La longue fermeture de la frontière de Gatumba entre le Burundi et la RDC imposée par la Covid-19 depuis mars 2020 a officiellement pris fin le premier jour du mois de juin 2021. Les opérateurs économiques ont poussé un ouf de soulagement. Cependant, les conditions restent difficiles pour la plupart de traders. Les frais exigés pour la traversée de la frontière ne sont supportables que pour certains. Reportage
Il est 11heures passées. La journée est ensoleillée. Désormais, le poste frontière de Gatumba n’est plus ennuyeux comme c’était le cas pendant les mois passés. Il y a du monde. Tout indique que le mouvement a repris entre les deux pays. A des dizaines de mètres de la frontière, deux policiers demandent les documents pour vérification aux gens qui veulent entrer en RDC. A côté d’eux, un dispositif destiné au lavage des mains pour ceux qui le veulent. Plusieurs taxi-voitures sont garées au bord de la route en attente d’une éventuelle opportunité de déplacement. De l’autre côté, ce sont les motards et les taxi-vélos qui guettent un demandeur de service. Dans un calme relatif, chacun de ces tramsporteurs attend que son tour arrive pour gagner quelques sous.

Les frais exigés pour la traversée de la frontière ne sont supportables que pour certains.
Le trafic réduit au minimum
Tout près de la route, des places ont été aménagées pour le dépistage de la Covid-19. Depuis la chaussée, on peut apercevoir les agents de santé enveloppés dans leurs blousons blancs et retirés dans leurs bureaux. Une vingtaine de gens attendent leur tour. Ce sont des voyageurs. Un peu plus loin, tout près de la frontière proprement dite, le bureau de l’OBR et une agence de la Bancobu sont ouverts. Les agents de l’OBR s’activent à vérifier un grand tas de pagnes devant des femmes qui semblent s’ennuyer. Des véhicules arrivent du côté de la RDC et veulent entrer au Burundi, certains transportant quelques quantités de marchandises. De même, ceux qui viennent du Burundi, apparemment moins nombreux doivent entrer en RDC.
Devant le bureau de l’OBR, un jeune homme se tient tout près de son véhicule transportant des planches. Ce Congolais dealer de planches en bois jette l’éponge. « C’est vraiment difficile et nous faisons face à d’innombrables défis », lance-t-il avant de s’éloigner. Un taximan interrogé sur son appréciation de la situation explique : « Nous avons accueilli la nouvelle de la réouverture de la frontière avec enthousiasme, mais le trafic reste très limité ». Pour cet homme vivant du volant, il faudrait diminuer les frais exigés aux voyageurs afin de booster les activités à cette frontière.
Spéculations et polémiques autour des frais de voyage
Pour traverser la frontière, le test de dépistage du Covid-19 est obligatoire. Cependant, les deux pays frontaliers ne gèrent pas le cas de la même façon. Pour entrer au Burundi en provenance du Congo, le voyageur doit verser 15 000 FBu s’il est Burundais et 30 USD s’il est de nationalité congolaise, tandis que la sortie est gratuite. Ces informations reçues d’un des policiers officiant à la frontière sont confirmées par un Burundais qui vient de rentrer de la RDC. Ce dernier affirme que du côté de la RDC, les services de santé sont très durs avec les voyageurs Burundais. « On est exigé de payer à la sortie comme à l’entrée », indique-t-il. Les Burundais accusent les services congolais d’entretenir des spéculations sur les frais exigés pour l’entrée. « On ne sait même pas combien il faut payer. On discute avec les services qui visent à faire payer plus aux Burundais et on peut payer jusqu’à plus de cinquante mille FBu », se lamente ce Burundais qui rentre fraichement de la RDC.
Selon des témoignages reçus sur place, les Congolais pénalisent les Burundais sous prétexte que le Burundi fait payer plus d’argent aux Congolais qu’aux Burundais. Contrairement aux Burundais qui se lamentent, une femme congolaise qui vient d’entrer au Burundi affirme: « J’ai payé 5 USD pour la sortie du côté de la RDC parce que j’ai été testé négatif au covid-19 ». Interrogée sur cette question, une policière surveillant les entrées et les sorties donne une version contraire aux témoignages des passants. « Pour entrer en RDC, les voyageurs paient 5 dollars et 2000 FBu. Pour ceux qui sortent, c’est 5 Dollars seulement. C’est tout », martèle la policière qui s’en va contrôler une voiture qui arrive.
Si la réouverture de la frontière est une bonne nouvelle pour les opérateurs économiques en particulier et les voyageurs en général, le blocage persiste au niveau du petit commerce. Les frais à payer pour la traversée de la frontière empêche drastiquement les petites affaires de prospérer.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.