Editorial

« Nul n’est censé ignorer la loi ! »

La prolifération des constructions anarchiques est un véritable casse-tête. Dans la plupart des quartiers de la ville de Bujumbura, les maisons ont été érigées dans un désordre parfait. Il n’est pas rare de trouver des boutiques ou d’autres maisons construites au-dessus des équipements publics notamment le réseau électrique ou d’alimentation d’eau potable. Au fil des années, des boutiques, des kiosques ont été installés le long de la voirie urbaine. Le gouvernement est à pied d’œuvre pour en venir à bout de ce phénomène.  Le mot d’ordre a été lancé : il faut démolir toute construction hors normes. Des maisons ont été marquées à la croix rouge et une période de grâce a été accordée par les autorités municipales. Les propriétaires devraient démolir les constructions érigées en vrac et en désordre. Ainsi, certains propriétaires ont obtempéré alors que d’autres font toujours la sourde oreille. Ces derniers jours, les administratifs sont montés à l’assaut. Ils sont déterminés plus que jamais pour assurer la « propreté de la ville », mais à quel prix ?

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Sur le plan économique, l’économie des ménages sera fortement affectée. Dans un contexte d’explosion des prix sur le marché, des milliers de personnes qui vivaient du petit commerce risquent d’être à court de revenus. La population urbaine vit du jour au jour. L’activité commerciale s’intensifie pour diversifier les sources de revenus. Au niveau des quartiers, les kiosques et les boutiques facilitent les ménages à s’approvisionner dans les parages à des prix abordables. Ce qui ne sera pas le cas. La location des magasins n’est pas à la portée de toutes les bourses. De surcroît les frais de location sont exorbitants. Pour les propriétaires des maisons c’est la désolation totale. Ils ne savent pas q quel saint se vouer. Ils enregistrent des pertes énormes. Après la démolition des boutiques, ils réfléchissent sur les moyens de compenser les frais de location qui servent d’ailleurs à subvenir aux besoins de la famille. Il s’agit d’un investissement englouti. Cette décision risque de coûter cher aux ménages qui paient un lourd tribut.

Normalement, avant de bâtir, toute personne devrait avoir l’aval des services de l’urbanisme. Parfois, on ignore cette étape cruciale. C’est le nœud du problème. D’un autre côté, pourquoi les autorités n’ont pas réagi à la prolifération de ces constructions au moment opportun. De toutes les façons, les propriétaires n’ont d’autres choix d’obtempérer à l’injonction des autorités au risque d’être en conflit avec la loi. D’ailleurs, nemo censetur ignorare lege, adage latin qui signifie : nul n’est censé ignorer la loi.

Le Code de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction définit les normes de construction à respecter. Ce document établit les périmètres au-delà desquels il est défendu d’ériger des constructions. Ainsi, il est observé un recul de 6 m à partir de l’emprise de la route. Au niveau des quartiers, les propriétaires devraient laisser un mètre entre les clôtures des parcelles. En outre, l’implantation de tout bâtiment se fait à une distance d’au moins 3 m de la voie de desserte intérieure. (art.36). Ce périmètre est réservé à l’installation des infrastructures socio-économiques telles que les réseaux d’électricité, d’eau potable, de fibre optique, les lignes téléphoniques…

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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    Sans transparence, pas de confiance

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