Santé

Pharmacie de la rue, un problème de santé publique

La vente illicite des médicaments est aujourd’hui un défi mondial par son ampleur. Ces médicaments dont la conservation ne respecte pas les normes requises pour la vente sont achetés par des gens qui estiment leur accès facile et leur coût abordable par tous, et sont vendus par des personnes ne maîtrisant pas la pharmacologie. Au-delà de la menace permanente pour la sécurité sanitaire des peuples, la confiance en ces médicaments reste douteuse

Les vendeurs des médicaments à la sauvette écument les marchés. Au centre-ville de la mairie de Bujumbura, on les trouve surtout derrière l’ancien marché central. Des médicaments de plusieurs sortes y sont vendus. Cela va du simple paracétamol pour la fièvre à l’insuline pour les diabétiques. Des groupuscules de gens vendent les médicaments grouillent dans tous les coins et les recoins. Il n’a pas été jusque-là possible de réduire la commercialisation de ces médicaments de la rue. Par conséquent, les risques de santé liés à l’utilisation de ces produits restent presque méconnus par une bonne partie de la population. Malgré la température ambiante moyenne de 25°, les comprimés, les gélules et les collyres sont, la plupart du temps, conservés en vrac dans des sachets en plastique ou dans des bouteilles.

Le plus grand risque auquel s’expose les clients des médicaments de la rue est une erreur de diagnostic qui entraine le plus souvent des effets secondaires graves.

Des conséquences chaotiques à long terme

Pascasie Ndayisenga, une jeune femme d’une trentaine d’années donne un témoignage poignant. Elle avait d’atroces maux de ventre. Elle est allée voir un docteur qui lui a prescrit un médicament qui devrait guérir sa maladie. « J’ai trouvé le prix du médicament exorbitant, mais aussi avec trois mois de traitement ce n’était pas facile », indique-t-elle. Un jour, elle a trouvé un vendeur de produits « Forever Product » qui a fini par lui conseiller d’acheter un de ses produits en lui garantissant que tout allait bien se passer. « J’ai fini par acheter le médicament, histoire de tester son efficacité », relate-t-elle. Les jours suivants, sa maladie commençait à disparaître. « Je me sentais mieux. Les douleurs ont petit à petit disparu. Je croyais que la dose avait vraiment fait effet », affirme Mme Ndayisenga. Quelques mois plus tard, les douleurs ressurgirent, et cette fois avec fureur d’où il y a eu urgence d’aller à l’hôpital. « Après moults examens, on a fini par trouver que j’avais des tumeurs dans l’estomac, sûrement à cause du fameux médicament acheté à la sauvette dans la rue», se rappelle-t-elle.

Au-delà des récriminations des services sanitaires sur le danger de ce commerce, les vendeurs de médicaments de la rue ne prévoient pas changer de métier. Ils tiennent mordicus à leur commerce. Pour eux, rien ne prouve que le médicament de la rue tue. Alphonse, un des vendeurs trouvés derrière l’ancien marché central est catégorique : « Tout médicament est un poison. Il faut donc veiller à ne pas le prendre mal ou à l’excès. Nous ne sommes pas des médecins. Nous lisons la notice et en fonction du mal dont souffre le patient, nous pouvons lui conseiller tel ou tel autre produit. », dit-il avec un peu d’assurance. Ces médicaments vendus en plein air sont exposés à toutes sortes d’intempéries. Pourtant, la conservation des médicaments répond à des règles d’hygiène précises.

Prioriser la santé de la population, plus qu’une nécessité

La vente ambulante des médicaments laisse penser que les vendeurs ambulants ne s’approvisionnent pas via les canaux légaux. Il s’agit également des médicaments non autorisés d’entrer au Burundi. Néanmoins, ils échappent au contrôle des instances habilitées et se retrouvent sur le marché. En 2013, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé un système mondial de surveillance et de suivi pour encourager les États membres à notifier les incidents impliquant ces produits selon un modèle structuré et systématique, à contribuer à mettre au point une évaluation plus précise et validée de l’ampleur, de la portée et des nuisances dues à ce problème.

Les médicaments, manipulés par des mains non expertes, constituent alors de véritables menaces pour la santé des populations. Délivrés par des vendeurs ambulants non formés en la matière, ces produits s’avèrent être la cause des intoxications médicamenteuses et aussi des malformations congénitales selon toujours l’OMS.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.



éditorial

Sans transparence, pas de confiance

Sans transparence, pas de confiance

Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 657

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook


  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

    Sans transparence, pas de confiance

    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
  • Journal n° 657

  • Dossiers Pédagogiques