Société

Paris sportifs : dangereux pour la société

Les jeux de hasard et les paris sportifs joués sans modération nuisent à l’économie des parieurs. Pourtant, la prolifération des salles de jeux dans les quartiers de Bujumbura et à l’intérieur du pays n’est pas sans conséquence

Nous sommes au centre-ville de Bujumbura non loin du centre d’information des Nations Unies. Il est 11 heures dans une salle où on propose les paris sportifs et d’autres jeux de hasard. En entrant, nous sommes accueillis en premier lieu par pas moins de trois écrans où s’affichent les jeux proposés par le bookmaker. Sur un autre écran s’affiche la rediffusion des matchs de football joués récemment dans les championnats européens. En plus de cela, sur les murs de cette salle, il y a des affiches qui montrent l’ensemble des matchs qui seront joués dans quelques heures ou dans les prochains jours. Et les détails y relatifs sont mentionnés tels que les codes des matchs, les types de paris, les cotes… pour bien guider les parieurs dans leurs choix.

De l’autre côté de la salle, au moins quatre agents du bookmaker suivent de près ce qui s’y passe, mais leur mission principale est d’enregistrer les paris choisis par les parieurs  moyennant paiement d’argent. Dans cette salle, les parieurs sont assez nombreux. Ils sont estimés entre 30 et 50 (exclusivement des  jeunes hommes). Les uns sont en train de regarder la télévision et les autres sont en train de consulter les affiches et discutent à propos des matchs sur lesquels ils vont miser. Tout parieur tient dans sa main un bout de papier et écrit les matchs sur lesquels il va miser quelques sous espérant un gain important dans un futur proche si jamais la chance lui sourit.

Les parieurs espèrent gagner l’argent facilement, par contre, ils perdent énormément. Ce qui enrichit les bookmakers.

Plus que des jeux de divertissement

En tant que journalistes déguisés en parieurs, nous avons essayé de savoir ce que représentent les paris sportifs aux yeux des parieurs et le taux de fréquentation de ces salles de jeux. Pour beaucoup, ils sont plus que des jeux de divertissement, mais c’est plutôt une passion et pire une dépendance. « Je mise sur les jeux presque tous les jours. Les paris sportifs sont comme une routine. Malgré que je gagne rarement, je garde espoir d’empocher de l’argent dans un proche avenir », indique un des parieurs rencontrés sur place.

Mais pas mal de parieurs sont réticents. « Certains parieurs ne parviennent pas à contrôler leurs émotions. Quand ils enchaînent plusieurs pertes d’affilée, ils peuvent tout miser dans l’espoir de récupérer l’argent perdu. En conséquence, ils se ruinent davantage et croupissent dans la pauvreté. Les paris sportifs sont dangereux. Vaut mieux jouer avec modération. », fait savoir un autre parieur.

Même si les paris sportifs et d’autres jeux de hasard provoquent une dépendance chez certaines personnes, ils sont légaux et vulgarisés. Presque dans tous les quartiers de la ville de Bujumbura, il est rare de ne pas trouver une salle où se jouent des jeux pareils. Et l’intérieur du pays n’est pas épargné.  Actuellement, au Burundi, opèrent une dizaine de bookmakers qui exploitent les paris sportifs et d’autres jeux de hasard dans les salles comme en ligne.

Jeux interdits aux mineurs, mais…

Les paris sportifs sont interdits aux jeunes de moins de 18 ans, mais les mineurs fréquentent facilement les salles de jeux.  Un agent d’un bookmaker opérant à Ruvumera dans la zone de Buyenzi affirme qu’il ne peut pas enregistrer un ticket d’un mineur. Seulement, les enfants peuvent profiter pour regarder les matchs de football diffusés dans la salle de jeux. Mais le problème est que ces jeux sont également disponibles sur internet. Il est difficile de contrôler les parieurs virtuellement. Pourtant, la Loterie Nationale du Burundi (LONA) est un organe de l’Etat chargé de réguler les bookmakers œuvrant sur le sol burundais.

Félouse Nsabimbona, conseiller du directeur général et chargé de la communication et des relations publiques au sein de LONA précise que cette institution supervise régulièrement les bookmakers pour se rassurer qu’ils travaillent suivant les normes. Il admet qu’il ne faut jamais laisser les mineurs s’adonner aux jeux, mais il est difficile de les contrôler en ligne. Ces entreprises utilisent des technologies avancées. Pour mieux les réguler, LONA devrait disposer d’un logiciel de pointe capable de rivaliser avec les bookmakers. « En conséquence, nous ne pouvons pas les suivre en temps réel, bien savoir comment ils travaillent et l’argent qu’ils gagnent quotidiennement », indique-t-il.

Pour limiter les effets négatifs de ces jeux dans la société, la LONA recommande aux bookmakers d’opérer dans les quartiers moins populaires pour ne pas appauvrir davantage les pauvres. Et en vue de décourager les personnes qui jouent trop au lieu de travailler, elle leur recommande également d’ouvrir les portes au public après les heures de service. Malheureusement, ce n’est pas le cas sur terrain.

La loi n°1/ 27 du 29 décembre 2017 portant révision du code pénal est claire à ce sujet dans son article 463. Les jeux de hasard sont interdits dans les lieux publics ou ouverts au public, dans tous les lieux non clôturés où le public peut avoir une vue directement ainsi que dans tous autres lieux, même privés, où quiconque, désireux de s’adonner au jeu, est admis librement à pénétrer.

A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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