Le secteur palmeraie du Parc National de la Rusizi est pour le moment délimité. Cette activité a été réalisée par l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement (OBPE) en collaboration avec l’Ong 3C sous l’appui financier du Pnud au Burundi. Malgré cette initiative, ce trésor du pays reste menacé en grande partie par les agriculteurs et les chasseurs en particulier. Cela ressort de la descente y effectuée par les professionnels des médias réunis au sein de l’association des Journalistes Environnementalistes du Burundi (AJEB) mardi le 13 mai 2025.

Emmanuel Nsabimana, responsable du secteur Palmeraie : «Les activités de bornage du Parc National de la Rusizi ont pris fin».
Selon, Emmanuel Nsabimana, responsable du secteur Palmeraie, les activités de bornage du Parc National de la Rusizi ont pris fin. Pour le moment, on est en train de tracer des pare-feux sur un linaire de 24 km. Après, on compte y planter des arbres estimés à 100 000 pour bien séparer le parc de la Rusizi et les terres appartenant aux communautés.
Quatre associations ont été mises en place pour s’occuper de la plantation de ces arbres et du traçage des pare‐ feux pour bien protéger le parc de la Rusizi. Il s’agit de Tugire ibikorwa vyiza n’iterambere ry’ abatwa composée de 54 membres dont 30 femmes et 24 hommes, Abagenzi b’ ishamba constituée de 31 membres dont 15 femmes et 16 hommes, Dushire hamwe inguvu dukingire ishamba cimeza rya Rukoko composée de 30 femmes et 20 hommes, Twijukire gukingira ishamba cimeza rya Rukoko constituée de 25 hommes et 23 femmes. Au total, il s’agit de 173 membres dont 98 femmes et 75 hommes.
Ce responsable du secteur Palmeraie fait savoir que les membres de ces associations sont tous originaires des collines riveraines du parc de la Rusizi. Certains d’entre eux sont des pêcheurs, des cultivateurs et des chasseurs. D’autres sont des gens qui se dirigent dans le parc pour chercher du bois de chauffage. Ils sont chargés de tracer des pare‐feux et d’y planter des arbres pour bien délimiter le parc et sont rémunérés pour cela.
Engager la population riveraine dans la protection du parc, plus que nécessaire
Selon Nsabimana, l’objectif est de leur permettre de s’engager dans la protection du parc de la Rusizi au lieu de le détruire comme ils le faisaient avant. De surcroît, c’est pour éviter qu’il y ait encore des gens qui ne savent pas distinguer le Parc National de la Rusizi des terres de la population environnante.
Malgré ces initiatives, ce responsable du secteur Palmeraie déplore que le parc de la Rusizi reste menacé par les agriculteurs en général et les chasseurs en particulier et que par conséquent, pas mal d’espèces animales et végétales sont en voie de disparition. Une partie non négligeable dudit parc est quasi dénudé.

