Santé

Pandémie de Coronavirus : Les autorités sanitaires en alerte maximale

Depuis que le Coronavirus s’est déclaré pour la première fois à Wuhan en Chine à la fin de l’année 2019, les pays du monde entier ont pris des mesures drastiques pour se prévenir, mais aussi stopper la propagation de cette pandémie. De l’Asie à l’Amérique en passant par l’Europe, les cas de contamination n’ont cessé de s’accroître. Peu après fut le tour du continent africain d’enregistrer les premiers cas et les mesures drastiques s’ensuivirent. Le Burundi a emboîté le pas en mettant en place des mesures de prévention. Burundi Eco vous propose un dossier panoramique sur cette pandémie en partant des mesures préventives déjà prises

Sur les parkings de bus allant vers les quartiers Nord et Sud de Bujumbura, les dispositifs de lavage des mains sont présents.

Nous sommes mercredi le 25 mars 2020  sur le parking des bus allant vers les quartiers Nord de Bujumbura. A côté de chaque ligne, un seau et du savon liquide sont installés. Chaque passager est obligé de se laver les mains avant de prendre place dans le bus. Un agent de l’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU) rappelle à tout le monde qu’ils doivent suivre ces règles. « Depuis que le ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida a annoncé les mesures de prévention du Coronavirus, nous nous sommes conformés à ces mesures », a indiqué Salomon, un des agents de ce parking. Pourtant, ajoute-t-il, les récalcitrants ne manquent pas. Il y a des gens qui refusent de suivre les règles élémentaires d’hygiène arguant qu’ils ont quitté la maison avec les mains lavées. L’un des passagers qui s’est confié Burundi Eco doute de l’efficacité de ces dispositifs. «Même si on se lave les mains, dans les bus on est coincé les uns contre les autres. S’il y avait un cas tous les passagers seraient contaminés», poursuit-il.

Le même scénario s’observe sur les parkings des bus assurant le transport vers les quartiers Sud de Bujumbura. Là, les passagers se lamentent du fait que la pratique n’est pas toujours de rigueur. « Il y a ceux qui passent sans passer par le dispositif de lavage des mains, et les rabatteurs les laissent entrer », témoigne un passager.

De l’avenue de la Mission à l’avenue de la Victoire en passant par le boulevard de l’Uprona, des dispositifs de lavage des mains s’y observent. Devant les magasins, les seaux et le savon liquide y sont en grand nombre. Selon les propriétaires de ces maisons, c’est pour prévenir les probables contaminations par le Covid-19. Les restaurants ne sont pas en reste. A l’entrée de la galerie Idéal, toute personne qui entre doit se laver les mains. La rigueur est au rendez-vous. Une bonne pratique selon les tenanciers des places dans cette galerie.

Le Burundi n’a jusque-là enregistré aucun cas de Coronavirus. Des mesures préventives ont été prises. Ce sont notamment le respect des règles élémentaires d’hygiène. Des dispositifs de lavage des mains ont été installés ici et là à l’entrée des différents commerces du centre-ville, devant les structures de soins, les arrêts-bus, etc.

Il est midi. Cap sur la cathédrale Regina Mundi de Bujumbura. Les mesures d’hygiène y sont aussi de rigueur. Avec la traditionnelle messe de 12h15min, les Chrétiens se pressent d’entrer sauf qu’il y a quelqu’un chargé de leur rappeler l’obligation de passer par le dispositif de lavage des mains. On nous dira que même pendant le moment de se souhaiter la paix du Seigneur, il est interdit de se donner la main.

Le lavage des mains est également pris au sérieux dans les différentes institutions scolaires et académiques. Avant de franchir le portail de l’université Lumière de Bujumbura, un agent de sécurité veille à ce que tout le monde respecte les consignes. « Quand bien même il n’y a pas encore de cas de Coronavirus confirmé au Burundi, mieux vaut prévenir que guérir », nous fait savoir l’agent de sécurité.

