Les chiffres de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) de l’ISTEEBU font état d’une variation moyenne annuelle des prix des produits de santé dont les produits pharmaceutiques très importante. Une double peine pour les patients souffrant des maladies chroniques qui doivent prendre quotidiennement des médicaments qui sont chers par rapport aux autres médicaments ou qui sont introuvables sur le marché local
« Les prix des médicaments pour les maladies chroniques sont exorbitants si on tient compte du niveau de vie des malades », fait savoir Georges Ncutinumukama, sécrétaire et comptable du Cadre d’Expression des Malades du Burundi (CEMABU). Ils expliquent que les médicaments des maladies chroniques ne sont presque pas disponibles sur le marché local. Au CEMABU, ils justifient cette carence par la crainte des pharmaciens d’importer ces médicaments. Ceux qui en ont la capacité vont trouver directement les médicaments à l’étranger.
Le Secrétaire de CEMABU déplore également que ces médicaments ne sont pas assurés par la Mutuelle de la Fonction Publique (MFP). Il indique que même la MFP n’importe pas ces médicaments à cause de leur cherté. La CEMABU demande à l’Etat de se convenir avec la MFP afin de constituer un stock de médicaments pour toutes les maladies chroniques. « Franchement, les patients à faible revenu ne parviennent pas à se procurer ces médicaments »
La raison de cette cherté est expliqué par Désiré Bizimana, président de l’ordre des pharmaciens du Burundi (ONPB). Il explique que suite à la pandémie de Covid-19 puis à la guerre en Ukraine, le coût de transport des marchandises a grimpé. Un kilo de marchandises qui était transporté avant à 3 USD, il est aujourd’hui à 6,12 USD. Ce qui influe sur le prix au détail.

Certains médicaments pour traiter les maladies chroniques restent introuvables sur le marché.
Une spéculation se cache derrière la hausse des prix des médicaments
Une autre raison qui est donnée par le président de l’ONPB est la spéculation qui prévaut dans le secteur des médicaments. Il explique qu’avec ces soucis de transports et de manque de devises, la quantité des médicaments qui étaient auparavant importée a diminué alors que les pharmacies augmentent exceptionnellement. La quantité de médicaments qui est importée ne peut donc pas satisfaire toutes les pharmacies. Ce qui fait que ceux qui n’ont pas été servis vont acheter les médicaments à d’autres pharmacies. Il arrive alors qu’un médicament transite entre trois pharmacies et chaque pharmacie ajoute sa marge bénéficiaire. Ce qui fait que le médicament arrive dans les mains du malade avec une part qu’il ne devrait pas payer s’il l’avait obtenu dans la première pharmacie. «Il y a du désordre dans la commercialisation des médicaments dans notre pays »
« J’ai vu le prix de mon médicament augmenter de plus de 60%… »
Pour essayer de comprendre la situation des malades souffrant de maladies chroniques, nous plongeons dans le quotidien de Rose, une sexagénaire, enseignante à une école fondamentale de Bujumbura. Elle explique que ça fait plus de vingt ans qu’elle souffre de diabète. Depuis, le jour où elle a commencé à s’injecter l’insuline, elle a vu son prix à augmenter de plus de 60% au moins pendant les dix dernières années ».
« Il est arrivé à un moment où je n’arrive pas à m’en procurer quotidiennement surtout quand nos enfants commençaient l’université. Mon salaire et celui de mon mari, lui aussi fonctionnaire de l’Etat, ne parvenaient pas à couvrir toutes les charges du ménage et nous étions crevés de dettes », confie-t-elle.
Suite à cela, elle indique qu’elle s’est fait hospitaliser plusieurs fois et son état de santé a dégringolé. A côté des médicaments, les patients souffrant de maladies chroniques doivent suivre un régime alimentaire stricte. Cette condition a constitué le talon d’Achille pour Rose. « Suivre un régime alimentaire strict est un luxe que je ne peux pas m’offrir », murmure-t-elle.
Cependant, elle précise qu’aujourd’hui, elle s’est nouée d’amitié avec une pharmacie où elle peut prendre un médicament et le rembourser petit à petit. « Je suis leur cliente de longue date, ils savent que je peux rembourser quand je peux », dit-elle. Mais, elle affirme que cette chance n’est pas donner à tout le monde.
Le président de l’ordre des pharmaciens indique que la situation pourrait même s’empirer avec l’introduction de la nouvelle taxe sur les produits importés. Ainsi, l’article 80 de la loi des finances 2022-2023 stipule qu’il est opéré une redevance de sûreté de 1,15% de la valeur des importations sur les marchandises importées. Les médicaments ne sont pas épargnés. Pour le mois de mai, la variation moyenne annuelle des prix produits de santé est estimée à +32,6%. Elle est de +29,7% pour le mois de juin par rapport à l’année dernière.
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