Certains entrepreneurs volent de leurs propres ailes, certains avec des appuis indirects et d’autres sont en entente d’un coup de pouce du PAEEJ. Il y en a qui déplorent un retard des fonds promis par ce programme. Le PAEEJ tranquillise: avant le 1er juillet, 50 projets seront déjà appuyés
« J’ai déjà déposé mon projet et j’attends son approbation par le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes (PAEEJ). Ce programme m’est cher. Il me donne des consultances et je forme souvent les jeunes entrepreneurs en matière d’agriculture et d’élevage », précise Wilbert Dusabe, directeur gérant de la Maison du fermier installée sur la colline Kibogoye de la commune Giheta dans la province de Gitega, au Centre du pays.
Pour lui, cela fait plus d’un mois, soit fin mars et début avril 2022, que les jeunes entrepreneurs de la commune Giheta ont bénéficié de la part du PAEEJ la formation sur l’élevage des poules. « Cette formation a fait que les jeunes entrepreneurs de Giheta soient en avance par rapport aux jeunes des autres communes de la province Gitega. Nous attendons que les autres jeunes entrepreneurs soient formés afin de bénéficier des appuis financiers du PAEEJ », témoigne-t-il.
La trentaine, cet ingénieur en électromécanique reconverti en agro-éleveur et établi sur une propriété de presque 1 ha s’est juré d’exceller dans la production et dans la transformation agro-alimentaire.
Les jeunes sans emplois sont toujours en attente des appuis financiers du PAEEJ.
Production d’asticots des mouches noires sauvages pour nourrir les poissons, les poules et les porcs
Au moment où l’élevage d’asticots, d’escargots et des verres de terre fait toujours le buzz après la déclaration du chef de l’Etat qui en appelle au changement de mentalités et qui entend se lancer dans ce business, cet agro-éleveur pratique déjà la production d’asticots des mouches noires sauvages. « Je produits autour de 270 kg d’asticots des mouches noires sauvages par semaine », fait remarquer le directeur gérant de la Maison du fermier.
Cet ingénieur électromécanicien qui s’est investi dans l’agro-élevage dit que les asticots des mouches noires sauvages constituent une alimentation équilibrée pour les poules, les poissons et les porcs.
« Au lieu d’acheter les tourteaux à un prix élevé, soit par exemple 3500 FBu le kilo pour nourrir les poules, je préfère produire gratuitement les asticots des mouches noires sauvages à partir de la bouse et du lisier », fait-il savoir. « L’apport en protéine est garanti au lieu de recourir au soja importé qui est de plus en plus cher ».
Le doute plane chez les jeunes de Ngozi et de Kayanza
Honoré Nduwimana, président du Conseil National de la Jeunesse du Burundi (CNJB) dans la commune de Ngozi rappelle que les jeunes sans emplois de 14 collines de la commune de Ngozi ont été formés par le PAEEJ sur l’élevage des porcs. Cela au mois de mars 2022.
Après la formation, souligne-t-il, ces jeunes ont construit des porcheries d’une longueur de 50 mètres et d’une largeur de 2,5 mètres. «Comme c’étaient des jeunes sans emplois, ils ont dû emprunter de l’argent pour acheter le bois, les planches et les clous à utiliser».
Deux mois après, s’indigne-t-il, ces jeunes attendent toujours le matériel promis par le PAEEJ, notamment du sable, du moellon et du ciment. «C’est déplorable, ces jeunes peinent à rembourser l’argent emprunté».
D’ailleurs, poursuit-il, pour les jeunes qui n’ont pas construits les porcheries aux environs de leurs habitations, ils doivent louer un veilleur de peur que le matériel utilisé pour construire ces porcheries ne soit volé. « Ce qui constitue des charges de plus ».
Le président du CNJB dans la commune de Ngozi déplore également que les porcheries construites ne disposent pas d’une capacité suffisante pour accueillir les 20 porcelets promis et les stocks de tourteaux…
Ismaël Havyarimana, président de la coopérative « Dukore Twitezimbere » de la colline Musave, commune et province de Kayanza spécialisée dans la menuiserie affirme que la coopérative a manqué de tuyaux pour tirer profits des bienfaits du PAEEJ.
« Le siège social du PAEEJ se trouve à Gitega et nous avons attendu que des publications du PAEEJ passent de temps en temps sur Internet. Ce n’est pas facile de trouver de l’argent pour se déplacer à plus de 100 kilomètres avec des possibilités d’y séjourner ou de trouver de l’argent pour naviguer sur Internet afin de chercher des informations sur le PAEEJ. Cela pour un jeune qui se cherche encore », s’exclame ce menuisier.
50 projets à appuyer avant le 1er juillet 2022
Désiré Manirakiza, coordinateur national du PAEEJ déclare que le programme n’est pas là pour chercher les jeunes, mais qu’eux aussi doivent fournir des efforts pour s’approprier le projet.
Par ailleurs, martèle-t-il, le PAEEJ est là pour accompagner les idées et non les individus. « C’est dans ce cadre que 29 projets ont été sélectionnés pour être financés par le programme ». Depuis lundi le 23 mai 2022, une centaine de jeunes suivent une formation de 10 jours sur les techniques de création, de gestion, de management et d’agrandissement des entreprises.
Pour les jeunes de la première catégorie (jeunes qui évoluent dans le secteur primaire et qui sont regroupés dans les coopératives de production agro-pastorale), le PAEEJ a déjà signé les dossiers d’Appels d’Offres (DAO) pour la fourniture des plaques solaires. Pour les jeunes de la deuxième catégorie (jeunes porteurs de projets novateurs axés sur la transformation de produits agricoles ou autres alors qu’ils ne disposent pas de capitaux), les financements seront débloqués à la fin de la formation ci-haut citée et les financements seront directement débloqués pour les jeunes de la 3ème catégorie (jeunes ayant réussi à se lancer dans les affaires. Une annonce du coordinateur national du PAEEJ avant de tranquilliser que d’ici le 1er juillet, 50 projets innovants seront appuyés.
Une prénommée Jeanne, jeune entrepreneure à succès de Ngozi confirme que son projet a été approuvé par le PAEEJ. Elle est en attente de financement. Elle a pris part aux séances de formation organisées à Gitega par le PAEEJ.
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