Dans la municipalité de Bujumbura, l’état des toilettes de certains bistrots est inquiétant. L’hygiène des lieux d’aisance ne constitue pas une préoccupation pour certains propriétaires. A part que c’est dégoutant pour les visiteurs de ces lieux, le risque sanitaire n’est pas négligeable. Le sexe féminin est le plus exposé

Les toilettes de certaines buvettes se trouvant dans la municipalité de Bujumbura sont dégoutantes et présentent un risque accru pour la santé.
Dans certaines buvettes de la municipalité de Bujumbura, les toilettes sont tout simplement dégoutantes. Des odeurs inhabituelles pouvant faire éternuer les gens qui y résistent mal, la vieillesse des installations, le mauvais usage ou le manque d’entretien, plusieurs facteurs rendent ces lieux trop répugnants.
Quelques exemples suffisent pour brosser cette situation combien gênante pour les clients en besoin de se soulager. Coincée dans un coin d’une des petites galeries du centre-ville, un bar offre ses services tout au long de la journée et ses activités se prolongent jusqu’au soir. Cette buvette où est également servi de la nourriture et qui accueille tout un monde de gens ne dispose que de quelques latrines en annexe. Pour se rendre compte de l’état de ce milieu très utile pour la santé humaine, il suffit de s’en approcher.
Une forte odeur envahi l’air et les narines en subissent le choc. Au niveau des toilettes pour hommes, le pavement est inondé, très sale. Les urines coulent par terre. A l’intérieur des latrines, les sièges sont très sales et leur apparence ne laisse aucun doute sur leur vieillesse. Les plus pressés sont néanmoins condamnés à y entrer malgré eux.
Dans les quartiers, il est fréquent de trouver des buvettes avec une seule latrine. Au niveau de la plupart des points de vente de la bière éparpillés dans tous les quartiers de la municipalité de Bujumbura, l’installation des lieux d’aisance n’est même pas une priorité. La latrine familiale sert aussi pour le soulagement des clients. Dans d’autres cas, un cabaret dispose d’une latrine fréquentée par les hommes et les femmes. Cette utilisation commune vient aggraver les risques de contracter des maladies, en l’occurrence l’infection urinaire.
Les femmes, les plus exposées…
Le mal n’est pas imaginaire, mais réel. Des femmes et des filles de tout âge attrapent les infections urinaires. Malheureusement, toute maladie qui touche l’appareil génital est synonyme de tabou au Burundi. Ce qui peut compliquer la situation pour les femmes qui en sont victimes. J.N, une jeune fille de 25 ans s’est confiée à nous. Elle travaillait dans une buvette dans la province Muyinga quand elle fut victime d’une infection urinaire. « J’ai déjà souffert d’une infection urinaire et je l’ai contractée sur une toilette à siège », affirme-t-elle. J.N découvrira plus tard que ses amies de chambres, serveuses dans un cabaret où elle travaillait elle-même comme gérante, avaient contractée cette maladie un peu avant tout en la dissimulant. « Mes deux amies m’ont dit plus tard qu’elles l’avaient contractée dans les toilettes du cabaret », explique-t-elle avant d’ajouter qu’elle ne s’est pas fait soigner. Selon cette fille, la maladie a disparu d’elle-même. « Je ne suis pas allée voir le médecin, mais je suis guéri je ne sais pas par quel miracle », soupire-t-elle, pensive. Pour elle, les toilettes des cabarets sont toujours dangereuses.
Une autre femme qui prend de l’âge rencontrée dans l’un des cabarets du centre-ville de Bujumbura pense qu’on ne peut pas faire autrement. Enveloppée dans son boubou de couleur mauve avec son sac à main sur l’épaule, cette femme sort des latrines. Elle ne veut pas faire beaucoup de commentaires sur l’état de ces lieux. « C’est sale et dégoutant », réagit-elle, la mine renfrognée. Pour elle, il faut poser la question au propriétaire du cabaret. Cette femme pense que le risque d’être contaminée est élevée.
De la gravité de la maladie
Dr Olivier Nsengiyumva déconseille la fréquentation d’une même toilette a siège par les femmes et les hommes. Il affirme que cela accroit le risque d’attraper une infection urinaire, surtout pour les femmes. Le Dr Nsengiyumva n’est pas revenu sur les modes de transmission de cette maladie, mais s’est appesanti sur le risque de complication en cas de contamination, et donne des conseils. Il rappelle que les infections urinaires basses peuvent, en cas de retard thérapeutique, évoluer vers une infection urinaire haute, c’est-à-dire touchant les reins. Plusieurs autres sources spécialisées dans le domaine de la santé affirment que les infections urinaires graves vont jusqu’à provoquer un accouchement prématuré chez les femmes enceintes.
Ce professionnel de la santé conseille aux propriétaires des buvettes et d’autres espaces publiques de séparer les toilettes pour hommes et pour femmes et recommande de garder ces lieux propres. Pour les femmes, il est indispensable de laver leur appareil génital après le petit besoin avec de l’eau propre.
De toutes les façons, l’hygiène dans les lieux d’aisance des espaces publics devrait focaliser l’attention des décideurs. Cela pour promouvoir la santé publique.
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