant.  Plusieurs écoles font payer aux élèves des frais liés à l’achat des bancs pupitres, au paiement des salaires des enseignants vacataires…. Or, toutes ces dépenses viennent s’ajouter à l’arsenal du kit scolaire dont la facture croît au fur et à mesure que l’élève avance de classe.  Face à l’extrême pauvreté dans laquelle ils baignent, la plupart des enfants Batwa finissent par être vomis par un système scolaire qui exige plus qu’ils ne peuvent se procurer. « Plusieurs enfants Batwa abandonnent quand ils arrivent au niveau du poste fondamental car les dépenses deviennent un peu plus élevées », explique Ndihokubwayo. Pour illustrer la situation difficile à laquelle font face ces enfants, il donne l’exemple d’un élève qui n’a aucun soutien de la part de sa famille et qui doit défricher le champ du voisin pour gagner son pain quotidien. 

Des efforts anéantis par le chômage et l’injustice sociale

S’il pointe du doigt un soutien insuffisant à l’éducation des Batwa, Ndihokubwayo reconnait certaines avancées. « Nous n’avons pas encore toutes les données pour cette année qui vient de s’écouler.  Nous constatons cependant une évolution au cours de ces dernières années », indique-t-il. Essayant d’éclaircir ses propos, Ndihokubwayo tiendra notamment à revenir sur les effectifs de ceux qui ont terminé leurs études. 37 Batwa poursuivent leurs études dans différentes universités et plus de 200 ont terminé l’école secondaire. Malheureusement, il déplore le fait qu’aucun de ceux qui ont terminé les études secondaires n’a pu décrocher un emploi jusqu’ici. « Le chômage a également des conséquences graves sur l’éducation des Batwa. Les enfants Batwa qui sont encore au fondamental risquent de perdre le goût de continuer les études », explique-t-il.  D’après lui, les filles sont plus vulnérables, car elles sont condamnées à retourner dans leurs familles d’origine pour s’occuper de la poterie. « Nous ne sommes pas contre ce métier, mais les enfants risquent de ne pas s’accommoder de ce retour à la case départ », s’inquiète le jeune homme.  

Sur un marché de travail très déséquilibré où l’offre est très inférieure à la demande, les Batwa seraient victimes d’un clientélisme sans nom. Ndihokubwayo n’exclut pas une possible spéculation lors des recrutements. « Nos lauréats sont capables de travailler comme les autres. Le problème serait, peut-être, que personne ne plaide pour leur cause », lâche-t-il avant d’ajouter que le non accès à l’information constitue une autre barrière majeure à leur encontre. Selon lui, les réseaux d’information sont restreints pour ce peuple autochtone. 

L’UNIPROBA appelle le gouvernement Burundais et toutes les parties prenantes à travailler en synergie pour soutenir l’éducation des Batwa, en tenant compte de leur précarité financière. Le chargé des questions liées à l’éducation des Batwa au sein de cette organisation propose la mise en place d’une politique claire de scolarisation des Batwa pour trouver des solutions durables.

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A propos de l'auteur

Jonathan Ndikumana.

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3 commentaires
  • NDIHOKUBWAYO GERVAIS dit :

    Amajoro cane Jonathan.Hanyuma ndabashimiye cane kukwitanga nukuri mwakoresheje ngo mushikirize iyi nkuru.Ariko bashaka kubasaba hamwe vyokunda mubishire mukirundi nahone vyofasha cane mwoba mukoze.

  • Amahoro cane Jonathan.Nukuri ndabakengurukiye kukuntu mwitanze mukumenyekanisha iyi nkuru.Hanyuma igisabo canje nukwo hamwe bikunze mwobishira mukirundi naho ,kuko vyofasha cane.Murakoze Imana ibahezagire

  • Mwakoze cane.igisabo canje. Sinziko mwodufasha bikaja mukirundi naho?

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