Editorial

Qui va sauver les entreprises publiques ?

La performance des entreprises publiques burundaises laisse à désirer. Le chef de l’Etat hausse le ton contre les dirigeants défaillants des sociétés à participation publique. Il menace de licencier tous les membres de leur personnel. Normalement, les fonds injectés dans ces entreprises proviennent des contribuables. En d’autres termes, une mauvaise gestion des entreprises publiques  ruine l’économie. Les gestionnaires de ces entreprises s’enrichissent sur le dos du citoyen lambda. Il s’agit d’une double perte.

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L’Etat a investi dans divers secteurs pour stimuler la croissance économique. Ce qui ne s’est pas traduit dans les faits. La rentabilité des entreprises publiques reste très faible voire nulle. L’Etat réclame toujours des dividendes.  La société civile et les syndicalistes arguent que cela est le résultat du népotisme endémique qui s’observe dans les entreprises publiques. Au lieu de privilégier la compétence, on recrute selon l’appartenance à l’une ou l’autre composante de la population.  Par conséquent, les charges de l’entreprise augmentent alors que les recettes stagnent. Leur bilan est toujours négatif.

Le cas de l’Onatel et de la Regideso est emblématique. Ces deux sociétés pionnières dans les secteurs des télécoms, de l’eau et de l’électricité éprouvent d’énormes difficultés financières. Les créances s’accumulent au fil des années. Le manque à gagner est énorme : ce sont des dizaines de milliards de FBu de pertes. Or, ces ressources devraient contribuer au développement du pays. Si les entreprises publiques étaient rentables, les dividendes qu’elles généreraient devraient contribuer au développement du pays. Le gouvernement pourrait  les réinvestir dans la construction des infrastructures publiques telles que les routes, les écoles, les hôpitaux, dans le paiement des fonctionnaires ou encore  l’assistance sociale. C’est la redistribution des ressources.

Les responsables des entreprises publiques doivent gérer les biens publics en bon père de famille. Lors du récent salon industriel, le chef de l’Etat a invité les responsables des entreprises publiques a être des modèles. Les entreprises publiques ne devraient pas concurrencer le secteur privé, mais plutôt, elles devraient constituer une référence pour les opérateurs du secteur privé. La notion de gouvernance économique n’est pas l’apanage des dirigeants des entreprises publiques. Le processus de passation des marchés publics est teinté de nombreuses irrégularités.

En 2019, le ministre de l’Energie d’alors Côme Manirakiza a dressé un  tableau sombre de la Regideso. Dans cette société, la passation des marchés publics est un écran de fumée qui cache un phénomène de corruption à la Regideso. « Certains fonctionnaires de la cellule de gestion des marchés publics commandent des équipements obsolètes qui ne serviront à rien. Le stock « mort » totalisait plus de 13 milliards de FBu en 2019 ». Les enquêtes pour identifier les coupables afin de les traduire devant la justice se clôturent en queue de poisson.

Les entreprises publiques nécessitent une réforme approfondie. Pour ce faire, toutes les parties prenantes devraient se concerter pour arrêter des stratégies de redressement des sociétés publiques en difficulté. Il serait préférable d’encourager la culture de la rédevabilité. Les biens publics sont à préserver. Au lieu de considérer les entreprises publiques comme une vache laitière, les responsables devraient plutôt œuvrer pour leur épanouissement et, partant, pour le développement du pays.  C’est une question transversale qui implique la responsabilité de tout un chacun pour sortir de l’impasse.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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