Transport

Mariage SOBUGEA-Air Burundi : est-il possible ?

Dans le monde entier, jusqu’à 4,8 millions d’emplois dans l’aviation pourraient être perdus d’ici le début de l’année prochaine, soit une réduction de 43% par rapport aux niveaux d’avant Covid-19. Au Burundi, le secteur est en train d’innover malgré la menace mondiale liée à la Covid-19. Une commission ad hoc sur la fusion d’Air Burundi et de SOBUGEA a été désignée par le chef de cabinet du premier ministre au mois de septembre. Les syndicalistes de la SOBUGEA contestent depuis longtemps la fusion de ces deux sociétés. Quelques éléments d’inquiétudes

D’après une récente étude réalisée par Air Transport Action Group (ATAG) jusqu’à 4,8 millions d’emplois dans l’aviation pourraient être perdus d’ici le début de l’année prochaine, soit une réduction de 43% par rapport aux niveaux d’avant la Covid-19.

«Lorsque vous étendez ces effets à tous les emplois que l’aviation prendrait normalement en charge, 46 millions d’emplois sont menacés», stipule l’étude.

Il incombe absolument aux gouvernements de faire tout ce qu’ils peuvent pour aider le secteur à se remettre sur pied. Cela afin de ramener ces emplois et cette activité économique.

D’après « La crise du transport aérien provoque une hécatombe de suppression d’emplois », un article publié par Radio France Internationale (RFI), le trafic a été divisé par deux par rapport à l’an dernier. Il ne retrouvera pas le niveau de 2019 avant 2024. Impossible de conserver une main d’œuvre inoccupée pendant des années. L’hécatombe va donc continuer.

Le document « analyse critique d’une note de présentation d’une proposition de fusion SOBUGEA-Air Burundi » estime Air Burundi comme une société en faillite dans son activité principale qui est le transport aérien.

« Aujourd’hui, même les compagnies américaines annoncent des plans de licenciements drastiques. Dix-neuf mille emplois en moins pour American Airlines, 13 500 pour United Airlines. Des décisions dramatiques qui peuvent encore être annulées, repoussées, seront annulées si le congrès trouve un accord sur une nouvelle subvention de 25 milliards USD destinée au secteur », énonce l’article.

Et de continuer : « Au total 100 000 postes sont menacés aux Etats-Unis et 50 000 en Europe. Selon l’organisation Air Transport Action Group qui a sonné l’alarme, quatre millions 800 mille emplois pourraient avoir disparu au début de l’année 2021 au cœur de l’activité aérienne, c’est-à-dire dans les compagnies, les aéroports et l’industrie aéronautique ».

Vers la création d’une nouvelle société aéronautique au Burundi

Au Burundi, la situation est autre chose et une nouvelle société aéronautique tend à se créer. Le 29 septembre 2020 une fusion de deux sociétés œuvrant dans le secteur de l’aéronautique a été envisagée. L’objet de celle-ci  est  la  «désignation des membres de la commission ad hoc chargée de la fusion d’Air Burundi et de SOBUGEA». Une copie pour cinq ministres a été faite, notamment le ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique, le ministre des Finances, du Budget et de la Planification Economique, la ministre de la Justice, la ministre du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme, le ministre de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi.

Les syndicalistes inquiétés

En octobre 2019, le Syndicat de base des travailleurs de la Société Burundaise de Gestion des Entrepôts et Assistance des Avions en Escale (SOBUGEA) à l’aéroport Melchior Ndadaye a envoyé  deux documents aux deux chambres du parlement pour contester la fusion SOBUGEA-Air Burundi.

Ces documents sont l’avis juridique  sur l’audit d’Air Burundi étendu à la SOBUGEA et l’analyse critique d’une note de présentation  d’une proposition de fusion des deux sociétés.

Signée par cinq personnes, une lettre de transmission appelle au respect de la loi et de la bonne gouvernance.

Cependant, parmi les défis relevés, l’avis juridique  se base sur le rapport d’audit du 11 juillet 2019. Il évoque des scénarios possibles cachés dernière la fusion SOBUGEA-Air Burundi.

La première étape évoque la phase préliminaire à une privatisation comme étant le seul moyen de sauver Air Burundi.

Deuxièmement, une fois la fusion opérée, indique l’avis juridique, la nouvelle entité absorberait l’entièreté des activités de la SOBUGEA.

Troisièmement, la nouvelle entité ouvre son capital à des investisseurs privés. 90% des actions d’Air Burundi détenues dans la SOBUGEA seront vendus aux nouveaux investisseurs.

Quatrièmement, il sera difficile pour la nouvelle entité de démarrer l’activité de transport aérien. Depuis le 5 septembre 2009 par exemple, Air Burundi n’exerce pas son activité de transport suite au manque d’aéronefs. De plus, depuis 2007, la survie d’Air Burundi est assurée par la SOBUGEA sous forme de versement de dividendes…

Quant au document « analyse critique », il estime Air Burundi comme une société en faillite dans son activité principale qui est le transport aérien.

La SOBUGEA par contre, signale ce document, elle est une société qui génère annuellement 1 milliard de FBu.

En plus des dividendes en termes de milliards de FBu distribués à l’Etat via Air Burundi (90%) et d’autres actionnaires dont SOCABU (5%) et SABENA (5%), SOBUGEA contribue dans l’économie du pays en payant les impôts et les taxes à hauteur de plus de 500 millions de FBu par an.

Fusionner donc SOBUGEA et Air Burundi remettrait en cause toutes ces contributions et ferait tomber en la SOBUGEA.

L’avis juridique souligne que la fusion de SOBUGEA et Air Burundi a été évoquée depuis 2007 dans le document intitulé « Voies et moyens de la restructuration d’Air Burundi et de la SOBUGEA.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

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