La hausse du prix de la farine a occasionné celle du prix du pain. Dans les grandes boulangeries et les boutiques de la capitale économique Bujumbura, le prix du pain a augmenté d’au moins 8%. Les consommateurs se lamentent
Dans une conférence de presse organisée par l’Association des Producteurs Artisanaux du Pain du Burundi (APPBU), les boulangers se lamentaient de la hausse du prix de la farine de blé qui est le principal produit utilisé dans la fabrication du pain. Selon Mariam Ndayisenga, présidente de l’APPBU, le prix d’un sac de farine de blé de 25 kg est passé de 43.000 à plus de 54.000 francs burundais tandis qu’un bidon de l’huile de coton de 20 litres a connu une hausse de 10.000 francs burundais.

Dans certains points de vente de la capitale économique Bujumbura, le pain qui se vendait à 500 FBu est passé à 600 FBu, celui qui se vendait à 1000 FBu est passé à 1200 FBu et celui de 2000 FBu se vend actuellement 2400 FBu.
Ils menaçaient de revoir à la hausse le prix du pain si cette hausse exponentielle du prix de la farine de blé n’est pas enrayée. Ce qu’ils n’ont pas tardé à faire. Dans certains points de vente de la capitale économique Bujumbura, le pain qui se vendait à 500 FBu est passé à 600 FBu, celui qui se vendait à 1000 FBu est passé à 1200 FBu et celui de 2000 FBu se vend actuellement 2400 FBu.
Pourquoi cette spéculation ?
Ça fait quelques jours que le prix du pain a augmenté. Cela est le résultat direct de la flambée du prix de la farine de blé. Dans différentes alimentations et boutiques de la capitale économique Bujumbura, le prix du pain a augmenté et les boulangers qui se sont entretenus avec Burundi Eco justifient cette hausse du prix du pain par la hausse du prix de la farine du blé qui est à la base de la fabrication du pain. A l’entrée de certaines boulangeries expliquant le pourquoi de cette hausse est affiché. Ce à l’intention des clients.
Burundi Eco a fait le tour de certains magasins grossistes de la farine de blé. Certains étaient fermés, d’autres indiquaient que les stocks se sont épuisés. Pour les petits détaillants, un kg de farine blé est passé de 2000 FBu à 2200 FBu. Les importateurs arguent la difficulté d’importer et le prix du blé qui a grimpé sur le marché international. D’autres disent que les grossistes spéculent sur la farine de blé pour hausser les prix sans motifs valables. Burundi Eco a voulu savoir ce qu’en disent les usines de fabrication, mais les a manqués.
Le consommateur en paie le prix
Les conséquences de cette hausse du prix du pain sont énormes. Les consommateurs en souffrent énormément. Ceux qui ont des enfants habitués à prendre le pain le matin ou le soir sont dans la désolation. L’ABUCO (Association Burundaise des Consommateurs) trouve d’ailleurs que cette hausse est catastrophique du fait que le pain est l’une des denrées de première nécessité. Ainsi, la population en générale est victime de l’augmentation de son prix, notamment les enfants parce qu’ils en consomment beaucoup. Selon Pierre Nduwayo, président de l’ABUCO les parents seront obligés de l’acheter à n’importe quel prix, même si cela aura des répercussions sur la santé financière des ménages.
La consommation augmente mais la production nationale baisse
Pour fabriquer le pain, on utilise la farine de blé. Le blé, qui est la 3ème céréale cultivée au Burundi après le riz et le maïs. Toutefois, sa production chute chaque année. Cela est dû à beaucoup de choses, entre autres l’apparition de nouveaux modes de consommation alimentaire au Burundi qui est une conséquence de l’urbanisation rapide du pays entraîne une augmentation de la demande de blé qui fait grimper le coût des importations et rend difficile la question de la sécurité alimentaire.
Les russes, les turques, les algériens, les serbes, les bulgares, les allemands, les chypriotes, les grecs, les français sont souvent classés parmi les 10 nationalités qui bouffent beaucoup le pain. Cependant, le pain est convoité par tous les résidents de la planète terre malgré les transformations sérieuses liées à la nouvelle technologie et les nouveaux produits additifs. Les Burundais en font partie même jusqu’aux coins les plus reculés du pays, mais là c’est surtout avec les beignets. Dans d’autres pays, la hausse du prix du pain a constitué l’élément déclencheur des soulèvements populaires. Le Soudan en est l’exemple. La forte hausse du prix du pain avait constitué l’élément déclencheur des manifestations qui ont provoqué le coup d’Etat et la chute d’Omar el-Béchir.

