Société

Quartier Buterere 1 cellule 3 : Les habitants dont les maisons ont été détruites ne voient pas à quel saint se vouer

Les habitants du quartier Buterere 1 cellule 3 déplorent la destruction de leurs maisons par l’Etat. Ils ne voient pas à quel saint se vouer et demandent qu’il soit rétabli dans leurs droits. Le gouvernement rétorque qu’ils ont construit dans un terrain domanial. Et d’ailleurs, c’est un terrain qui peut leur causer des maladies graves

Les habitants du quartier Buterere 1 cellule 3 déplorent la destruction de leurs maisons par l’Etat.

 

Nous sommes mercredi le 18 janvier 2023 au quartier Buterere 1 cellule 3 de la zone Buterere, commune Ntahangwa dans la municipalité de Bujumbura.  Il est situé à quelques mètres des bassins contenant les eaux usées de la station d’épuration de Buterere. Pire encore, on y jette les déchets ménagers. 

Les habitants de cet endroit lancent un cri d’alarme du fait que l’Etat a commencé à  détruire  les maisons construites à cet endroit. «On  nous accuse de construire dans un terrain domanial», confient-ils. Pourtant, ils balaient du revers de la main ces accusations et font savoir que ces terres  leur appartiennent.  «J’habite ici depuis 1982. C’est dans la parcelle de mon grand père», explique un de ces habitants. 

Ces habitants indiquent  que certains d’entre eux disposent même de documents délivrés par les administratifs qui montrent  que ces parcelles  leur appartiennent.  D’autres ont acheté des parcelles et ont construit des maisons à crédit. Pour ces raisons, ils ne comprennent pas pourquoi l’Etat veut détruire leurs maisons alors qu’il y en a parmi eux qui  disposent des autorisations de bâtir. 

Les habitants dans une situation incertaine

Les habitants ne voient pas à quel saint se vouer  et se demandent pourquoi on ne détruit pas les maisons construites dans les quartiers 9 et 10 de Ngagara, Kigeri et Butere 2 A situés tout près de la station d’épuration de Buterere.   Selon ces derniers, cela montre que le gouvernement veut détruire les maisons des gens vulnérables. «Il n’y a pas de hauts cadres de l’Etat tels que des colonels, des directeurs généraux, etc  comme dans les quartiers 10 et 9  de Ngagara situés tout près de la station de Buterere», déplorent- ils.

Malgré les explications et les lamentations de ces habitants, Dieudonné Dukundane, ministre ayant les infrastructures dans ses attributions fait remarquer qu’ils doivent quitter cet endroit pour s’installer ailleurs. Selon lui, ce n’est pas un endroit vivable.  

Un agent de l’OBUHA rencontré à la station d’épuration de Buterere affirme qu’il y a des gens qui ont construit dans le domaine de cette infrastructure. Ce qui l’inquiète est que cette pratique ne s’arrête pas. Des maisons y poussent comme des champignons. 

Et cet agent de l’OBUHA ne pense  pas que l’objectif du  gouvernement  de détruire ces maisons sera un jour atteint, car il ne date pas d’aujourd’hui. Pourtant, la concrétisation de cette mesure traine, car certains acquéreurs s’y opposent et  résistent encore avec la dernière énergie.  «Vous voyez toutes ces belles infrastructures dont certaines sont construites en étages. Elles sont construites dans le domaine de la station d’épuration de Buterere », renchérit- il.             

138 maisons déjà dans le viseur du gouvernement

Selon lui, il est arrivé même un moment où le Sénat était déterminé à démolir 138 maisons construites illégalement sur le terrain abritant la station d’épuration des eaux usées de Buterere.

Les habitants du quartier Buterere 1 cellule 3 se demandent pourquoi on ne détruit pas les maisons construites dans les quartiers 9 et 10 de Ngagara, Kigeri et Butere 2 A situés tout près de la station d’épuration de Buterere.

