Culture

Miss Burundi, édition 2018, Un événement national agonisant

Chaque année, une compétition qui met en valeur la beauté et l’intelligence féminine burundaise est organisée. A la quatrième fois de son organisation, les choses semblent ne pas aller dans le bon ordre. Burundi Eco a suivi de près les faits marquant Miss Burundi, édition 2018

Les seize candidates à l’élection Miss Burundi 2018 qui ont signé leur retrait de la compétition ( © Miss Burundi)

Le 28 février  2018, la société  Burundi Events en collaboration avec le ministère des Sports et de la Culture a lancé officiellement la compétition Miss Burundi 2018 avec un thème bien précis : « L’entrepreneuriat féminin comme un atout majeur au développement du Burundi ».

Les aspects sur lesquels repose l’élection de Miss Burundi sont rappelés entre autres la culture, la beauté et l’intelligence.  Le but principal est d’élire une des filles burundaises qui incarnera tous ces aspects. Tout le programme est dressé et des prix sont annoncés pour la gagnante et ses dauphines. « Une voiture de marque Ractis et un terrain de 4 ares situé au centre du pays à Gitega. La première et la deuxième dauphine auront, à leur tour, un compte bancaire avec un montant qui sera dévoilé ultérieurement », précise M. André Hakizimana, le chargé de la communication de l’équipe Burundi Events. L’équipe organisationnelle promettait un événement en grande pompe tout en souhaitant que ce dernier soit « une vitrine hautement culturelle et touristique pour assurer la pleine visibilité du Burundi sur le plan national et international ».

Un mois plus tard, dix-sept jeunes filles représentant 10 sont choisies pour la suite de la compétition. Après casting et audition, les séances photos sont plus tard entamées pour des photos officielles de l’événement. De quoi languir du jour de la grande finale de l’élection Miss Burundi, édition 2018.

Du « Trop beau pour être vrai »

Amine El Kosseifi, Administrateur Directeur Général de la société Burundi Events : « Nous avons décidé de marquer un temps pour prendre divers avis et commentaires (…) avant de refondre complètement l’organisation et l’événement» ( © Akeza.net)

En date du 3 juillet 2018, sept membres du comité d’organisation de l’événement Miss Burundi, dont le chargé de la communication de la société Burundi Events, quittent le navire à quelques jours de la grande finale de la compétition. L’information se répand comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux et fait mouche à tous ceux qui attendaient le couronnement de la nouvelle beauté burundaise. Pour cause, M. Hakizimana évoque un flou dans la gestion des fonds alloués à l’organisation de l’événement qui, jusqu’ici, restent indisponibles.

En plus, les promesses de Burundi Events ne sont pas claires. Ce qui met à mal le bon déroulement de l’événement.  Il promet d’apporter prochainement d’amples éclaircissements sur cette affaire et « invite les candidates à bien poursuivre leurs rêves pour l’avenir, mais de ne plus prévaloir sous sa responsabilité», peut-on lire dans la lettre de démission  de M. Hakizimana. Ce dernier part avec six autres membres dont le président du comité, le photographe, le designer, la maquilleuse et les entraineurs.

Dans un entretien exclusif accordé à Burundi Eco, Hakizimana révèle les problèmes majeurs que connait la société Burundi Events. « Le but principal de notre démission était d’abord d’alerter l’opinion nationale et les institutions du pays que l’organisation du concours Miss Burundi est en train de perdre la crédibilité dans le déroulement de cet événement. Avec un budget de fonctionnement quasi inexistant à une quinzaine de jours de la grande finale, on ne pouvait rien faire de mieux », précise M. Hakizimana avant d’ajouter que tant que l’élection de Miss Burundi reste dans les mains  d’une société privée encore gérée par une seule personne, les problèmes persisteront dans son organisation.

