Commerce

Pénurie des billets de 100 BIF : un handicap pour le business

Les billets de 100 BIF sont rares sur le marché. Ce qui perturbe les échanges de monnaie entre clients et commerçants. Le secteur le plus touché est celui du transport en commun, particulièrement en mairie de Bujumbura.

Les billets de 100 BIF encore en circulation sont souvent très vieux et déchirés.

 

Depuis plusieurs mois, un manque criant de billets de 100 BIF et même de pièces de monnaie de 50 BIF s’observe. Les rares billets de 100 BIF encore en circulation sont souvent très vieux et déchirés. Cette pénurie entrave les échanges commerciaux. Le secteur le plus impacté est celui du transport en commun, surtout en mairie de Bujumbura. Dans différents quartiers, le coût du transport en bus est de 600 BIF par personne. Ainsi, les transporteurs ont du mal à rendre 400 BIF lorsque les clients paient avec un billet de 1000 BIF ou plus. Pour remédier à ce problème, certains « convoyeurs » de bus préfèrent prendre un billet de 500 BIF, perdant ainsi 100 BIF par client. D’autres avertissent les passagers avant qu’ils ne montent dans le véhicule, leur demandant de prévoir exactement 600 BIF, ni plus ni moins. Mais pour les clients, il incombe aux transporteurs de disponibiliser la monnaie. « Quand je monte dans un bus, je paie comme bon me semble, c’est au ‘convoyeur’ de me rendre la monnaie », indique un passager voyageant à bord d’un bus reliant Gasenyi au centre-ville de Bujumbura. Les gestionnaires de bus expliquent, quant à eux, qu’ils ne trouvent pas de billets de 100 BIF ni de pièces de 50 BIF pour faciliter les échanges avec les passagers.

Sur le marché des billets, l’échange de petites coupures contre de grandes coupures devient cher. À titre d’exemple, pour échanger un billet de 10 000 BIF, on reçoit des billets de 100 BIF d’une valeur de 6400 BIF, soit une perte de 3600 BIF. Avant cette pénurie, 10 000 BIF s’échangeaient en petites coupures de 100 BIF ayant une valeur de 9000 BIF, avec une perte de seulement 1000 BIF. Les conducteurs de bus ne peuvent plus supporter ce surcoût de change. Pourtant, ils ne peuvent pas augmenter les tarifs au-delà des prix officiels au risque d’être sanctionnés par la police avec des amendes allant jusqu’à 50 000 BIF.

Ainsi, dans la plupart des cas, les conducteurs de bus préfèrent demander 500 BIF aux passagers au lieu de 600 BIF, malgré qu’ils travaillent à perte dans ce cas. Par exemple, selon Janvier Niyonzima, chauffeur de bus, lorsqu’un véhicule de 18 places de type Hiace effectue 10 tours et que chaque passager paie 500 BIF, le propriétaire du véhicule enregistre un manque à gagner de 34 000 BIF. Pour un véhicule Coaster de 35 places, son propriétaire perd 70 000 BIF.

Le commerce des biens et des services également impacté

Ce n’est pas que le secteur des transports qui subit les conséquences de cette pénurie des billets de 100 BIF. Le commerce des biens et des services est également affecté. « Lorsque je reçois un client qui souhaite acheter des unités pour 300 BIF, je ne peux pas lui rendre le reste s’il me paie avec un billet de 500 BIF ou de 1000 BIF », déplore un agent de Lumicash. Dans les boutiques, certains prix ont été augmentés au détriment des clients pour faciliter les échanges avec des billets de 500 BIF, 1000 BIF ou 2000 BIF. Par exemple, une bouteille de limonade Brarudi qui coûte normalement 1600 BIF se paie 2000 BIF. De même, le petit Primus de 50 cl coûte désormais au moins 2000 BIF au lieu de 1800 BIF.

Bellarmin Bacinoni, chargé de la communication à la Banque de la République du Burundi (BRB), a indiqué que la Banque centrale est consciente de la rareté des billets de 100 BIF. Il s’est exprimé à ce sujet sur la Radio Télévision Nationale du Burundi (RTNB) le 23 septembre 2024. Il a recommandé à la population de continuer à échanger les billets de 100 BIF disponibles ainsi que les pièces de monnaie de 50 BIF, 10 BIF, 5 BIF et 1 BIF. En outre, il a suggéré aux gens de demander des billets de 100 BIF et des pièces de 50 BIF lorsqu’ils retirent de l’argent à la banque. M. Bacinoni a cependant rassuré que la BRB accroîtra prochainement la mise en circulation de ces billets, sans toutefois préciser de date.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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Du jamais vu ; un déficit record a été enregistré depuis la création de l’Office Burundais des Recettes (OBR) en 2009, une institution chargée de maximiser les recettes. Un déficit de 110 milliards de FBu sur les 4 derniers mois de l’année budgétaire 2024-2025, déclaré par l’autorité compétente, ne peut pas passer inaperçu. Pire encore, parmi les causes évoquées pour expliquer cette diminution des recettes figurent des facteurs tels que le rôle crucial des agents chargés de maximiser ces recettes, la corruption et la complicité entre les contribuables et les agents, pour ne citer que ceux-là.

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