L’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU) vient de présenter les résultats de l’Enquête Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages au Burundi (EICMB). Ainsi, il ressort de cette enquête que presque la moitié de la population burundaise, soit 51,4% sont pauvres. Cependant, il existe des disparités selon le milieu, le niveau d’instruction, l’âge et le sexe
La collecte des données de la présente Enquête Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages au Burundi (EICVMB, 2019-2020) a été réalisée depuis mars 2020 jusqu’à février 2021 sur tout le territoire national. Les résultats de cette enquête montrent que 43,7 % des ménages sont pauvres. Cette pauvreté est liée au statut du chef de ménage. « En considérant la population totale, la pauvreté monétaire individuelle est estimée à 51,4%. En d’autres termes, presque la moitié de la population burundaise est pauvre », lit-on dans le rapport.
Par rapport à la pauvreté non monétaire, les résultats de l’enquête montrent que 53,1% de la population sont pauvres. Selon le milieu de résidence, la proportion des pauvres est beaucoup élevée en milieu rural (56,7%) qu’en milieu urbain (22,5%).
D’après ce rapport, les ménages ruraux au Burundi sont plus exposés aux risques d’être pauvres comparativement à ceux du milieu urbain. « L’accès aux principaux services sociaux de base contribue à faire baisser la probabilité d’être pauvre ». A titre illustratif, les ménages ayant plus de possibilités d’accès à l’électricité ont une probabilité plus faible d’être pauvre monétairement (-22,5%) comparés à ceux qui ont plus de difficultés à y accéder.

Les ménages ruraux au Burundi sont plus exposés aux risques d’être pauvres comparativement à ceux du milieu urbain. (Photo : ©Yaga Burundi)
La scolarisation, un antidote à la pauvreté ?
D’après le rapport, le sexe du chef de ménage induit des risques différentiels sur la pauvreté monétaire. Le risque d’être pauvre diminue significativement (-8,1%) pour la dimension monétaire lorsqu’un ménage est dirigé par une femme. Par contre, la pauvreté en conditions de vie augmente de 3,7% lorsqu’un ménage est dirigé par une femme. Ce résultat pourrait s’expliquer par la tendance des femmes à être plus rationnelles par rapport aux hommes lorsqu’elles sont chefs de ménage. Les résultats montrent que plus le niveau d’instruction du chef de ménage augmente, plus la probabilité que ce dernier soit pauvre baisse. Ainsi, la probabilité d’être pauvre baisse de 15,1% lorsqu’on passe d’un chef de ménage ayant le niveau secondaire à celui ayant le niveau supérieur. La probabilité d’être pauvre augmente quand on passe du niveau d’instruction secondaire au niveau primaire ou sans niveau respectivement de 15,5% et 21,6%.
Le niveau de pauvreté régresse
La comparaison des niveaux de pauvreté entre 2014 et 2020 fait ressortir qu’au niveau de la population totale, le taux de pauvreté a diminué passant de 64,6% en 2014 à 62,8% en 2020. Le taux de pauvreté monétaire individuelle a diminué de 1,8%. Selon le milieu de résidence, il y a eu une augmentation de 24,3 % dans le milieu urbain tandis qu’il y a eu une diminution de 4,5 % dans le milieu rural.
L’ISTEEBU recommande aux planificateurs du développement de renforcer les programmes des filets sociaux et de sécurité pour essayer de relever les ménages se trouvant dans la pauvreté absolue. Ce qui constituerait une des voies les plus appropriées pour soulager les conditions de vie des populations les plus démunies. En outre, il faudra tirer un meilleur profit de la dynamique propre aux activités du secteur informel étant donné que ce dernier contribue à la création des emplois et de la richesse nationale. Enfin, le rapport suggère la promotion des infrastructures de développement dans les zones rurales. Cela permettra de diminuer l’exode rural des populations qui sont économiquement actifs.
1. La pauvreté : La pauvreté est une situation illustrant une insuffisance des ressources matérielles (manque d’argent) et des conditions de vie (logement, équipements, participation à la vie sociale et économique, etc.), ne permettant pas à des individus de vivre quotidiennement de façon digne selon les droits légitimes et vitaux de la personne humaine.
2. La pauvreté monétaire : C’est le manque d’argent, entraînant les difficultés pour se nourrir, s’habiller, se loger. Elle traduit un manque de ressource pour satisfaire les besoins essentiels. Ainsi, un individu sera dit pauvre dès lors que le montant de revenu dont il dispose pour satisfaire ses besoins vitaux de base (se nourrir, s’habiller, se loger, aller à l’école, etc.) est inférieur à un certain seuil dit « seuil de pauvreté » qui constitue de fait un minimum vital.
3. La pauvreté non monétaire : Elle résulte de l’impossibilité de satisfaire les besoins qui permettent de mener une vie décente dans une société donnée et fait référence à une alimentation insuffisante ou à la malnutrition, à l’absence d’éducation, d’un logement salubre.
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