Selon les récentes statistiques du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage de 2024, Bujumbura est la ville la plus peuplée avec 3 353 555 habitants, suivie de Gitega avec 2 118 551 habitants, respectivement capitales économique et politique du pays.
Cette croissance démographique, observée d’année en année, est inégalement répartie : une grande partie de la population vit désormais dans les quartiers périphériques. Certains y voient une aubaine, notamment en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre. D’autres, en revanche, perçoivent cette situation comme une menace évidente. Une ville surpeuplée, si elle n’est pas bien urbanisée, peut en effet devenir victime de graves problèmes environnementaux.

Mélance Maniragaba, rédacteur en chef adjoint.
Bujumbura, bien que relativement urbanisée, souffre des conséquences des constructions anarchiques, surtout dans les quartiers périphériques, parfois sous le regard passif de l’administration locale. Cette dernière semble dépassée, voire impuissante face à l’ampleur du phénomène. Les services d’urbanisme rappellent pourtant régulièrement, à travers des communiqués, qu’il est obligatoire de solliciter l’avis des services techniques avant toute construction. Peut-être cela se fait-il, mais cela n’empêche pas que de nombreuses imperfections se fassent constater sur les chantiers.
Plus inquiétant encore : les services de la Regideso installent sans hésiter des tuyaux de distribution d’eau potable et des poteaux électriques dans ces zones non viabilisées, alors qu’ils devraient normalement suivre un plan urbanistique rigoureux, et non précéder les constructions.
Les habitants de ces zones sont ainsi exposés à des risques croissants d’inondations, de plus en plus graves et incontrôlables.
Plus alarmant encore, la question de l’assainissement. La majorité des ménages ne sont pas connectés aux stations d’épuration, dont la capacité reste largement insuffisante face au développement des agglomérations. La station d’épuration des eaux usées est quasi-inexistante dans la ville de Gitega. A Bujumbura, tandis qu’une petite portion de la ville bénéficie d’un raccordement à la station d’épuration des eaux usées de Buterere, certains ménages disposant de fosses septiques font appel à des camions citernes pour les vidanger. D’autres, dépourvus de tout système d’évacuation des eaux usées et de caniveaux, font appel à des plongeurs improvisés qui se débrouillent comme ils peuvent pour canaliser les déchets.
Certes, les autorités tentent de multiplier les initiatives pour remettre de l’ordre dans ce secteur. Cependant, les statistiques ne renseignent pas clairement sur le nombre de contrevenants réellement identifiés ou sanctionnés.
On ne peut pas freiner le développement d’une ville. Mais si ce développement n’est pas accompagné par la rigueur des services d’urbanisme, les dégâts ne feront que se multiplier.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.