Editorial

Quid de l’utilisation des énergies alternatives ?

Le bois constitue la principale source d’énergie domestique. Le charbon de bois est de loin plus utilisé pour la cuisson des aliments dans la plupart des ménages urbains. Sur le long terme, la surexploitation des boisements peut conduire à un drame écologique. 

Benjamin Kuriyo, Directeur de publication

La carbonisation du bois pour produire du charbon est un véritable fléau. Le couvert forestier s’amenuise d’années en années. Les statistiques montrent que la consommation annuelle du charbon est estimée à 56 548 tonnes et 13 552 tonnes pour la population urbaine de Bujumbura et de Gitega. Dans ces conditions, les villes de Bujumbura et Gitega entraîneraient une perte annuelle de 3 505 à 4 673 ha de couvert forestier. À ce rythme, le couvert forestier du Burundi, estimé à 171 625 ha, pourrait disparaître dans 25 à 33 ans, apprend-on de l’étude sur la problématique des ressources énergétiques au Burundi. 

D’où il est judicieux de penser à d’autres formes d’énergie pour substituer le charbon de bois. L’utilisation du gaz reste timide alors que le gaz constitue une source d’énergie par excellence. Les détracteurs de cette politique de transition énergétique avancent les coûts élevés de ce produit et de ses accessoires alors que d’autres évoquent les incidents éventuels dus à son utilisation.  Dans la même logique, la gestion des déchets solides en mairie de Bujumbura reste problématique alors qu’ils constituent la matière première pour fabriquer les briquettes combustibles, le gaz ou   l’énergie par biomasse. Des entrepreneurs mettent la main à la pâte, mais il reste du pain sur la planche pour en finir avec l’utilisation  du charbon de bois. 

La tourbe constitue également une autre piste à exploiter. L’Office National de la Tourbe (ONATOUR) annonce des projets de transformation de la tourbe qui tardent à se concrétiser. Dans l’entretemps, des investisseurs privés veulent exploiter cette ressource. C’est le cas de la Projet la société Trade Investment Partnership Company and General Trading (TIPC) qui mise sur l’exploitation de la tourbe dans le périmètre de Kashiru, commune Mugongomanga, province Bujumbura. Ladite société veut investir dans la production des briquettes à base de tourbe, peut-on lire dans le communiqué de presse sanctionnant le conseil des ministres du 18 août 2022. 

Ce projet vise à développer une nouvelle source d’énergie facilement accessible aux ménages à partir de la tourbe brute extraite dans le pays. Le coût de l’investissement est estimé à plus de 6,5 milliards de FBu. La nouvelle société aura la capacité de produire 48 à 80 tonnes de briquettes par jour. Le site de Kashiru est susceptible de fournir environ 200 000 tonnes de tourbes brutes. La production maximale planifiée par TIPC est de l’ordre de 25.000 tonnes de briquettes par an, précise le communiqué. 

Au fin fond du pays, la recherche du bois de chauffage pèse lourdement sur le couvert forestier. Dans certaines régions du pays, les ménages troquent les denrées alimentaires contre le bois de chauffage. Les scientifiques estiment que l’utilisation des foyers améliorés permet de diviser par dix la quantité de bois consommé. Pourtant, les foyers améliorés ne suffisent pas pour éradiquer le fléau de la déforestation au Burundi. 

Le recours à large échelle à ces énergies alternatives peut concourir notamment à limiter la destruction de l’environnement et à réduire la pression sur les forêts.  C’est pourquoi, la synergie des producteurs des combustibles et autres sources d’énergie (le gaz, le biogaz, la tourbe, l’énergie solaire) est requise.

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Benjamin Kuriyo.

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    Sans transparence, pas de confiance

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    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
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