La pêche attire beaucoup de convoitises. Cette activité fait vivre des milliers de familles directement ou indirectement. Des pêcheurs aux commerçants détaillants en passant par les fournisseurs de poissons, chacun en tire profit. Les opérateurs privés occupent une place de choix. Ils sont les maîtres du jeu. Ils fixent les prix en fonction des moyens engagés pour capturer les poissons, les captures quotidiennes, le conditionnement et le transport du poisson.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication
Le poisson constitue est un produit très prisé sur le marché. Malheureusement, ces derniers jours, cette denrée riche en protéines se raréfie. Le prix du poisson augmente d’années en années. Le mukeke-poisson très apprécié-et les fretins ne sont pas à la portée de toutes les bourses. La production du poisson connait une courbe descente. Elle est passée de 77 165 tonnes à 22 000 tonnes entre 2004 et 2020. Pour cause, la pollution et l’intensification des activités de pêche. A cela s’ajoute l’inefficacité des engins utilisés pour capturer les poissons.
Les produits halieutiques constituent une manne pour l’économie nationale. Cependant, la pêche reste l’apanage des investisseurs privés qui ne visent qu’à satisfaire leurs propres intérêts. Certes, ces derniers participent au développement socio-économique (paiement des taxes, création d’emplois), mais la nationalisation de la filière pêche pourrait changer la donne. Cela permettrait d’acheter des bateaux de pêche, de mettre en œuvre les politiques de développement de l’environnement et de mettre en place des centres de conservation et/ou transformation du poisson. L’implication du gouvernement dans le traitement et la commercialisation du poisson à l’image du thé ou du café profiterait à l’économie nationale.
Dans un contexte de pénurie chronique des devises, nous osons croire que la filière pêche peut booster l’économie nationale. Cela requiert un engagement ferme de la part des pouvoirs publics. Il faudra ainsi des investissements conséquents en infrastructures de transport et de conservation du poisson. Le développement de la pisciculture n’arrive pas à combler le déficit protéinique. L’offre est de loin inferieure à la demande. Certaines régions du pays ne sont pas du tout desservies. Le poisson est de plus en plus consommé dans les agglomérations et les régions riveraines des lacs. En ce sens, il serait préférable de mettre en place une stratégie de développement de la pêche. Cela permettra d’exploiter durablement les ressources halieutiques.
La pêche se trouve dans un imbroglio inextricable. Les petits exploitants s’opposent aux réformes entreprises (port des gilets de sauvetage, bientôt l’immatriculation des bateaux de pêche, instauration de la carte professionnelle, etc.). Au lieu de coopérer, ils migrent vers la Tanzanie ou la République Démocratique du Congo. Pour redynamiser la filière pêche, les autorités habilitées devraient se saisir de la question. Cela permettra d’identifier les défis majeurs qui hantent la filière pêche et apporter des solutions durables. Il semble que la pêche reste une activité réservée aux « initiés » au lieu d’être un métier libéral.
Le gouvernement devrait s’impliquer davantage dans la filière pêche pour réguler la commercialisation des poissons. La conquête des marchés d’écoulement est cruciale en cas de surproduction des poissons. La faiblesse des facteurs de production fait que les prix restent volatiles. Les invendus pourrissent, car les commerçants ambulants peinent à écouler leurs produits. Des accords d’échanges commerciaux avec les pays de la sous-région, en l’occurrence la RDC ou le Rwanda pourraient voir le jour. Bref, l’augmentation de la production des poissons et la prospection des marchés d’écoulement restent une priorité absolue pour miser sur ce secteur.
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