Dans les quartiers, le revers de la médaille

Nous sommes à la 14ème avenue du quartier Mirango de la zone Kamenge en commune urbaine de Ntahangwa. Les boutiques, les bars et les salons de coiffures y sont en grand nombre, mais la majorité de ceux-ci ne disposent pas d’eau et de savon liquide pour les clients. On entre comme on veut, personne ne se soucie des fameuses mesures de prévention contre le Covid-19. Nous nous approchons d’un coiffeur assis confortablement dans son fauteuil attendant un client. Sur la question du lavage des mains, il est plutôt inquiet qu’optimiste : « Si le Coronavirus devait arriver, l’eau ne pourrait pas le stopper », nous confie-t-il avec un sourire moqueur.

Malgré les multiples appels à la vigilance et à la prévention, pas mal de citadins de Bujumbura négligent l’ampleur de la pandémie de Covid-19. Serait-il temps de douter, de prendre à la légère ou plutôt de s’armer de la rigueur pour ne pas subir les conséquences désastreuses de ce virus ?

Le Burundi sur le qui-vive ?

L’épidémie de Coronavirus présente sur tout le continent africain inquiète plus d’un car, pour le moment, il n’existe aucun vaccin ou médicament efficace contre ce virus. Face à cela, les gouvernements préfèrent prévenir. Pour ce faire, à l’instar des autres pays du continent, le Burundi a déjà pris des mesures qui permettent de limiter la propagation de cette maladie hautement contagieuse. On peut citer notamment l’installation d’un centre de quarantaine pour les voyageurs, l’interdiction d’accès des voyageurs en provenance des pays les plus touchés, la suspension des vols commerciaux et internationaux pour une semaine, la suspension de l’octroi des visas pour le Burundi jusqu’à nouvel ordre et des missions officielles à l’étranger. En outre, d’autres mesures préventives supplémentaires sont recommandées : se laver les mains régulièrement avec de l’eau propre et du savon, ne pas se serrer les mains, ne pas s’embrasser, etc.

Dr Thaddée Ndikumana, ministre de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida : « Il n’y a aucune urgence à limiter les rassemblements, à fermer les écoles avant que l’épidémie ne soit déclarée »

Néanmoins, le ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida se veut rassurant. « Le Burundi n’a jusqu’à ce jour enregistré aucun cas de Covid-19 ». Cela après que le ministère avait été alerté mardi le 17 mars sur un probable cas suspect de Covid-19.  Il s’agissait d’une institutrice à l’école française de Bujumbura âgée de 29 ans d’origine française qui aurait séjourné au Rwanda du 05 au 09 mars courant. Une semaine après son retour au Burundi, elle apprend que l’un de ses collègues rwandais avec qui elle a été en contact en date du 06 mars 2020 aurait été testé positif au Covid-19 au Rwanda. « Après investigation approfondie, il a été remarqué que c’était une fausse alerte ».

Le ministère tranquillise

A ces fins, deux centres de confinement sont déjà disponibles pour la prise en charge des patients en cas de Covid-19. Un centre d’isolement à Gatumba et un autre à Mudubugu (commune Gihanga) avaient été construits par l’OMS pour accueillir d’éventuels cas d’Ebola lorsque cette maladie sévissait au voisin. Le centre de Mudubugu compte 24 lits. Selon ce plan de riposte, le service de kinésithérapie du CHU de Kamenge sera alors réquisitionné si jamais ce centre est « dépassé ». Mais pour le ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida, il n’y a aucune urgence à limiter les rassemblements, à fermer les écoles avant que l’épidémie ne soit déclarée. Et, pour ce qui est du système de santé, des mesures ont été prises pour accueillir d’éventuels malades. Selon le ministère, pour chaque hôpital de district, il faut au moins se préparer à accueillir cinq malades. Et pour les cinq hôpitaux nationaux, on compte au moins 20 lits pour chacun.

Pour ce, il est demandé à la population de ne pas se fier aux rumeurs et aux nouvelles peu réjouissantes colportées par les réseaux sociaux sur la propagation du virus dans le monde. Le ministère renouvelle son appel au strict respect des mesures de prévention individuelle et collective.

