« Quand un homme a prouvé qu’il a du talent, il lui reste à prouver qu’il sait s’en servir ». Cela est une citation de Jules Renard, extrait du Journal (1908) qui s’applique à Louis Nicobaharaye, un quinquagénaire plein de talents dans le métier de peintre. Il nous parle un tout petit peu de l’importance de cet art hérité de son père
« J’ai commencé le métier de peintre en 1985 à l’âge de 22 ans. Je l’ai hérité de mon père qui était un grand peintre dans la ville de Bujumbura », fait savoir M. Nicobaharaye. En plus de cela, il affirme qu’il n’a pas appris cet art à l’école, plutôt c’est son père qui l’a formé. Il l’accompagnait de temps en temps au boulot (à Bujumbura comme à l’intérieur du pays) dans le but d’apprendre de lui certaines techniques de peinture. « Ce qui me motivait beaucoup plus c’est que mon père m’encourageait. Il voyait en moi un potentiel successeur. Même s’il n’est plus, je reconnais qu’il a forgé ce que je suis aujourd’hui, car je vis grâce au métier de peintre », martèle-t-il. Son travail consiste à écrire et/ou dessiner sur les pancartes, les murs, les véhicules, les panneaux publicitaires, les tableaux, etc.

Louis Nicobaharaye souhaite transmettre son talent de peintre dans sa progéniture.
Les défis ne manquent pas
Les outils utilisés dans le métier de peintre sont notamment, la peinture, les pinceaux, les rouleaux, les craies, les crayons, les gommes, la poudre du charbon de bois, la règle graduée, etc. Mais, au fil des années, le prix de ces matériels ne cesse d’augmenter. Par exemple, un demi-litre de peinture blanche coûte 12 000 FBu alors qu’il coûtait 2000 FBu il y a 20 ans. Et la peinture rouge, bleue, jaune, beige… coûte 16 000 FBu contre 3000 FBu en 2002.
Un autre problème que les peintres rencontrent est que les produits dont ils ont besoin ne sont pas trouvables partout dans le pays. Quand ils vont travailler à l’intérieur du pays, ils doivent se munir de tous les matériels nécessaires. Sinon ils risquent d’avoir des problèmes. Ils n’ont pas où s’approvisionner. L’essentiel est de se préparer en conséquence. La pluie aussi ne les arrange pas. Quand il pleut, ils ne peuvent pas continuer à travailler. Même quand la pluie cesse de tomber, ils sont obligés d’attendre au moins une heure jusqu’à ce que le panneau ou la pancarte s’assèche. « Et cela peut nous causer des problèmes avec ceux qui nous sollicitent car les peintres risquent de ne pas obéir les délais d’exécution des tâches qu’on leur a confié », indique M. Nicobaharaye.
A part tout cela, il y a un autre défi qu’on ne peut pas ignorer. Avant 2015, il y avait beaucoup de projets financés par des organisations internationales et, en conséquence, Nicobaharaye affirme qu’il ne pouvait pas passer une semaine sans réaliser une tâche de peinture pour un prix intéressant. Mais, actuellement, il peut même passer deux à trois semaines sans rien faire. Malgré tout, il y a un brin d’espoir vu que le Burundi est en train de renouer les relations diplomatiques avec l’Union Européennes et les autres partenaires. Il espère que son métier retrouvera le même dynamisme que celui d’il y a dix ans.
Après une trentaine d’années d’expérience, le rendement est positif
« Le métier de peintre est ma vie et je propose à mes enfants de l’hériter comme je l’ai fait pour mon père. Et j’ai confiance en deux de mes fils. Ils se débrouillent superbement bien avec le pinceau », indique-t-il. Après 37 ans d’expérience, il a travaillé pour différentes sociétés dont la Brarudi, DMCO Burundi et l’ancien GTZ sans oublier les particuliers qui lui font confiance du jour au jour.
Il indique qu’il est marié grâce aux revenus tirés du métier de peintre. C’était en 1992. Avec sa femme, ils ont eu cinq enfants et, ces derniers ont fréquenté l’école. Maintenant, certains d’entre eux sont adultes et commencent à fonder leurs propres foyers. En plus de cela, au début des années 1990, il s’est acheté une voiture. Mais ce qui est très important c’est qu’il a pu acheter une parcelle à Kanyosha et y a érigé une maison dans laquelle il habite jusqu’aujourd’hui.
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