Editorial

La pénurie du carburant enfonce le clou

La pénurie du carburant parle d’elle-même. De longues files d’attente s’observent devant les stations-service de la mairie de Bujumbura. Trouver de l’essence est devenu un véritable casse-tête. Les stations-services sont à sec. Ni le gasoil, ni l’essence les produits pétroliers se raréfient paralysant ainsi l’activité économique.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

Les commerçants spéculateurs s’invitent dans la partie. Un litre d’essence se négocie à 9 000 FBu sur le marché noir, s’indigne un propriétaire d’un véhicule qui vient de subir une panne bête en plein centre-ville.

Cette situation intervient à deux mois de la hausse des prix du carburant à la pompe. Le pays se trouve également dans une spirale inflationniste tirée par la hausse des denrées alimentaires. Les prix des produits destinés à la consommation au niveau des ménages a enregistré une hausse au cours des huit derniers mois. Entre février 2021 et février 2022, l’inflation annuelle atteint 9,4%. Cette situation est due principalement aux prix des produits alimentaires qui enregistrent une hausse de 11,5%, lit-on dans le bulletin de l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) sur l’indice des prix à la consommation paru en février 2022.

La pénurie criante des produits pétroliers a une incidence directe sur les conditions de vie des ménages. Elle va entrainer la hausse des prix des produits locaux et importés. La hausse des coûts des facteurs de productions mène tout droit à une augmentation du niveau des prix. Actuellement, le charbon de bois utilisé dans la cuisson des aliments devient une denrée rare et de surcroît son prix augmente du jour ai jour. Il s’agit d’une conséquence directe de la pénurie de carburant qui perturbe les chaines d’approvisionnement.

Entretemps, le Burundi sort fraîchement d’une crise socio-politique dont les conséquences économiques ne sont plus à démontrer. Le pouvoir d’achat ne cesse de se détériorer, car les revenus sont en baisse continue surtout avec le gel des annales et des primes chez la majorité des fonctionnaires. Les économistes affirment que l’augmentation des prix peut éroder la valeur des salaires réels et de l’épargne et, partant, plonger les familles dans une pauvreté extrême. Le pays se retrouve dans cette configuration, surtout avec la dépréciation du FBu par rapport aux autres monnaies de la sous-région. Dans ces conditions, les opérateurs économiques ont du mal à s’approvisionner sur le marché régional encore moins sur le marché international compte tenu du différentiel du taux de change.

Les économistes de la Banque Mondiale estiment que la guerre en Ukraine exacerbe pressions inflationnistes. Les prix des aliments et des carburants ont grimpé en flèche, car la Russie et l’Ukraine sont de gros exportateurs de nombreux produits de base dont le pétrole, les engrais et les céréales.  Pour les pays à faibles revenus, les ruptures d’approvisionnement ainsi que la hausse des prix risquent d’entraîner une intensification de la faim et de l’insécurité alimentaire.

D’après la Banque Mondiale, l’inflation fait des ravages. En 2021, le redémarrage de l’activité économique, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la flambée des prix des produits de base se sont conjugués pour porter l’inflation mondiale à son niveau le plus élevé depuis 2008.

Il sied de rappeler que l’inflation produit des effets directs sur le pouvoir d’achat des ménages. Si les prix augmentent plus vite que les revenus, cela réduit la capacité des ménages de s’approvisionner en biens et services.

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Benjamin Kuriyo.

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    Sans transparence, pas de confiance

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    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
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