Au marché de Ruvumera, ce n’est qu’à l’étage qu’est réservée la vente des vêtements de seconde main. Mais au rez-de-chaussée, les vendeurs ambulants foisonnent. Ce que les commerçants ne voient pas d’un bon œil
Nous sommes mardi le 21 septembre 2021. Il est 9 h à Bujumbura la capitale économique. A bord d’un Tuktuk, nous empruntons l’avenue de la Santé jusqu’à la jonction avec l’avenue Rwihinda. Nous voici au marché de Ruvumera (zone Buyenzi). Le soleil rayonne et le vent souffle dans tous les sens de cet édifice en étage. L’entrée la plus fréquentée est celle de l’Est. Elle est directement connectée à l’espace non occupé par des échoppes. Pour y arriver, des personnes doivent faire attention pour ne pas se faire percuter par des véhicules. Avant d’entrer, nous passons près d’un vieux bidon noir rempli d’eau pour laver nos mains afin de limiter la propagation de la Covid-19. Mais peu de personnes sont préoccupées par le lavage des mains. Et le commerce proprement dit commence autour de ce récipient. Les habits de seconde main sont posés à même le sol. Les clients n’ont qu’à choisir les vêtements qui leur semblent beaux. A cause de ce mouvement, se frayer un passage devient tout un combat. Même la cour intérieure est quasiment saturée.
Dès l’entrée jusqu’au fin fond du marché, les marchands ambulants pullulent. Ils transportent sur eux des marchandises, principalement des vêtements de seconde main. Ils se ruent sur chaque personne qui passe près d’eux pour lui proposer leurs articles. Un client qui a besoin d’un habit n’est pas obligé de monter à l’étage où il y a un espace réservé exclusivement à la vente des vêtements. Il est fort probable qu’il trouve ce dont il a besoin chez ces vendeurs ambulants, car ils ont presque tout. Ils circulent toute la journée dans cette espace d’environ 80 mètres de long au même titre que les clients. A part les habits de seconde main, les vendeurs ambulants ont également d’autres articles comme les chaussettes, les chapeaux, etc. Cette partie est tellement bondée de personnes à tel enseigne que les commerçants d’à côté ont du mal à négocier aisément avec leurs clients potentiels.

Même si les vendeurs ambulants sont un secret de Polichinelle, ils ne sont pas reconnus légalement au marché de Ruvumera.
Les commerçants des vêtements s’en prennent aux vendeurs ambulants
Des commerçants qui ont préféré garder l’anonymat révèlent le problème auquel ils font face. Après la réhabilitation du marché de Ruvumera en 2008, il était convenu que le commerce des vêtements se fasse exclusivement à l’étage. Mais dans ces dernières années, il y a beaucoup de vendeurs ambulants qui travaillent au rez-de-chaussée de ce marché. Les commerçants et les vendeurs ambulants, s’approvisionnent tous chez les mêmes grossistes. Mais les vendeurs ambulants se baladent à l’intérieur du marché en attendant les clients tandis que les commerçants doivent rejoindre leurs places respectives. Les produits des vendeurs ambulants sont moins chers, car ils ne paient pas de taxes contrairement à d’autres commerçants qui sont en ordre avec le fisc et la mairie. Et les clients préfèrent des vêtements bon marché. Ce qui constitue une concurrence déloyale.
Les commerçants des vêtements affirment avoir évoqué ce problème à plusieurs reprises au commissariat du marché, mais que rien n’est fait jusqu’aujourd’hui. Il parait qu’il y a une main invisible dans la gestion de cette affaire. Le marché est bien outillé pour se débarrasser de ces intrus. Il y a des agents de sécurité, même la police peut intervenir en cas de besoin. La meilleure solution est que ces vendeurs ambulants soient exclus du marché pour éviter cette concurrence déloyale. Les commerçants paient en tout des taxes d’environ 45 000 FBu chaque mois sans oublier la taxe forfaitaire de l’OBR. Si cette situation persiste, ils affirment qu’ils seront incapables de s’en acquitter.
Le commissaire du marché s’exprime
Le marché de Ruvumera est l’un des grands « approvisionneurs » d’autres marchés de Bujumbura en matière des vêtements de seconde main d’après Léonidas Minani, commissaire dudit marché. Pour lui, il est difficile de différencier les commerçants qui s’approvisionnent pour aller vendre ailleurs et les autres qui restent sur place. Il y a ceux qui font semblant de partir, mais qui restent pour profiter des clients alors qu’ils n’ont pas de places dans ce marché. « Pour faire face à cela, il faut que les commerçants qui sont en ordre avec le fisc nous aident à connaître les intrus, car ils se côtoient à longueur de journées. Pourtant, nous avons appris que parmi les vendeurs ambulants, il y a des intermédiaires des commerçants. Nous ne pouvons pas combattre ce problème sans la contribution effective des commerçants. », indique M. Minani.
Pour remédier à cela, le commissariat du marché a essayé de mettre en place une stratégie visant à faire payer aux vendeurs ambulants 1000 FBu par jour. Actuellement, il reconnait au plus 60 vendeurs ambulants, mais il est difficile de les différencier avec ceux qui ne s’acquittent pas de cette somme. Raison pour laquelle ces derniers sont toujours nombreux. A titre informatif, sur plus de 2300 places dont dispose le marché de Ruvumera, celui-ci collecte entre 47 millions de FBu et 48 millions de FBu par mois.
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