Certains prix des produits importés sont presque les mêmes que ceux des produits locaux de même nature. Les consommateurs estiment que cela est lié à la quantité produite, à la vente sur pied et aux commissions
Les prix des produits importés, surtout les produits agroalimentaires sont presque les mêmes que ceux des produits locaux. Cela si on tient compte de leur nature. Ce qui se remarque souvent sur les produits importés dans la sous-région comme le riz, le sucre, le lait…Pourtant, ces produits importés sont passés par de multiples circuits pour arriver sur le marché local. On peut citer notamment un long trajet, le paiement du coût de transport, le coût du conditionnement, de la transformation et de la conservation, le coût du chargement et du déchargement…
Par ailleurs, certaines matières premières utilisées dans la fabrication des produits industriels locaux sont souvent exonérées d’impôts et de taxes.
La production et la vente sur pied à l’origine de ce phénomène
Pierre Nduwayo, président de l’Association Burundaise des Consommateurs (ABUCO) reconnait la disproportion des prix entre les produits importés et ceux fabriqués localement. Il qualifie ce phénomène de deux manières.

Pierre Nduwayo, président de l’ABUCO : « Lorsqu’on produit à suffisance, ce qu’on gagne en vendant à moins cher est récupéré par rapport à la quantité commercialisée ».
« Nous sommes au courant de ce qui se passe concernant les prix pratiqués au marché. A titre d’illustration, une grande partie du riz consommée au Burundi est importée de la Tanzanie. En 2020, le prix du riz au niveau national n’a pas subi de grandes variations. On avait une grande quantité de riz en provenance de la Tanzanie dont le prix était abordable par le consommateur. Les producteurs locaux avaient du mal à imposer les prix de leur production », informe le président de l’association chargée de défendre, de faire la plaidoirie et d’éduquer les consommateurs.
Selon lui, les producteurs locaux du riz se plaignaient qu’ils le vendaient à moins cher, car celui-ci était concurrencé par le riz importé.
M.Nduwayo affirme également que la pomme de terre importée se vend souvent à moins cher comparativement à la pomme de terre produite localement.
« Même si plus de 90% de la population vivent de l’agriculture, notre agriculture est de subsistance. La population produit pour la consommation. Elle n’a pas de surplus à mettre sur le marché », explique-t-il avant de souligner que même au niveau des produits fabriqués industriellement, on utilise beaucoup de forces. Ce qui occasionne la hausse des prix dans le souci de récupérer les dépenses engagées.
Le président de l’ABUCO rappelle que sous d’autres cieux on pratique une agriculture intensive, qui donne une production importante.
« Lorsqu’on produit à suffisance, ce qu’on gagne en vendant à moins cher est récupéré par rapport à la quantité commercialisée », signale M.Nduwayo.
Par ailleurs, insiste-t-il, il y a des spéculations dans le secteur agricole, des ventes sur pied sans oublier des commissions engrangées dans la commercialisation des produits agricoles.
Comme solution à ce défi, le président de l’ABUCO certifie que la production collective serait un des moyens pour pallier à la faiblesse de la production.
De plus, poursuit-il, les subventions sont aussi des investissements colossaux afin de produire de grandes quantités. M.Nduwayo se réjouit que le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage a commencé à subventionner les engrais et à fixer les prix de certains produits. Cela en tenant compte des efforts fournis par le producteur et du pouvoir d’achat des consommateurs. Il estime que cela se fera même sur d’autres produits tout en essayant de décourager les spéculateurs et les commissionnaires.
Si on se réfère aux statistiques du bulletin de l’Office Burundais des Recettes (OBR) du deuxième trimestre de l’année 2020, la balance commerciale du second trimestre 2020 accuse un déficit de 385 918,9 millions de FBu. Par rapport à la même période de 2019, elle s’est détériorée de 43,3%. Les échanges commerciaux ont diminué de 4,3% par rapport à la même période de 2019. Le taux de couverture des importations par les exportations a perdu 19,5 points au second trimestre 2020, passant de 26,9% en 2019 à 7,4% en 2020. C’est-à-dire que la quantité des produits exportés reste inférieure à la quantité des produits importés.
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