En 2007, le gouvernement s’est doté d’une Politique Nationale d’Habitat et d’Urbanisation (FNHU). Le but était d’assurer un habitat décent à toutes les couches de la population. Ladite politique venait inverser la tendance, car l’attention était accordée jusqu’alors aux seuls fonctionnaires de l’Etat. Ainsi, l’objectif était de construire 26 000 unités de logement sur 855 ha à l’horizon 2020. Le constat est que cet objectif est loin d’être atteint. Malgré la mise en place d’un fonds spécifique pour la promotion de l’habitat urbain, la problématique de logement dans les agglomérations demeure une préoccupation. Il serait prématuré d’affirmer que cette politique n’a pas atteint les résultats escomptes.

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En 2017, le gouvernement a passé à la vitesse supérieure pour venir à bout de la problématique de l’accès à l’habitat urbain. Les responsables de la Société Immobilière Publique (SIP) ont enclenché un processus de partenariat pour le financement des logements sociaux en milieu urbain au Burundi. C’est ainsi qu’un mobilisateur de fonds international basé en Asie dénommé « Biz Planners And Advisers Limited » a été retenu. A terme, la SIP devrait bénéficier d’un emprunt de 500 millions d’euros remboursable en 25 ans. Le décaissement de ces fonds se fait toujours attendre. D’ailleurs, aucune communication n’a été faite sur la suite du dossier. Mais « tout vient à point à celui qui sait attendre », dit-on.
L’aménagement du territoire reste un véritable défi. Les maisons poussent comme des champignons un peu partout dans la capitale économique. Les constructions y sont érigées dans l’ignorance absolue des normes de construction. Les services d’urbanisme sont souvent pointés du doigt pour manque de suivi des travaux de construction. La viabilisation des parcelles à bâtir fait parfois défaut. Et le plan directeur de la ville qui devrait guider les investisseurs dans le secteur du bâtiment n’est pas suivi. L’espoir que la ville de Bujumbura devienne un pôle dynamique au cœur de l’Afrique à l’horizon 2045 s’amenuise. Le plan directeur innovant Bujumbura 2045 demeure lettre morte d’autant plus qu’il n’est pas suivi à la lettre.
Dans un contexte de morosité économique, il est difficile pour les particuliers de mobiliser des fonds pour construire des logements décents. Les revenus stagnent ou baissent. La dépréciation du FBu par rapport au dollar qui s’accentue et l’inflation qui atteint des niveaux record bloquent la concrétisation des politiques de logements. Par conséquent, chacun se débrouille pour avoir un chez soi. Les prix du loyer sont fixés arbitrairement sans aucun critère objectif. Les habitants à revenus faibles migrent vers la périphérie de la ville pour minimiser les charges. Parallèlement, la population urbaine augmente au jour le jour. L’exode rural s’amplifie dans les grandes agglomérations. Il s’agit-là d’une bombe à retardement si on n’arrête pas des stratégies concrètes pour inverser la tendance. Le chemin est encore long pour doter à la majorité de la population d’un logement décent.
La retraite gouvernementale tenue à Ngozi cette semaine s’est penchée notamment sur la question relative à l’aménagement du territoire et à l’urbanisme. Les pouvoirs publics doivent collaborer avec les investisseurs tant nationaux qu’étrangers pour apporter des réponses adéquates à la problématique du logement à l’échelle nationale.
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