Editorial

Quand les cours de l’énergie rythment notre vie

La pénurie de carburant paralyse l’activité économique. Ce phénomène avait commencé en mairie de Bujumbura avant de s’étendre vers d’autres centres urbains du pays. Après une accalmie le week-end dernier, les stations-services s’assèchent. Désormais, toutes les provinces du pays sont touchées. Dans la capitale économique, il s’observe de longues files d’attente devant les stations-services. Certains conducteurs n’hésitent pas à soudoyer les pompistes pour être servis.

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

La situation est chaotique au niveau des transports en commun. L’attente est longue pour des milliers de passagers qui doivent quitter leurs quartiers pour se présenter à leurs postes d’attache et emprunter le chemin inverse pour rentrer à la maison. Ils doivent attendre des heures et des heures pour monter à bord des bus de transport. La pénurie du carburant est monnaie courante. Manifestement, le pays connait des perturbations dans l’approvisionnement du carburant chaque année. Certainement, la pénurie de l’or noir affecte directement les conditions de vie des populations.

Les mesures prises jusque-là n’arrivent pas à contrecarrer la spéculation rampante observable dans la vente du carburant. Le spectre d’une hausse du prix à la pompe se dessine, car dans la plupart des cas la pénurie du carburant aboutissent à une hausse tarifaire. Jusque-là, les sources ministérielles parlent d’un problème technique au niveau de l’approvisionnement qui serait à l’origine de cette pénurie. De toutes les façons, les opérateurs économiques attendent impatiemment la résolution de ce problème technique qui perdure.

Sur le plan macroéconomique, l’hypothèse de rareté des devises pour importer n’est pas à écarter. Le billet vert reste introuvable sur le marché alors que le pays dépense chaque année plus de 150 millions USD pour importer le carburant. Il importe de signaler que le parc automobile du Burundi croit exponentiellement. Parallèlement, la consommation du carburant augmente. En 2020, les moteurs des engins roulants ont consommé plus de 30 millions de litres d’essence contre 49 millions de litres de gasoil.

Le monde entier fait face à la hausse des cours de l’énergie, toutes catégories confondues (le gaz, les hydrocarbures, l’électricité) et apparemment il ne faudra pas à une embellie avant deux ans. La Banque Mondiale alerte déjà sur les risques d’inflation induite. « La flambée des prix de l’énergie constitue des risques importants à court terme pour l’inflation mondiale et, si elle se maintient, elle pourrait également peser sur la croissance des pays importateurs d’énergie », a réagi Ayhan Kose, économiste en chef de la Banque Mondiale. D’ailleurs, certains pays s’arment pour minimiser les effets de l’inflation. C’est le cas de la France qui vient d’instaurer une « indemnité inflation » exceptionnelle de 100 euros pour les 38 millions de Français qui gagnent moins de 2 000 euros net par mois.

Selon un rapport de la Banque Mondiale, les prix de l’énergie dans le monde devraient augmenter de plus de 80% en moyenne en 2021 comparé à l’année dernière. Ils resteront à des niveaux élevés jusqu’au second semestre à mesure que les contraintes d’approvisionnement s’atténueront, a estimé la Banque Mondiale. Sur le marché international, les prix du pétrole brut (en moyenne Brent, WTI et Dubaï) devraient atteindre en moyenne 70 dollars en 2021, soit une augmentation de 70% comparé à l’an passé. « Ils devraient grimper à 74 dollars le baril en 2022 alors que la demande de pétrole se renforce et atteint les niveaux d’avant la pandémie » puis devraient retomber à 65 dollars en 2023 », ajoute l’institution.

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Benjamin Kuriyo.

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