Les mêmes causes engendrent toujours les mêmes effets

André Hakizimana, le chargé de la communication de Burundi Events, démissionnaire : « Le but principal de notre démission était d’abord d’alerter l’opinion nationale et les institutions du pays que l’organisation du concours Miss Burundi est en train de perdre la crédibilité dans le déroulement de cet événement »

La démission d’une partie du comité d’organisation ne laisse pas les candidates indifférentes qui décident à l’unanimité de claquer la porte. Elles fustigent à leur tour l’opacité dans le déroulement de la compétition, entre autres « des promesses non tenues, le site internet officiel pour les votes en ligne qui n’est pas accessible et l’absence d’une campagne médiatique à travers les radios pour parler de leurs projets », précisent-elles dans leur lettre commune de leur retrait comme candidates finalistes du concours Miss Burundi 2018.

Elles ajoutent aussi leur préoccupation quant à la tenue de la grande finale avec une nouvelle équipe choisie en catimini et demandent de repousser la date afin de mieux se préparer «  vue que la nouvelle équipe est venue avec de nouvelles leçons très différentes de celles qu’on apprenait depuis deux mois », déplorent les candidates démissionnaires.

Marvella Binagana, une des candidates qui ont signé la lettre de démission, affirme que la décision de quitter la compétition est unanime, car elles n’ont pas voulu cautionner la tenue d’un événement qui n’a pas de vision claire pour la promotion et la valeur de la culture burundaise.

Une nouvelle équipe d’organisation. A quel prix?

L’Administrateur Directeur General de Burundi Events, Amine El Kosseifi affirme que la nouvelle équipe va s’atteler à ce que le concours Miss Burundi, édition 2018 ait lieu en précisant, dans son communiqué de presse du  9 juillet 2018, que l’élection de Miss Burundi 2018 a été reportée et déplore le tournant que prenait l’événement.

« Nous avons décidé de marquer un temps pour prendre divers avis et commentaires, nous ouvrir à l’opinion et aux conseils d’amis et partenaires avant de refondre complètement l’organisation et l’événement », précise M. El Kosseifi tout en affirmant que le concours Miss Burundi est fait au nom du pays, pour le pays et grâce au pays.

Des questions se posent : Comment cet événement aura-t-il lieu sans aucune candidate? La nouvelle équipe parviendra-t-elle à convaincre les candidates démissionnaires de revenir dans la compétition ou, au cas échéant, organisera-t-elle une nouvelle sélection? Dans tous les cas, cette exhibition culturelle reste entâchée de graves manquements.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.

éditorial

Menace évidente ?

Menace évidente ?

Selon les récentes statistiques du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage de 2024, Bujumbura est la ville la plus peuplée avec 3 353 555 habitants, suivie de Gitega avec 2 118 551 habitants, respectivement capitales économique et politique du pays. Cette croissance démographique, observée d’année en année, est inégalement répartie : une grande partie de la population vit désormais dans les quartiers périphériques. Certains y voient une aubaine, notamment en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre. D’autres, en revanche, perçoivent cette situation comme une menace évidente. Une ville surpeuplée, si elle n’est pas bien urbanisée, peut en effet devenir victime de graves problèmes environnementaux.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 656

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

éditorial

Menace évidente ?

Menace évidente ?

Selon les récentes statistiques du Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage de 2024, Bujumbura est la ville la plus peuplée avec 3 353 555 habitants, suivie de Gitega avec 2 118 551 habitants, respectivement capitales économique et politique du pays. Cette croissance démographique, observée d’année en année, est inégalement répartie : une grande partie de la population vit désormais dans les quartiers périphériques. Certains y voient une aubaine, notamment en ce qui concerne la disponibilité de la main-d’œuvre. D’autres, en revanche, perçoivent cette situation comme une menace évidente. Une ville surpeuplée, si elle n’est pas bien urbanisée, peut en effet devenir victime de graves problèmes environnementaux.
  • Journal n° 656

  • Dossiers Pédagogiques