L’expansion des filets sociaux en Afrique au cours des deux dernières décennies a été motivée par le manque de progrès en matière de réduction de la pauvreté, les fortes inégalités et la persistance de mauvais résultats en matière de capital humain. Selon le rapport Africa’s Pulse de la Banque Mondiale d’avril 2022, l’Afrique a besoin d’investir encore davantage dans la protection sociale pour réduire la pauvreté
« Les programmes de protection sociale doivent continuer à renforcer la résilience des ménages pauvres et vulnérables en les aidant à investir dans les actifs productifs et le capital humain », lit-on dans le rapport Africa’s Pulse. Le choix de la bonne combinaison d’instruments de protection sociale (des transferts d’argent aux travaux publics en passant par les mesures d’inclusion économique productive) sera primordial. Ces outils peuvent protéger et améliorer l’éducation, la nutrition et la santé des ménages, tout en permettant aux communautés de mieux utiliser leurs ressources naturelles et en encourageant les investissements dans les actifs productifs pour créer des activités génératrices de revenus, détaille le rapport.

Le rapport Africa’s Pulse de la Banque Mondiale d’avril 2022 recommande qu’il faut des budgets prévisibles et adéquats qui seront les fruits des politiques fiscales anticycliques ou des réserves mises en place lorsque la conjoncture le permet pour remédier à l’insuffisance du financement de la protection sociale.
L’Afrique a plus besoin d’investir dans la protection sociale
Pour que les plateformes de protection sociale soient réellement efficaces en ce qui concerne le renforcement de la résilience et l’amélioration de la capacité de réaction aux chocs, le rapport indique qu’elles nécessitent des changements de politique et une innovation majeure grâce à des systèmes de prestation dynamiques et à un financement sensible aux chocs. Dans de nombreux pays africains, les structures des filets sociaux sont encore émergentes. Et les experts de la Banque Mondiale qui ont rédigé le rapport trouvent que pour les amener à leur plein potentiel, il faudra élargir les objectifs politiques, en dépassant l’accent traditionnellement mis par les programmes de protection sociale sur la pauvreté chronique pour lutter contre la vulnérabilité aux chocs et pour favoriser l’inclusion productive. Ce processus d’adaptation va requérir une amélioration des systèmes de prestation et financiers des filets sociaux.
Le rapport montre également que la capacité de profiter pleinement des périodes de conjoncture favorable permettra de préparer une riposte efficace en temps de choc. Malheureusement, le financement de la protection sociale reste insuffisant et dépend fortement des bailleurs de fonds dans une grande partie du continent africain. Pour remédier à cette dépendance, il faut des budgets prévisibles et adéquats qui seront les fruits des politiques fiscales anticycliques ou des réserves mises en place lorsque la conjoncture le permet. C’est à ce prix que les pays pourront mettre en place des programmes de protection sociale capables de répondre rapidement aux chocs et d’aider leurs citoyens à surmonter les crises
Le transfert d’argent a un impact positif
Selon les recherches, les programmes de transfert monétaire ont des impacts positifs sur la consommation des ménages et la réduction de la pauvreté. Les preuves montrent que les ménages utilisent les transferts monétaires pour réaliser des investissements productifs par opposition aux biens non productifs, avec des retombées sur les économies locales et la demande de détail, de services et de biens agricoles produits localement. L’analyse des nombreux programmes phares montre que la consommation enregistre une hausse de 0,74 dollar pour chaque dollar transféré ; en droite ligne avec la tendance très élevée à la consommation chez les ménages pauvres en raison de leurs contraintes budgétaires.
Le nombre de pauvres augmente en Afrique
L’Afrique subsaharienne a connu une croissance économique relativement élevée entre les années 1990 et le milieu des années 2010. Cependant, un ralentissement constant, en particulier depuis 2015, fait que son bilan en matière de réduction de la pauvreté et de prospérité partagée reste peu satisfaisant, et que le nombre de personnes pauvres augmente. Le rapport montre qu’entre 1990 et 2015, alors que l’extrême pauvreté mondiale (seuil de pauvreté international de 1,90 dollar par jour) reculait au rythme de 1 point de pourcentage par an, l’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne ne diminuait que de 0,56 point de pourcentage par an.
En raison de la forte croissance démographique de l’Afrique subsaharienne, le nombre de personnes extrêmement pauvres a augmenté passant de 283,8 millions de personnes en 1990 à 433,4 millions de personnes en 2018. En outre, même ceux qui échappent à la pauvreté restent cantonnés près du seuil de pauvreté, comme en témoignent les progrès encore plus lents de la réduction de la pauvreté par rapport aux seuils de 3,2 dollars par jour et de 5,5 dollars par jour.
L’expérience a montré que bien que la nature et la portée de la riposte au choc de la pandémie aient varié à travers l’Afrique, les programmes des filets sociaux existants et leurs systèmes de prestation se sont avérés être un appui précieux. De nombreux pays ont élargi les programmes de transferts monétaires existants ou ont introduit des programmes d’urgence tirant parti d’expériences antérieures. « Les programmes des filets sociaux destinés aux pauvres constituent un outil intéressant pour lutter contre la pauvreté », conclut le rapport.
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