La commune Mishiha de la province Cankuzo enregistre des flux migratoires à grande échelle. Les rapatriés et les habitants des autres provinces sont attirés par la fertilité des sols. Les officiels affirment que 60% des habitants de ladite commune proviennent des autres provinces du pays
Depuis un certain temps, la commune Mishisha accueille des déplacés internes. Ce sont principalement des rapatriés qui s’établissent dans cette localité. D’autres viennent des provinces telles que Kirundo, Muyinga ou encore Kayanza réputée surpeuplée.
La commune compte plus de 140000 habitants dont 60% sont des migrants internes. Ce phénomène est accentué par le retour massif des refugiés en provenance du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie. Au cours du premier semestre de l’année 2021, la commune a accueilli 224 ménages rapatriés. « Les rapatriés se renseignent auprès des personnes déjà sur place en ce qui concerne l’accès à la propriété foncière et les conditions de vie. Quand ils arrivent au pays, ils se dirigent directement à Mishiha indépendamment de leurs provinces d’origine », fait savoir Damien Nyandwi, conseiller de l’administrateur communal chargé des questions économiques, du développement et des statistiques (CEDS). Même si les autorités confirment la bonne cohabitation entre les migrants internes et les résidents, les défis ne manquent pas.
Un paquet de défis
L’augmentation de la population s’accompagne souvent par des besoins en infrastructures de base (eau potable, écoles, structures de soins, etc.). Sur le plan social, les nouveaux venus viennent avec leurs mauvaises habitudes. D’où la persistance des violences basées sur le genre, de la polygamie et du concubinage. La polygamie y est monnaie courante surtout pendant la saison de récolte du riz. Sinon, les cas de viol ne sont pas fréquents. Il y a également des cas d’enfants de pères inconnus dus aux cas d’unions libres.
L’autre problématique est liée à la dégradation de l’environnement, car les activités anthropiques constituent une menace réelle à préservation de la nature. La superficie couverte par les forêts diminue progressivement suite à la déforestation.
Manque criant de bancs pupitres
La démographie galopante exerce une pression sur les infrastructures scolaires. A l’Ecole Fondamentale Rutsindu I, le problème de manque de bancs pupitres se fait sentir. Les écoliers suivent les cours assis à même le sol faute de bancs pupitres. L’administration communale préconise la distribution de 1000 pupitres supplémentaires pour que les enfants des premières années puissent partager un banc pupitre à six.
La commune connait également des déperditions scolaires. Elle enregistre également une recrudescence des cas d’abandons scolaires, car elle est transfrontalière avec la Tanzanie. Les écoliers franchissent la frontière à la recherche de l’emploi en Tanzanie. D’autres écoliers sèchent les cours pour travailler dans des rizières afin de gagner quelques sous. Parfois, ils ne retournent pas à l’école.
A la question de savoir si ce mouvement des populations ne constitue pas une bombe à retardement, les autorités répondent qu’il s’agit d’un droit constitutionnel qui autorise tout citoyen Burundais à s’établir là où il veut. Personne ne peut les en empêcher ! « Tous les citoyens Burundais ont le droit de circuler et de s’établir librement n’importe où sur le territoire national ainsi que de le quitter et d’y revenir », stipule l’article 33 de la loi fondamentale.
Kirehe, un centre animé
Le centre de négoce de Kirehe se trouve à une dizaine de km du chef-lieu de la commune Mishiha. C’est le jour du marché, les portes des kiosques de vente d’articles divers sont grandement ouvertes, les tenancières des débits de boissons sont également au rendez-vous. Les fumées se dégagent des braisières et les personnes savourent déjà les morceaux de chèvres grillées. A l’intérieur du marché, les commerçants étalent leurs marchandises en attente de clients potentiels. De l’autre cote de la route, nous croisons M. Issa Karemera habitant la zone Muzenze. Il affirme que c’est un lieu propice à ceux qui ont de la force pour travailler. L’endroit est vivable, conclut-il.
Il a atterri à Mishiha en 2008 à la recherche des opportunités d’emploi. Il a laissé sa femme et son enfant à Kirundo pour exercer le métier de portefaix à Mishiha. Après six mois, il est retourné à Kirundo pour enfin s’installer définitivement avec sa famille à Kirehe. En travaillant comme portefaix ou sur des chantiers, il a fait des économies qui lui ont permis d’acheter un lopin de terre d’une valeur de 540 000 FBu. Il s’est fait construire deux maisonnettes, une pour lui et sa femme et une autre pour ses six enfants. Karemera témoigne la cohabitation pacifique avec les résidents. Il n’y a pas de persécutions envers les migrants internes. Pour le moment, il exploite un moulin au centre de Kirehe. Ce qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. Le retour dans la région naturelle de Bugesera n’est pas envisageable pour lui.
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