Economie

Pénurie et cherté de certains produits locaux : Qu’est-ce qui croche ?

Face à la pénurie et à la montée des prix de certains produits de première nécessité, les consommateurs sont dans l’impasse. Autour d’une table ronde, dans l’émission « Mosaïque » de la radio Isanganiro, la société civile et le porte-parole du gouvernement en ont débattu

Le sucre devient de plus en plus rare dans les magasins et dans les boutiques. Désormais, on achète le sucre sur rendez-vous souvent sous l’œil vigilant de l’administration à la base. Et là où on en trouve, c’est rare d’avoir plus d’1 kilo. Et pourtant, la SOSUMO (Société Sucrière du Moso) et le ministère de tutelle dit que la production est suffisante. Les prix des matériaux de construction, en l’occurrence le ciment deviennent presqu’incontrôlables sur le marché. Un sac de 50 kilos qui, officiellement, coûte 24.500 francs burundais peut aller jusqu’à 30.000 francs burundais. Et les produits Brarudi sont également affectés. Ce n’est pas si souvent qu’on trouve actuellement les produits BRARUDI à son choix.

A cela s’ajoutent la pénurie et la cherté d’autres denrées alimentaires comme le haricot, les pommes de terre, les bananes, l’huile de palme raffinée, etc… et des fournitures de bureau dont les prix ont grimpé considérablement. Une situation qui inquiète et qui nécessite que des mesures conséquentes soient prises.

Protéger le marché local oui, mais il faudra satisfaire les besoins locaux

Le but du gouvernement est de protéger la production locale en interdisant la libéralisation d’importation pour certains produits comme le sucre, le ciment… Toutefois, Faustin Ndikumana, président et représentant légal de l’association Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (PARCEM) et Pierre Nduwayo, président et représentant légal de l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO) expliquent la pénurie de ces produits par l’incapacité des entreprises publiques de satisfaire la consommation locale.

Le président de PARCEM va plus loin en exigeant au ministère du Commerce de déclarer officiellement qu’actuellement le monopole dont disposent les entreprises locales ne satisfait pas le marché local. « Que le gouvernement nous précise la quantité de production de nos entreprises et la quantité qui doit être consommée, la quantité qui manque et la stratégie pour y palier», véhicule le président du PARCEM.

Faustin Ndikumana, président de PARCEM : « Evitez la collision entre l’homme politique et l’opérateur économique. Si le gouvernement persiste à dire que la production n’est pas un problème, il faut qu’il résolve les autres défis liés à la commercialisation ».

Les importations qui dépassent la production locale

Selon les données fournies par la Banque de la République du Burundi, le pays importe beaucoup de sucre plus qu’il n’en produit. Depuis 2010, l’importation du sucre a augmenté d’environ 68% (13 564, 40 tonnes en 2010 contre 22785, 10 tonnes en 2020). Là c’est au moment où la production locale du sucre évolue en dents de scie. Elle oscille entre 20000 et 23 000 tonnes. D’après les données compilées par la Banque centrale, la production du sucre affiche une courbe sinusoïdale. Ainsi, la production reste instable. Elle est passée de 21 713 tonnes en 1998 à 14 314 tonnes en 2009. Depuis 2016, la production est en chute libre. Elle est passée de 23 656 tonnes en 2016 à 18 574 tonnes en 2019 pour revenir à 20 434 tonnes en 2020.

Tant de défis à relever estime le camp du gouvernement

Chrysologue Mutwa, Directeur général du commerce au ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme explique cette situation par les problèmes logistiques et le manque de matières premières. Quant à une certaine opinion qui pense que cette pénurie est due à l’exportation de ces produits, le porte-parole réfute ces allégations et les qualifie des « on dit » dénués de tout fondement.  Les statistiques sur l’exportation données par la BRB viennent corroborer ses propos. Par exemple pour le sucre, les statistiques disent que la quantité exportée n’a jamais dépassé 0,5 tonnes sauf en 2018 où elle a été de 201,2 tonnes.

Des solutions à l’horizon ?

Mutwa met en avant les efforts de l’Etat concentrés dans la politique d’industrialisation et ses ambitions pour faire face à ces phénomènes récurrents. Il expose encore des sanctions qui ont été infligées aux commerçants spéculateurs.

Pour les acteurs de la société civile, il faudra des solutions immédiates. Nduwayo précise que malgré l’envie du gouvernement de protéger l’industrie locale, il a été démontré que la production locale ne suffit pas encore pour nourrir la population bien qu’elle augmente chaque année. « Il faut donner l’autorisation aux opérateurs économiques d’importer et de commercialiser la quantité qui manque », propose le président de l’ABUCO.

Faustin Ndikumana, lui, va plus loin en accusant le pouvoir politique de s’ingérer dans l’activité commerciale du pays. « Evitez la collision entre l’homme politique et l’opérateur économique. Si le gouvernement persiste à dire que la production n’est pas un problème, il faut qu’il résolve les autres défis liés à la commercialisation ».

A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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