La promotion de l’inclusion financière des femmes constitue un enjeu majeur en raison de son impact sur l’accumulation des actifs économiques par les ménages ainsi que sur l’accroissement du bien-être des ménages. Malheureusement, d’après les résultats d’une recherche récente, les femmes sont minoritaires voire exclues des circuits permettant l’accès aux services financiers
La recherche s’intitule « Inclusion financière et bien-être des ménages au Burundi : quelle dynamique genre ? ». Elle a ciblé les ménages tenus par les hommes et ceux tenus par les femmes. C’est une recherche qui a été faite par quatre chercheurs dont un Burundais et financée par Africa Economic Research Consortium (AERC) en partenariat avec CURDES.
« La spécificité de cette étude est de montrer que la dynamique de l’inclusion financière chez la femme dans la réduction de la pauvreté est évidente », a expliqué Gilbert Niyongabo, président du CURDES.

Gilbert Niyongabo, président du CURDES : « La réduction de la pauvreté est associée à l’inclusion financière chez la femme. Le fait que la femme soit exclue alors qu’elle est dans les mêmes conditions que les hommes est un phénomène qu’on doit identifier comme une exclusion financière à laquelle il faut vraiment remédier ».
L’agent mobile, plus convoité que les autres circuits classiques
L’inclusion financière est l’accès aux services financiers notamment l’accès à l’ouverture d’un compte et aux crédits financiers. La recherche a montré que le taux d’inclusion financière des femmes est autour de 4% dans les banques et les microfinances. Cependant, avec le développement de la digitalisation financière, il y a 30% des femmes qui ont accès à l’argent mobile. Trois femmes sur cinq ont déclaré avoir accès à un compte d’argent mobile contre une femme sur cinq ayant accès à la microfinance ou à la banque.
La possession d’un compte d’argent mobile a eu un grand impact plus important sur le bien-être des femmes que la possession d’un compte bancaire, révèle la recherche.
Le président du CURDES attribue cette inégalité au fait que les banques et les microfinances, l’accès aux services financiers est cautionné par des garanties. Et comme dans la tradition burundaise, la succession est toujours à la portée des hommes.
Qu’elles travaillent à la maison ou à l’extérieur, qu’elles soient employées ou indépendantes, l’inclusion financière fournit aux femmes les outils pour accumuler des biens, générer des revenus, gérer les risques financiers et participer pleinement à l’économie.
Une utilisation accrue des services financiers par les femmes a des répercussions directes sur les perspectives de développement, ainsi que sur le développement lui-même, avec notamment une croissance plus inclusive, grâce à l’augmentation des investissements productifs et à l’accroissement de l’accumulation des actifs. Dans les ménages, la femme est souvent le principal gestionnaire financier de la famille. Elle épargne pour investir ultérieurement, pour protéger sa famille, assurer l’avenir de ses enfants, et elle exploite au maximum les revenus souvent faibles et irréguliers du ménage pour subvenir aux besoins du quotidien. «La réduction de la pauvreté est associée à l’inclusion financière chez femme. Le fait que la femme soit exclue alors qu’elle est dans les mêmes conditions que les hommes est un phénomène qu’on doit identifier comme une exclusion financière à laquelle il faut vraiment remédier», indique Niyongabo.
Sur base des résultats, les chercheurs recommandent aux décideurs politiques d’iintroduire des réglementations qui autorisent des formes de garantie alternatives et le crédit-bail, pour surmonter les contraintes qui empêchent les femmes de constituer des actifs. Ils proposent notamment d’établir un cadre pour garantir que les opérateurs d’argent mobile constituent une petite structure de prêt. Cela encouragera davantage les femmes à s’intégrer financièrement et améliorera leur accès au crédit.
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