Si elle est soutenue par son conjoint, la femme participe activement au développement des familles et du pays. Cela malgré les barrières socio-culturelles qui défavorisent son épanouissement. Burundi Eco ouvre un dossier sur les barrières socio-économiques qui bloquent l’épanouissement de la femme. Cela par une interview avec la représentante légale de l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi (AFRABU), une association qui œuvre pour la promotion des droits de la femme et la consolidation de la paix à travers les différentes actions à intégration socio-économique, notamment l’autonomisation de la femme
Selon Godeliève Manirakiza, représentante légale de l’Association des Femmes Rapatriées du Burundi (AFRABU) depuis 2002, l’association s’active à aider la femme à bien gérer et à rentabiliser les ressources de la famille et à initier des Activités Génératrices de Revenus (AGRs). Cela à partir de leurs propres épargnes.
« Pour que cela soit possible, nous renforçons les capacités de la femme en gestion de crédits et de projets ainsi que l’accès facile aux capitaux », explique-t-elle.
Mme Manirakiza informe que l’AFRABU forme et accompagne les femmes qui font le commerce transfrontalier dans la gestion des affaires. Elle renforce leurs capacités dans l’élaboration des plans d’affaires et les amène à exercer leurs activités dans le formel.

Les groupements et les coopératives des femmes sont crédibilisés par les IMFs. Ce qui facilite leur accès aux crédits.
La culture et les mœurs, des barrières à ne pas détruire
Pour favoriser l’accès de la femme aux crédits, la représentante légale de l’AFRABU indique que l’association collabore avec les groupements et les coopératives des femmes.
Ceux-ci sont crédibilisés par les Institutions de Microfinance (IMFs) qui les estiment bien préparés pour contracter et gérer les crédits.
Mme Manirakiza indique que l’association qu’elle représente encadre les communautés dans la gestion de la production via les hangars de stockage communautaire, parfois dotés de moulins. Avec ceux-ci, les récoltes sont stockées et vendues au moment opportun et à un bon prix.
Ce type de gestion de la production favorise l’émergence d’un cadre d’échange, de renforcement de capacité mutuelle, de cohésion sociale, de développement des chaines de valeur… Ce qui amène les femmes à être productives.
Toutefois, cela peut être bloqué par les barrières socio-culturelles, surtout les mœurs et la culture. Celles-ci sont des atouts qu’on ne peut pas détruire.
« Dans notre tradition, l’homme a été toujours considéré comme supérieur à la femme et aux enfants. Cependant, donner sa contribution dans la famille en tant qu’homme ne signifie pas annihiler son respect. C’est plutôt un atout pour produire plus », rappelle Mme Manirakiza.
Pourtant, fait-elle remarquer, les femmes sont aussi capables.
Par ailleurs, l’idéal est que la recherche et la gestion des biens de la famille doivent se faire conjointement. Mme Manirakiza signale qu’il faut éduquer un enfant dès le bas âge à la bonne gestion des biens de la famille de peur qu’à la mort des parents, celui-ci ne considère pas les biens familiaux comme une opportunité pour s’épanouir. Ce qui occasionne leur gaspillage.
C’est dans ce cadre, souligne Mme Manirakiza, que l’AFRABU se base sur la psychologie des couples afin de les inciter à faire le travail à la chaîne. Le couple doit communiquer, collaborer et planifier ensemble les projets familiaux.
D’après elle, les hommes sont sensibilisés sur la façon d’épauler leurs épouses dans les travaux champêtres et dans le commerce.
Mme Manirakiza rappelle que la création des richesses par la femme ne doit pas nuire à la vie du ménage. Elle reconnait que dans le temps, les femmes qui pratiquaient le petit commerce transfrontalier cachaient leurs revenus. Les maris le faisaient à leur tour dans les ménages. «Des sessions entre les femmes et leurs époux ont été organisées pour minimiser voire éradiquer ces pratiques. Maintenant, ils ont compris le bien fondé de collaborer dans la famille », confirme-t-elle.
Se marier étant à l’université, une des entraves à l’autonomisation de la femme
Mme Manirakiza certifie que lorsqu’une étudiante se marie c’est un choix. Et de renchérir : « La fille est majeure et chacun choisit comment orienter sa vie ».
Par contre, elle déplore que cette situation peut contribuer à la dépendance vis-à-vis de son mari. D’où elle conseille de penser dans de tels cas à la création d’une AGR.
L’AFRABU appuie environ 52 coopératives des femmes faisant le petit commerce transfrontalier et plus de 200 groupements au sein des communautés évoluant vers les coopératives.
Cet article a été réalisé dans le cadre du projet Tuyage financé par USAID et mis en oeuvre par Search For Common Ground.
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