Signalons que le Burundi a reçu un don composé de 20.000 kits de test de dépistage du Coronavirus, 100.000 masques et 1000 combinaisons de protection de la part de Jack Ma, fondateur  d’Alibaba Group. Il est distribué à chacun des 54 Etats africains afin de les aider à combattre le Covid-19.

La sous-région se confine

Dans toute la région, en Tanzanie, au Congo, au Rwanda, il y a déjà des cas testés positifs et les premiers décès sont enregistrés. Après le Kenya et l’Ethiopie vendredi, le Rwanda est le troisième pays d’Afrique de l’Est à signaler un premier cas du nouveau Coronavirus. 19 cas sont confirmés. Il a enregistré son premier cas sur un ressortissant indien arrivé dans le pays en provenance de Bombay le 8 mars 2020 a été testé positif au Coronavirus (Covid-19). Le Rwanda a pris des mesures pour lutter contre la pandémie dont la fermeture des écoles et des universités pour une durée de 2 semaines, les frontières sont fermées et la circulation entre les différents districts est bloquée, la suspension de tous les rassemblements publics et de masse, des concerts, des pèlerinages etc.

A Kigali, la circulation entre les différents districts est bloquée.

Le Kenya a annoncé lundi le 23 mars 16 cas de Covid-19. Pour contenir l’épidémie, les autorités multiplient les mesures préventives. Depuis une dizaine de jours, tous les rassemblements sont interdits. Pourtant le gouvernement a du mal à faire appliquer la mesure par les congrégations religieuses et tape du poing sur la table. Des églises, des mosquées, des temples ont fermé. Mais d’autres qui ont limité parfois le nombre de croyants ou ont installé des stations de lavage des mains, continuent à accueillir leurs ouailles. Une défiance qui a forcé le gouvernement à hausser le ton

La RDC est le onzième pays africain à enregistrer des cas de covid-19. Depuis l’annonce du premier cas, le pays est entré en état d’urgence mardi le 24 mars, donc les autorités ont décrété l’isolement de la capitale Kinshasa du reste du pays pour éviter la propagation de ce virus

Pour la Tanzanie, le premier cas était une femme tanzanienne qui a été testée positive au Coronavirus après être revenue d’un séjour en Belgique. Par la suite le gouvernement tanzanien a ordonné la fermeture des écoles, et interdit toute forme de rassemblement public.

Ailleurs en Afrique, face à la progression de l’épidémie, les mesures se durcissent

L’Afrique comptait mercredi le 25 mars 2 475 cas confirmés de Coronavirus, une hausse de 20% en 24 heures. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 64 personnes sur le continent selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. 46 pays sur 54 sont touchés.

Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone et la République Démocratique du Congo ont décrété l’état d’urgence tandis que l’Afrique du Sud a décidé un confinement général de la population. Des couvre-feux ont été décrétés en Mauritanie, en Egypte et au Gabon. Le confinement est imposé au Rwanda, à l’île Maurice, dans les deux plus grandes villes de Madagascar, en Tunisie et en Algérie. La Sierra Leone a décrété mardi l’état d’urgence  pour une période de 12 mois. Contrairement au Burkina Faso voisin, le pays le plus touché d’Afrique de l’Ouest, le Mali n’avait signalé aucun cas jusqu’à maintenant. Les deux premiers cas  ont été confirmés mercredi le 25 mars. Il s’agit d’une femme de 49 ans et d’un homme de 62 ans rentrés de France à la mi-mars, selon les autorités.

Confinement total en Afrique du Sud

L’Afrique du Sud se prépare à passer trois semaines en confinement à partir de vendredi matin. Une mesure annoncée en début de semaine, alors que le nombre de cas de Coronavirus augmente exponentiellement sur le territoire : déjà 709 cas recensés. Les déplacements ne seront autorisés que sous certaines conditions strictes comme aller se faire soigner, ou aller faire ses courses.

Privilégier le soutien aux économies africaines

Un « vrai paquet financier » va être mobilisé pour aider les pays les plus vulnérables, notamment africains, a annoncé, mardi le 24 mars le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.

