Depuis plus d’une trentaine d’années, le Burundi a entamé des programmes d’ajustement structurel de l’économie. Malheureusement, certaines de ces initiatives sont tombées en désuétude sans véritablement porter les fruits escomptés pour des raisons liées aux déficiences découlant de la conception et de la mise en œuvre des documents de planification, des faiblesses institutionnelles et des chocs exogènes
Le Burundi est un pays qui a un taux de croissance démographique élevé. Selon les prévisions de l’ISTEEBU, la population du Burundi (estimée à 15 millions actuellement) aura doublé en 2050. Cette population aura besoin d’électricité, d’écoles, d’hôpitaux, de routes, d’espaces urbains de telle sorte qu’ils soient occupés de manière rationnelle avec une bonne gestion des transports et de la mobilité, du foncier et la création des conditions de développement économique pour les habitants.
La question est de savoir si les politiques actuelles sont entrain de tenir en compte tous ces facteurs ? La planification actuelle du développement sera-t-elle efficace dans la stimulation de la transformation ? De multiples programmes, plans, visions… qui ont déjà initié semblent n’avoir pas pu produire des résultats escomptés. Où ont- ils failli ?

Francis Rohero, cadre, enseignant et chercheur à l’Université du Burundi : « La planification n’est pas un travail de routine, mais une activité de leadership ».
Des programmes, il y en a eu, mais…
Depuis plus de trente ans, on est passé des programmes d’ajustement structurel, au Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté (CSLP I et II), à la Vision 2025, au Plan National de Développement, au Plan de la Ville de Bujumbura… Selon Francis Rohero, cadre et chercheur à l’université du Burundi, ces programmes sont des activités isolées d’un leader à part, mais qui ne constituent pas la vision globale d’un Etat. En réalité, toute planification qui découle des activités des techniciens ne sert pas une planification nationale telle que conçue par un individu qui essaie de donner des ordres, explique-t-il.
Pour Rohero, il y a toujours des documents qu’on peut lire à chaque instant. Ce n’est pas non plus un problème de techniciens, le Burundi en a suffisamment, dit-il. Tous ces programmes qu’on a eu avaient mobilisé des grands techniciens qui aidaient dans l’élaboration des documents. Pour lui, le problème réside en ce que penser l’autorité suprême en planifiant ? Qui va mettre en application ce qu’on planifie ? Est-ce que celui qui prend les décisions sait où il doit investir pour avoir le produit voulu. Est-ce qu’il sait que la planification est un processus incontournable ?
Pas de continuité de l’Etat
La planification a des valeurs à respecter. « Il n’y a pas une continuité d’Etat. Nous avons vu plusieurs projets arrêtés juste parce que les autorités ont changé. Dans la plupart des cas, les autorités ne savent pas continuer les projets commencés par leurs prédécesseurs », fait-il savoir. Il donne l’exemple des projets de construction des barrages hydroélectriques. « A un moment donné, Les autorités successives n’ont pas vu cette volonté comme étant une priorité pour la nation »
Le manque d’une surveillance quelconque constitue également un handicap dans la mise en application des plans et des programmes nationaux. Et Rohero de dire que grâce au rôle de surveillance joué par l’État, la planification du développement facilite l’affectation des maigres ressources aux priorités de développement
«La planification n’est pas un travail de routine»
La planification du développement est une méthode systématique d’identification, d’articulation, de hiérarchisation et de satisfaction des aspirations et des besoins économiques et sociaux d’un pays à l’intérieur d’une enveloppe donnée. Un processus qui inclut l’organisation des choix, l’ordre des priorités et surtout la classification des prérequis parce qu’on ne fait rien sans savoir ce qui existe déjà, explique Francis Rohero. Dans ce processus, il doit y avoir une élaboration budgétaire parce que tout ce qu’on pense doit être budgétisé. Tout ceci constitue un véritable défi pour n’importe quelle organisation : soient les entreprises soit l’Etat.
Il continue en expliquant que la planification n’est pas un travail de routine, mais que c’est une activité de leadership. Il doit y avoir une certaine applicabilité dans le moindre détail et surtout des exigences qui doivent être respectées.
Mais le problème pour ce chercheur est que tous les secteurs sont presque indépendant et suivent l’ordre d’un chef quelconque, mais non pas une réalité d’une politique organisée.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.