L’avancée technologique et l’innovation sont en train de transformer le marché de l’emploi. Cette transformation du marché du travail s’accompagne de quelques inconvénients. Le rapport de la Banque Mondiale donne quelques pistes pour tirer profit de cette mutation. Il semble qu’investir dans le capital humain, dont l’éducation et la santé sont les pierres angulaires, est un impératif
L’avancée technologique a permis à la machine d’effectuer certaines tâches qui étaient dévolues à l’homme. Dans les pays avancés, de plus en plus de tâches sont confiées à la machine considérée comme moins onéreuse et moins exigeante par les entrepreneurs. A ce sujet, le rapport du Groupe de la Banque Mondiale récemment sorti sur le développement dans le monde en 2019 rappelle que déjà en 1930, John Maynard Keynes, le célèbre économiste américain mettait en garde contre un chômage généralisé provoqué par l’avancée des technologies. Actuellement, « les robots prennent progressivement le contrôle de milliers de tâches de routine et vont supprimer de nombreux emplois peu qualifiés dans les économies avancées et les pays en développement »

Le Burundi n’est pas épargné par ce phénomène
En 2017, 70 employés d’Ecobank Burundi avaient été licenciés suite à la digitalisation des services de cette Banque. A ce sujet Victor Noumoué, Administrateur Directeur Général d’Ecobank annonçait effectivement que le licenciement de ces employés était effectivement une conséquence de la restructuration du système de fonctionnement d’Ecobank qui consistait en l’adoption de la digitalisation des services de la banque pour renforcer l’inclusion financière ». Il précisait que la nouvelle stratégie de digitalisation privilégiait les canaux alternatifs. Ces deniers sont les distributeurs automatiques de billets, les cartes bancaires, la banque par Internet et la banque sur mobile en remplacement des agences bancaires traditionnelles, de moins en moins fréquentées par les clients.
La mutation technologique, un impact pas que négatif
Toutefois, l’avancée technologique et l’innovation n’ont pas qu’un impact négatif sur le marché de l’emploi. Le rapport du Groupe de la Banque Mondiale indique que si elle supprime les emplois, la technologie crée en même temps des possibilités, ouvre la voie à des emplois innovants et modifiés tout en accroissant la productivité. Elle améliore aussi la prestation des services publics. Il s’agit plus d’une mutation de la nature du travail que d’une suppression d’emploi donc. D’où une nécessité de s’adapter à l’évolution qu’exigent l’innovation et l’avancée technologique
Investir dans le capital humain, une des solutions
Le rapport indique que de nombreux emplois actuels, et beaucoup plus dans un proche avenir, exigeront des compétences spécifiques qui combinent le savoir-faire technologique, la résolution des problèmes et l’esprit critique, mais aussi des aptitudes générales comme la persévérance, la collaboration et l’empathie. Cela engendrera bien sûr quelques bouleversements en ce qui concerne l’emploi. Par exemple, l’époque où on faisait carrière dans un emploi ou une entreprise pendant des décennies est quasiment révolue. « (….) les travailleurs auront probablement de nombreux petits boulots au fil de leur carrière. Ce qui signifie qu’ils devront apprendre toute leur vie durant », lit-on dans le rapport.
Les pays doivent prendre les devants
« L’innovation va continuer à s’accélérer. C’est pour cela que les pays en développement vont devoir prendre des mesures rapides pour être à même de soutenir la concurrence dans l’économie du futur. Ils vont devoir investir dans leur population, plus particulièrement dans la santé et l’éducation qui sont les pierres angulaires du capital humain afin de cueillir les fruits de l’évolution technologique et de minimiser les perturbations les plus graves que celle-ci pourrait engendrer. Pour l’instant cependant, trop nombreux sont les pays qui ne réalisent pas ces investissements essentiels », avertit le rapport. Ainsi, il met en garde les pays dont le niveau d’investissement dans le capital humain est le plus bas actuellement. « Notre analyse permet de conclure que la productivité de la main-d’oeuvre de demain atteindra à peine le tiers ou la moitié de ce qu’elle aurait pu être si les populations étaient en parfaite santé et avaient reçu une éducation de qualité », soulignent les experts qui ont confectionné le rapport.
L’informel n’est pas compatible avec le marché du travail de demain
D’après le même rapport, la création d’emplois formels est la meilleure mesure à adopter pour cueillir les fruits des mutations technologiques. Dans de nombreux pays en développement, la majorité des travailleurs restent confinés dans des emplois peu productifs, souvent informels et peu exposés à l’évolution technologique. Faute d’emplois de qualité dans le secteur privé, des jeunes pétris de talent ont peu de chances de trouver un emploi salarié. Dans un futur proche, il faudra résoudre ce problème.
Investir dans les infrastructures, une priorité
Un pays qui veut se développer a besoin de bonnes infrastructures. Les experts du Groupe de la Banque Mondiale insistent sur le « besoin d’investissements dans les infrastructures, dont les plus notables visent à offrir aux populations des pays en développement toujours laissées pour compte un accès abordable à l’Internet ». Tout aussi important est l’accroissement des investissements dans les infrastructures routières, portuaires et urbaines dont les entreprises, l’administration et les individus ont besoin pour tirer pleinement parti du potentiel des nouvelles technologies, ajoutent-ils.
Pour s’adapter à la nouvelle génération d’emplois, on a donc besoin de protection sociale. Pourtant, dans les pays en développement, huit personnes sur dix ne bénéficient d’aucune assistance sociale et six sur dix travaillent dans l’informel sans police d’assurance. Un clin d’œil aux décideurs qui n’ont d’autres choix que celui de se mettre au travail maintenant.
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