 

Martin Ninteretse, qui fut président de la commission permanente chargée des questions institutionnelles, juridiques et des droits et libertés fondamentaux à cette époque a expliqué que la commission a constaté qu’autour de la station d’épuration des eaux usées de Buterere, dans un rayon de 300 m autour de cette station, plusieurs constructions y ont été érigées.   Ce qui perturbe le fonctionnement de ladite station. Suite à ces constructions,  il a précisé que cette station ne dispose pas d’espace de séchage des boues issues du curage des bassins de traitement des eaux usées et qu’actuellement, l’extension de cette station est impossible.

Ninteretse a affirmé que l’ancien administrateur de la commune urbaine de Buterere  a déclaré à la commission sénatoriale avoir assisté impuissamment à l’attribution des terres domaniales situées dans la zone de protection de la station d’épuration de Buterere malgré les efforts qu’il déployé pour alerter le maire, le directeur général des SETEMU de cette époque et le commissaire municipal de la police. Selon lui, certains occupants des maisons se considèrent comme propriétaires des parcelles qu’ils ont occupées pendant longtemps sous un titre de propriété provisoire « Intizo ».

Certains ont des documents délivrés par l’urbanisme

Dans la même circonscription, du côté de Buterere, on a fait remarquer qu’aucun occupant de parcelle ne dispose de documents obligatoires établis par les services de l’urbanisme, tandis que certains d’entre eux installés du côté de Ngagara possèdent quelques documents relatifs à leurs parcelles. Il fustige d’autres personnes (commissionnaires) qui se sont arrogé le droit de vendre et d’attribuer des parcelles qui appartiennent à l’Etat. Il atteste qu’ils bénéficient parfois de la complicité de l’autorité administrative.

Danger !

De plus, cette commission a trouvé que la construction des maisons d’habitation dans cet espace constitue également un danger pour la santé de la population. Les eaux des bassins dégagent une odeur nauséabonde qui rend cette zone trop insalubre. Et c’est pour cette raison même que les employés des SETEMU doivent porter des masques, des salopettes et des gants en plastique pour se protéger contre d’éventuelles pathologies dont les infections cutanées, respiratoires et autres.

La construction des maisons d’habitation dans cet espace constitue également un danger pour la santé de la population.

 

Réagissant à cette situation, Révérien Ndikuriyo, président du Sénat à cette époque  n’y est pas allé par quatre chemins. Il a renchéri que les 64 ha devraient être restitués en leur totalité à la station d’épuration de Buterere. «Et l’acquéreur disposant de tous les documents des services de l’urbanisme sera indemnisé après l’opération de démolition. Les occupations illégales seront démantelées. Ce lieu n’est pas conçu pour des particuliers, mais pour les générations présentes et futures», rassure-t-il.

Quid du sort des acquéreurs des parcelles ?

Les inquiétudes de l’Hon. Ildephonse Ntawunkunda sur l’impact socio-économique lié au budget investi dans la construction des maisons et au sort réservé aux acquéreurs ont été comprises, mais avec des réserves de la part de Ndikuriyo.  «Lors des inondations de Carama, 200 personnes ont péri d’un coup en 30 minutes. Tu peux ne pas démolir mais, le lendemain, 1 million de personnes peuvent être victimes, qu’est-ce que tu auras sauvé ?», a argué  l’ex-président du Senat.  Il a rassuré qu’on va considérer seulement l’ancien plan cadastral de cette parcelle des SETEMU et la démolition va débuter par les maisons des autorités pour donner un bon exemple.

Lors de sa session ordinaire du 20 juillet 2018, le conseil national de sécurité a recommandé au ministère en charge de l’environnement de tout faire pour remettre en bon état la station d’épuration des eaux usées de Buterere tout en expulsant les personnes qui occupent illégalement les terrains réservés à ce site.  Et cela devrait  être accompli endéans trois mois. Ce qui signifie que le délai imparti à cette activité a pris fin le 20 octobre 2018.

Notons que le directeur général des SETEMU de cette époque a informé la commission sénatoriale que le projet d’évacuation  des terrains réservés à la zone pour la station d’épuration des eaux usées de Buterere date de 1991. Il a présenté les documents relatifs à ce site dont un plan délimitant un terrain d’une superficie de 63 ha 4 ares 97 ça établi en 2008. Les habitants qui étaient propriétaires de ce terrain ont été indemnisés depuis le lancement de ce projet en 1995, lit-on dans le rapport du Sénat.

A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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