En dépit des mesures prises par le ministère du commerce pour faire respecter les prix des produits stratégiques, des spéculations sur les prix des produits Brarudi perdurent. Les prix appliqués dans les débits de boissons diffèrent d’un quartier à l’autre dans la ville de Bujumbura. Les propriétaires des bars s’arrogent le droit d’augmenter les prix. Les consommateurs tirent la sonnette d’alarme. Ils demandent aux administratifs de prendre à bras-le-corps cette problématique
Les autorités s’activent à décourager les commerçants spéculateurs. Ce phénomène devenu endémique pour les produits locaux (ciment, produits Brarudi, etc.) inquiète plus d’un. Par ailleurs, il perdure. Des reporters de Burundi Eco ont sillonné mardi le 23 février 2021 certains quartiers de la ville de Bujumbura pour se rendre compte des prix pratiqués pour les différents produits de la Brarudi. Force est de constater que les commerçants s’arrogent le droit de revoir à la hausse les prix par rapport aux prix officiels.
Dans la plupart des cabarets et des boutiques visités dans les quartiers Kanyosha, Kibenga, Nyabugete de la commune de Muha, Buyenzi et Bwiza de la commune Mukaza et Kajaga de la commune Ntahangwa, les commerçants des produits Brarudi spéculent. Une bouteille d’Amstel 65 cl coûte 2 000 FBu au lieu de 1800 FBu et celle d’Amstel petit format (50 cl) s’achète à 1 500 FBu au lieu de 1 400 FBu. Celle du Primus 50cl varie entre 1100 FBu et 1200 FBu au lieu de 1000 FBu. Quant à celle d’un Fanta, le prix varie entre 800 FBu et 1000 FBu au lieu de 700 FBu. Pour l’Amstel bock, c’est le pire ! Le prix a augmenté de façon exponentielle. Il varie entre 15 00 et 2 500 FBu au lieu de 1300 FBu. Cependant, pour l’Amstel Royal et la Primus 72 cl dit Mammy, les prix restent inchangés.
Grognes chez les consommateurs !
Il est 15 heures précises, le bar «chez Nicayenzi» situé à la 7ème avenue de la zone de Kanyosha ouvre les portes à ses clients. Le respect de l’heure n’est pas une préoccupation. Pour rappel, les autorités avaient fixé à 17h l’ouverture des débits de boissons. Le « vétérinaire » prépare les braseros, la viande à griller et d’autres ingrédients. A l’intérieur du bar, deux hommes étanchent leur soif, en savourant l’Amstel 65 cl. En même temps, les serveurs rangent les tables et les chaises. De jeunes hommes, autour de cinq, jouent au billard.
Norbert Nduwimana rencontré au comptoir au bar Chez Nicayenzi en train de déguster une Amstel bien fraiche est indigné par la spéculation rampante sur les prix des produits Brarudi. Il affirme qu’il consomme toujours de l’Amstel 65 cl à 2000 FBu. Le même prix est appliqué chez les boutiquiers et les kiosques du quartier. C’est déplorable qu’un bar qui est à 300 m d’un méga SSD puisse vendre l’Amstel 65 cl à 2000 FBu, regrette cet amateur de la sainte mousse. Et d’ajouter que la spéculation se fait au vu et au su de tout le monde. «D’ailleurs, certains d’entre eux fréquentent ces bars pour consommer», se lamente M. Nduwimana. Il dénonce le fait que certains cabaretiers font grimper les prix alors que la qualité des chaises laisse à désirer. Ils n’ont aucune raison pour augmenter les prix.
Norbert Nduwimana demande à l’administration locale de suivre de près cette problématique.
Dans le quartier Kibenga, la situation est la même. Vers 16h 30 minutes, notre équipe débarque devant un kiosque en bois. Cet abri de fortune se trouve à l’avenue Large, côté quartier Kibenga. Trois motards garent à côté et deux d’entre eux commandent la Primus 72 cl, un autre savoure l’Amstel 65 cl (pour 2000 FBu). Cet homme indique qu’il n’a pas de choix.

En dépit des mesures prises par le ministère du commerce pour faire respecter les prix des produits stratégiques, les spéculations sur les prix des produits Brarudi perdurent.
Le coût du transport se répercute sur le prix d’achat
Les gestionnaires des bars convergent sur les mêmes causes de la spéculation sur les prix des produits Brarudi. Ils évoquent que la carence de certaines boissons de la gamme Amstel (65 cl et 50 cl et Bock) et les frais de transport des boissons sont à la base de la hausse des prix des boissons de la Brarudi.
Un jeune homme, gérant d’un bar dans le quartier de Kibenga abonde dans le même sens en justifiant que la hausse des prix de certaines boissons de la Brarudi est liée à leur pénurie. Un serveur dans le même bar révèle que l’Amstel 50 cl se raréfie depuis vendredi, le 19 février 2021. Le gestionnaire du Mega SSD situé au quartier Musama de la zone Kanyosha le confirme. A ce point d’approvisionnement, l’Amstel 50 cl et l’Amstel Bock sont introuvables. Une femme qui vend de bière dans une boutique de la zone Bwiza précise que pour s’approvisionner en Amstel au mini-mega, elle doit également acheter des Fanta.