Les membres des associations à l’œuvre pour tracer des pare‐feux en vue de protéger le parc de la Rusizi .
L’éléphant, une espèce déjà disparue
Il donne à titre illustratif Umuko, les éléphants, etc. Il n’y a aucun éléphant dans le parc de la Rusizi pour le moment, déplore-t-il. Il explique que cette situation se présente ainsi alors qu’il y a un lien très important entre l’éléphant et l’Umuko.
Si l’éléphant mange des graines dénommées Amaruru de l’arbre Umuko, il jette des excrétas mêlés de ces graines. Et c’est de cette manière que les arbres imiko se multiplient, car ils poussent juste après deux semaines du rejet de ces excrétas dans la nature.
Le cimetière de Mpanda, une menace pour le Parc National de la Rusizi
Une autre menace pour ledit parc est le cimetière connu sous le nom de cimetière de Mpanda qui est en train de s’élargir de façon époustouflante, alerte Nsabimana. «C’est une menace très dangereuse pour notre trésor, car les tombes sont construites en matériaux très durables. Les gens utilisent le ciment, les briques cuites, les fers à béton et les tôles pour construire des tombes comme on le fait pour la construction des maisons», argue-t-il.
Le pire est que certains se dirigent souvent audit cimetière pour aménager ces tombes dans l’optique d’éviter qu’il n’y ait ni herbes ni arbres qui poussent à côté. Selon Nsabimana, l’OBPE a constaté que cela est dangereux pour le parc de la Rusizi.
C’est pour cela qu’elle est en train de voir comment changer de stratégies pour enterrer les gens décédés. «On a déjà commencé à organiser des réunions avec les administratifs pour échanger sur les solutions à adopter », éclaircit-il. Selon lui, soit on va adopter la stratégie des Islams ou délocaliser le cimetière.
La requête de Nsabimana
Nsabimana demande de doter le personnel de protection du parc de la Rusizi de matériels suffisants et adéquats. Selon lui, les doter même de fusils comme on le fait dans les autres pays comme la Tanzanie, le Kenya, etc est une nécessité, car il a été constaté que ceux qui détruisent le parc de la Rusizi sont quelquefois armés.
De plus, il demande qu’on augmente l’effectif des gardes forestiers de ce parc estimés actuellement à 8 personnes. Selon lui, il est difficile de protéger plus 8800 hectares pour 8 personnes.
De plus, l’implication des administratifs et des forces de défense est une impérieuse nécessité dans la protection du parc national de la Rusizi.
Selon toujours lui, une autre piste de solution est de mettre en place des sanctions sévères aux destructeurs du parc, suggère-t-il.
Les riverains du Parc National de la Rusizi ravis
Les membres des associations à l’œuvre pour tracer des pare ‐feux en vue de protéger le parc de la Rusizi se réjouissent du fait que l’OBPE et l’Ong 3C leur ont donné de l’emploi. Jean de Dieu Niyintunze, président de l’association Tugire ibikorwa vyiza n’iterambere ry’ abatwa composée de 54 membres dont 30 femmes et 24 hommes indique que les membres de l’association qu’il chapeaute y trouvent l’occasion d’être rémunérés pour enfin parvenir à prendre en charge leurs familles. Il laisse entendre que chaque membre reçoit un montant de 8000 FBu à la fin de sa tâche de traçage des pare‐ feux.

Jean de Dieu Niyintunze, président de l’association Tugire ibikorwa vyiza n’iterambere ry’ abatwa : «Les membres de l’association que je représente y trouvent l’occasion d’être rémunérés pour enfin parvenir à prendre en charge leurs familles. ».
Pour le moment, ils consacrent leur temps à la protection du parc de la Rusizi au lieu de le détruire à travers la chasse et l’agriculture pour trouver de quoi manger et l’abattage des arbres pour trouver du bois de chauffage. «On nous a expliqué les conséquences de la destruction de notre parc. Nous savons que plus il est détruit, plus il se manifeste la déforestation et ses effets pervers. Il ne pleut pas. Les espèces tant animales que végétales disparaissent à petit feu», renchérit-il.
Jeannette Nemerimana, mère de deux enfants habitant la colline Gihungwe de la commune Gihanga dans la province Bubanza abonde dans le même sens. Elle est ravie du fait qu’elle gagne le pain qu’elle consacre à sa famille à travers les activités de protection du parc de la Rusizi. Ces membres des associations engagées dans la protection du parc de la Rusizi promettent alors de tout faire pour protéger le parc national de la Rusizi. Ils comptent même sensibiliser les autres habitants pour qu’ils soient dans la même cadence de protection dudit parc.
Notons que le Parc National de la Rusizi qui doit son nom à la Rivière Rusizi est subdivisé en deux secteurs à savoir le secteur Delta, à l’embouchure de la rivière Rusizi vers le lac Tanganyika avec 1363 ha et le secteur Palmeraie au nord avec 8867ha. Les deux secteurs sont reliés par un corridor constitué par la « grande Rusizi » et un ruban de terrain de 100 m de chaque rive qui totalise en tout 443 ha. La végétation du secteur Palmeraie comprend plus de 1000 espèces végétales différentes. La végétation du Delta de la Rusizi compte plus de 193 espèces végétales identifiées.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.