Chaque fois que les pluies diluviennes s’abattent sur Bujumbura ou ses environs, elles causent des dégâts. La nuit du 17 au 18 mars 2020, c’est le sud de la capitale économique qui a été touché. Burundi Eco s’est rendu dans un des quartiers victimes de ces pluies et a trouvé les habitants en désarroi

Tout le quartier, c’est-à-dire toute la partie qui va du pont à l’école internationale de Bujumbura était en détresse
La nuit du 17 au 18 mars 2020 n’a pas été meilleure pour les habitants du quartier Kinanira III tout près du pont autrefois appelé Bunanka. Pour plus de précision, il s’agit du tronçon qui va de la RN7 vers l’école internationale de Bujumbura pour rejoindre la RN3 communément appelé « Kumpanuka ». Pour traverser ce tronçon, on passe par un pont qui y est érigé qui, selon les habitants, est la cause des malheurs qu’ils encourent ces derniers jours.
La désolation sur les yeux
Après avoir eu l’information sur une catastrophe qui se serait abattue sur une partie du quartier Kinanira III, on s’est rendu immédiatement sur les lieux vers 9 h du matin. Les dégâts sont énormes : des clôtures de parcelles écroulées, des maisons inondées, des voitures et des meubles emportés par les eaux. Tout le quartier, c’est-à-dire toute la partie qui va du pont à l’école internationale de Bujumbura était en détresse. Les habitants étaient en train de faire sortir certains meubles pour tenter de sauver quelques-uns, sauf que tout était abîmé. Sur une partie de la RN3 juste devant l’hôpital Kira, la route était méconnaissable. Elle était inondée de boues à tel point qu’elle était impraticable par les motos et les tuks-tuks. La désolation se lisait sur les yeux des habitants.

Les maisons ont été inondées et les meubles abîmés
Les buses sous-dimensionnées
Cette partie du quartier dévastée abrite en grande majorité les officiers de l’armée et de la police. Certaines personnes avec qui nous nous sommes entretenus nous ont dit que le pont a été réhabilité par l’armée, il y a de cela environ trois ans. Cependant, ils indiquent qu’à cette époque ils avaient dénoncé la manière dont les buses de ce pont sont construites. Ils ont dit qu’ils avaient prédit le danger, mais qu’on l’avait sous-estimé. Au fait, ils expliquent que les eaux de pluies viennent avec une forte pression, arrachent les arbres et d’autres détritus sur leur passage. Ce sont ces derniers qui vont boucher les buses qu’ils jugent de petits diamètres. Dans leurs lamentations ponctuées une forte colère, ils disaient qu’ils préfèrent que le pont soit démoli au lieu qu’il mette leurs biens surtout leurs vies en danger.
L’inaction des autorités municipales
Les habitants de ce quartier dénoncent l’inaction des autorités municipales. « Nous ne comprenons pas pourquoi jusqu’à présent aucune autorité de la mairie n’est venu nous secourir, par exemple nous aider à enlever les boues. A quoi sert l’impôt locatif que nous payons ? La mairie devrait prendre la responsabilité de nous secourir en cas de besoin », se lamentent-ils en colère. D’autres arrivent même à crier peut-être sous l’effet de la colère que si rien n’est fait dans l’immédiat, ils vont démolir eux-mêmes le pont.
Le cauchemar vécu par les habitants de ce quartier la nuit du 17 au 18 mars serait partagé par d’autres quartiers du Sud de la ville de Bujumbura. Une preuve que l’aménagement du territoire et la gestion des catastrophes affiche laisse encore à désirer.
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