Des millions de kits de dépistage, de masques chirurgicaux et de vêtements de protection envoyés par Jack Ma sont arrivés à Addis Abeba.

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lui, a appelé le G20 à soutenir les économies africaines en allégeant leurs dettes et en préparant un plan d’aide financière d’urgence de 150 milliards USD. La Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique, une institution de la Ligue arabe basée à Khartoum (Soudan), a d’ores et déjà annoncé allouer une enveloppe de 100 millions USD pour aider l’Afrique subsaharienne à faire face à la crise sanitaire.

Jack Ma, le milliardaire chinois vole au secours de l’Afrique

Jack Ma, le co-fondateur de la boutique en ligne Alibaba, envoie des millions de kits de test de dépistage, de masques chirurgicaux et de vêtements de protection sur le continent, où plus de 1 000 cas ont été confirmés par le Centre de contrôle des maladies. Il comprend 1,1 million de kits de dépistage, 6 millions de masques faciaux et 60 000 combinaisons de protection. M. Ma a déclaré que sa Fondation Jack Ma et la Fondation Alibaba fourniront également du matériel en ligne pour le traitement clinique des cas de Coronavirus aux institutions médicales du continent.

La situation en Europe ne faiblit pas

L’Espagne est désormais le deuxième pays le plus touché par la pandémie de Covid-19 avec 3 434 décès, après l’Italie. Le bilan du Covid-19 s’est alourdit en Espagne et a dépassé celui de la Chine continentale avec 3 434 morts, selon les chiffres officiels. En une seule journée le 25 mars 2020, 738 décès ont été recensés, soit une très forte accélération par rapport aux 514 morts comptabilisés entre lundi et mardi.

L’Italie est le premier pays européen le plus touché par le Covid-19

En Italie, 683 nouveaux décès ont été enregistrés en 24 heures ce mercredi 25 mars. Ce qui porte le total à 7.503 décès dans le pays. L’Italie est le seul pays à ce jour le plus durement touché de la planète. La décrue du nombre de contaminations suscite toutefois de timides espoirs chez les scientifiques. Un bateau transportant des centaines de passagers a par ailleurs accosté dans un port près de Rome après qu’une femme testée positive au Coronavirus a été évacuée. On ignore pour l’instant si d’autres personnes à bord sont contaminées. Les 726 passagers restants sont actuellement confinés dans leurs cabines. Comme Paris et Rome, Madrid s’est tourné vers Pékin pour acheter les équipements de protection dont son personnel médical manque cruellement, en commandant pour 430 millions d’euros de masques, tests et respirateurs. En Allemagne, le Bundestag a voté une série de mesures pour permettre à la première économie européenne de faire face aux conséquences de la pandémie, dont 156 milliards d’euros d’emprunts pour soutenir les entreprises, les salariés et le système de santé et des centaines de milliards de garanties pour les prêts bancaires aux entreprises. En quarantaine, car au contact d’une personne depuis malade, Angela Merkel, la chancelière allemande, a de nouveau été testée négative au Coronavirus ce mercredi.

En Espagne, l’augmentation des cas de contamination du Covid-19 prend une allure inquiétante

En Chine, vers la fin des restrictions dans la province de Wuhan

Pékin commence à lever les restrictions drastiques imposées depuis deux mois à la province du Hubei, berceau de la pandémie. Petit à petit, certains aéroports et gares rouvrent leur porte. Mais les Wuhanais ne pourront quitter la ville que le 8 avril. Symbole d’un début de retour à la normale, la coentreprise PSA-Dongfeng a redémarré la production automobile sur son site de Wuhan. Ces dernières 24 heures, aucun cas de contamination locale n’a été détecté, mais 47 cas importés de l’étranger ont été recensés, selon les autorités chinoises. Depuis le début de l’épidémie, officiellement, plus de 81 000 cas de Covid-19 ont été recensés en Chine. 3 281 personnes ont perdu la vie.

A propos de l'auteur

Chanelle Irabaruta.

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