Face à ce phénomène, les gestionnaires des bars arguent qu’ils sont obligés de s’approvisionner dans d’autres lieux. Du coup, ils doivent payer des frais de transport supplémentaires. « Parfois, on ne trouve pas de boissons à la SSD la plus proche. Dans ce cas, nous sommes obligés d’aller s’approvisionner au marché Bujumbura City Market (BCM) dit chez Sion. Une jeune femme gérante d’un bar situé à l’avenue Large fait savoir que normalement, pour une caisse d’Amstel, clarifie-t-elle, on engrange un bénéfice de 2 000 FBu. « Si on ajoute les frais de transport, on ne peut pas vendre une Amstel à 1 800 FBu. Sinon, c’est une perte sèche», explique-t-elle.
S’enrichir sur le dos des consommateurs
La spéculation permet aux commerçants d’engranger des bénéfices énormes. Pour l’Amstel 65 cl, en vendant une bouteille à 2 000 FBu, le spéculateur gagne 4 400 FBu par caisse. Pour un commerçant qui écoule en moyenne 10 caisses d’Amstel 65 cl, il enregistre un bénéfice de 44 000 FBu par jour.
Pour l’Amstel 50 cl, les commerçants spéculateurs gagnent plus du double, soit 4 600 FBu par caisse au lieu d’un bénéfice de 26 00 FBu en vendant au prix officiel (1400 FBu). Pour un commerçant qui écoule en moyenne 5 caisses d’Amstel 50 cl, il enregistre un bénéfice de 23 000 FBu par jour.
Pour l’Amstel Bock, en vendant une bouteille à 2000 FBu, les commerçants spéculateurs gagnent une somme énorme de 22 200 FBu au lieu d’un bénéfice de 5 400 FBu en vendant au prix officiel (1300 FBu).
Pour un commerçant qui écoule en moyenne 5 caisses de Bock, il enregistre un bénéfice de 111 000 FBu par jour.
La protection des intérêts des citoyens
Arthémon Mvuyekure, chef de la zone Kanyosha fait savoir qu’il est nouvellement nommé à ce poste et qu’il n’a donc pas d’informations sur la hausse des prix des produits Brarudi dans sa zone. Et de promettre qu’il va consulter les chefs de quartiers pour se rendre compte si les bars font la spéculation ou pas.
Patience Itangishaka, chef de la zone Kinindo dit qu’il n’est pas au courant de la situation, mais que lorsqu’un consommateur dénonce les spéculateurs, ces derniers sont punis. « Nous leur infligeons des amendes ».
La rédaction a essayé de joindre la Brarudi pour une éventuelle réaction sans succès.
Le ministère en charge du commerce promet de s’exprimer sur le sujet dans nos éditions ultérieures.
Tarifs appliqués dans certains débits de boissons
Quartier |
Bar |
Boissons |
Prix/FBu |
Kanyosha |
7e Av. Bar Chez Nicayenzi |
Amstel Amstel Royale Primus 72 cl Petit Amstel Petit Primus Bock Fanta Viva Malt/Tangawizi |
2000 2000 1500 1500 1100 1500 800 1000 |
Snack Bar “Kw’iriba” |
Amstel Amstel Royale Petit Amstel Primus 72 cl Petit Primus Bock Fanta Viva Malt /Tangawizi |
2000 2200 1600 1700 1200 1500 900 1000 |
|
Nyabugete |
Kaze Olympa Bar |
Amstel Amstel Royale Petit Amstel Bock Primus 72 cl Petit Primus Fanta Viva Malt/Tangawizi |
2000 2000 1500 1700 1500 1100 800 1000 |
Kinindo |
Bar “Buja Kin” |
Amstel 65 cl Amstel Royale Petit Amstel Bock Primus Petit Primus Fanta |
2200 2200 1500 1700 1600 1200 1000 |
Bwiza |
6e avenue numéro 60 |
Amstel 65 cl Amstel Royale Amstel 50 cl Primus 72 cl Petit Primus Bock Fanta Viva Malt/Tangawizi |
2000 2000 1500 1500 1200 1500 1000 1000 |
Kibenga |
Une boutique sur avenue du Large
|
Amstel 65 cl Amstel Royale Amstel 50 cl Primus 72 cl Primus 50 cl Bock Fanta Viva Malt/Tangawizi |
2000 2000 1500 1500 1100 1500 700 800 |
Buyenzi |
7e avenue, numéro 49 |
Amstel 65 cl Amstel Royale Amstel 50 cl Primus 72 cl Petit Primus Fanta Viva Malt/Tangawizi |
2000 2000 1500 1500 1100 800 800 |
Prix des produits Brarudi par ‘caisse/casier’ chez le grossiste à Buyenzi (14e avenue)
Boissons |
Prix par caisse en FBu |
Amstel 65 cl |
19 600 |
Amstel Royale |
34 400 |
Amstel 50 cl |
25 400 |
Bock |
25 800 |
Primus 72 cl |
16 500 |
Primus 50 cl |
18 400 |
Fanta |
14 200 |
Viva Malt/Tangawizi |
16 300 |
N. B : Ces prix sont les mêmes pour la SSD Kinindo et la Mega SSD qui se trouvent à Kanyosha.
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