La BRB vient de plafonner les versements et les retraits en FBu. Pour les retraits, on ne dépasse pas 15 millions de FBu par jour et 100 millions de FBu par mois. Pour les versements, on ne va pas au-delà de 20 millions de FBu par jour. Et de découvrir les explications données par les économistes dans ce numéro

Tout détenteur de compte auprès d’un établissement de crédit ou d’une IMF ne peut retirer en cash qu’un montant inférieur ou égal à 15 millions de FBu par jour.
Désormais, tout détenteur de compte auprès d’un établissement de crédit ou d’une IMF ne peut retirer en cash qu’un montant inférieur ou égal à 15 millions de FBu par jour et 100 millions de FBu par mois, a indiqué vendredi le 13 janvier 2023 Dieudonné Murengerantwari, gouverneur de la BRB.
Il n’est pas non plus autorisé de verser en cash qu’un montant inférieur ou égal à 20 millions de FBu par jour. Au delà de ce plafond, il faut justifier l’origine des fonds. Pour les comptes en devises, les montants équivalant aux plafonds en FBu au taux de change moyen du jour de la BRB sont considérés.
Pour les gros montants situés au-delà des plafonds susmentionnés et même les petits montants, le public est invité à réduire autant que possible la manipulation du cash en exploitant les produits et services financiers à sa disposition, notamment les remises des chèques, les virements de compte à compte ainsi que les services financiers numériques.
Selon Murengerantwari, ces mesures ont été prises dans l’objectif de réduire la manipulation du cash, de moderniser le domaine du change et de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
«Une mesure salutaire»
Dans un pays où le niveau d’inflation est ainsi élevé, Nestor Bayubahe, professeur à l’Université Lumière de Bujumbura fait savoir que la mesure de la BRB de penser à réguler la circulation de la masse monétaire est salutaire. «Il s’observe une grande circulation de la masse monétaire qui ne rime pas avec la production. Par conséquent, la monnaie perd sa valeur et les prix des produits augmentent sur le marché», explique- t- il.
De plus, c’est pour freiner le mouvement des gens qui exercent des opérations bancaires avec de grosses sommes d’argent dont l’origine n’est pas connue. Selon Bayubahe, c’est insensé de classer le Burundi parmi les pays les plus pauvres alors qu’il s’observe des cagnottes d’argent sur certains comptes. Il précise cela, car certains placent leur argent sur leurs comptes ouverts dans les banques étrangères. Selon Bayubahe, ce comportement salit l’image du pays.
L’Olucome salue aussi cette mesure. Gabriel Rufyiri, président de cette organisation fait savoir qu’elle vient à point nommé. Elle est d’ailleurs inscrite dans l’article 12 de la loi de 2008 portant la lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme. A titre d’exemple, cette loi contraint toute personne qui dépose sur son compte un montant de 20 millions de FBu et plus d’expliquer l’origine de ces fonds.
Les résultats de la mesure de la BRB risquent d’être mitigés
Pourtant selon nos confrères du journal Ikiriho, pour Faustin Ndikumana, président de l’ONG Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Évolution des Mentalités (PARCEM), les résultats de la mesure de la BRB risquent d’être mitigés. Parmi les raisons de cette situation, il fait savoir que l’économie du Burundi est informelle à plus de 70%.
De surcroît, les taux de salarisation, de pénétration bancaire et de transaction d’argent sur les comptes sont trop faibles. Le pays n’a pas la culture de transfert d’argent de compte à compte. Plus encore, il n’y a même pas de sensibilisation sur l’utilité de l’usage du chèque bancaire quand on sait que dans les affaires, l’émission des chèques sans provision, pourtant fréquente, reste impunie.
Et d’ajouter que les coupures fréquentes de l’Internet dans le secteur bancaire constituent une autre calamité.
Notons que les mesures portant sur les retraits et les versements du cash entrent en vigueur respectivement dès le 16 janvier 2023 et le 15 février 2023 et s’appliquent tant aux personnes physiques qu’aux personnes morales. Avant l’échéance accordée, les versements et les retraits en compte sont libres.
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