Chrysologue Mutwa, Directeur Général du Commerce : « le ministère a discuté avec les opérateurs du secteur, pour que les spéculations autour du prix de la farine cessent »
Cependant, les producteurs de blé au Burundi ne sont pas nombreux actuellement au Burundi. Même les petits cultivateurs qui semblent intéressées par cette culture produisent une variété qui n’est pas appréciée par les usines de fabrication de la farine de blé. La production insignifiante fait que même les trois usines qui produisent la farine de blé à savoir : Azam, Azania et Minolacs doivent importer le blé en quantité suffisante en provenance de Pologne, de la Belgique, de Russie, du Canada. La liste n’est pas exhaustive.
D’après le rapport du second trimestre de 2019 de l’Office Burundais des Recettes, la quantité de la farine de blé importée est passée de 2048 tonnes en 2018 à 5228, 5 tonnes en 2019, soit une variation de 155,3%.
Le blé : production, demande et cotation au niveau mondial
Le blé domine le commerce international des céréales. Avec quelque 130 millions de tonnes par an, la Chine est de loin le premier producteur de blé au monde, suivie de l’Inde (90 millions de tonnes), des Etats-Unis et de la Fédération de Russie, avec plus de 60 millions de tonnes chacun suivi par la France (40 millions de tonnes). À l’échelle du globe, la production du blé stagne depuis le début des années 2000, oscillant ces dernières années entre 650 et 700 millions de tonnes produites par an. Les progrès horticoles ont considérablement amélioré les rendements des cultures de blé à partir des années 1950. En France, les rendements ont ainsi été multipliés par 7 entre le début des années 1950 et le début des années 2000. L’hybridation des semences de blé est notamment célèbre pour avoir permis la « révolution verte » en Inde au cours des années 1970. Les progrès dans la culture du blé sont désormais marginaux.
Environ 70% de la production du blé est destinée à l’alimentation humaine. Le blé dur sert essentiellement à la confection de pâtes alimentaires et de semoule, tandis que le blé tendre permet la fabrication du pain, ou est utilisé sous forme de fourrage pour l’alimentation animale. Environ 10% de la production est utilisée dans l’industrie où ses utilisations sont variées, allant des cosmétiques au bioéthanol. À noter qu’au cours des 60 dernières années, la consommation mondiale de blé a plus que quadruplé.

Evolution du prix du blé sur le marché international pour le mois de novembre.
Le blé s’échange sur le Chicago Board of trade (CBoT) en US cent/boisseau. Le boisseau (US gallon) correspondant à un volume d’environ 35 dm 3 représentant un poids d’environ 27 kg de blé. Le CBoT est le centre mondial de fixation du prix des denrées alimentaires.
Evolution des prix du blé au niveau international
Chaque année, les prix du blé peuvent varier en fonction des récoltes attendues, les variations des prix du blé dépendant ainsi des observations climatiques dans les grandes régions productrices. Malgré l’irrigation, un début d’été trop sec ou au contraire trop humide se traduit généralement par des récoltes moins abondantes et donc une hausse des prix du blé. À titre d’exemple, en juillet 2010, la sécheresse en Russie avait provoqué une hausse des prix de 75% à l’échelle mondiale à cause des craintes de pénurie. Peu de temps auparavant, entre juin 2007 et mars 2008, les cours du blé à Chicago avaient connu un pic à 13 USD le gallon également pour des raisons climatiques. Les cours ont par la suite retrouvé des niveaux plus faibles, autour de 5 USD à 7 USD depuis la mi-2013 jusqu’en 2015. A
Des solutions à l’horizon ?
D’après les informations relayées par nos confrères de la radio Isanganiro, le Directeur Général du Commerce annonce qu’ils ont discuté avec les opérateurs du secteur, pour que les spéculations autour du prix de la farine cessent. Et de préciser que des mesures appropriées seront prises à l’encontre des spéculateurs. Chrysologue Mutwa ajoute que s’il y a des problèmes qui font que réellement ces prix augmentent, le ministère va s’entretenir avec les concernés.
Cependant, pour le président de l’ABUCO, même s’il y aurait des problèmes qui justifieraient cette hausse, ce n’est pas aux consommateurs de supporter la charge. Il lance un vibrant appel au gouvernement du Burundi pour qu’il prenne des mesures qui ne rendent pas la vie encore difficile aux consommateurs. Il propose l’exonération de la farine.
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