Deux ans après la suspension des activités de construction du barrage sur la rivière Kajeke suite aux malformations et irrégularités constatées, les travaux de reconstruction de ce barrage hydro-agricole visant l’irrigation des rizières des communes Gihanga et Mpanda de la province Bubanza tardent à démarrer
Les habitants des collines de Rugunga, Gihungwe et Busongo de la commune de Gihanga attendaient impatiemment la réalisation de ce projet. Ils espéraient planter du riz pendant toutes les saisons, y compris la saison sèche, mais le projet est mort-né.
Nous sommes mardi le 18 mai 2021. Au fin fond des collines de la zone Buvyuko dans la commune et province Bubanza. Un lac de retenue du barrage de Kajeke est construit entre les collines Kagiriri de la zone Mitakataka et Caraba de la zone Buvyuko. A la première vue, on aperçoit des pêcheurs tout autour de ce lac de retenue. Des hommes mariés, des jeunes garçons et des mineurs avec des hameçons, des filets maillants, des moustiquaires y passent des journées en train de pêcher. A peu près une dizaine de pirogues de pêche s’y observent.
Au-dessus de ce barrage, à 100 mètres, on aperçoit un canal d’adduction d’eau qui est déjà cassé. Les murs de soutènement se sont déjà effondrés. Le bout de ce canal principal se trouve sur la colline Rugunga. Une partie de ce canal soutenue par des piliers est également effondrée et coupée.
Irriguer pour augmenter la production rizicole
Dans le but d’augmenter la productivité des périmètres rizicoles, des projets de construction des barrages hydro-agricoles ont été initiés depuis les années 2000. Le barrage hydro-agricole construit sur la rivière Kajeke dans la commune Bubanza en fait partie. Ce projet est constitué d’un barrage, d’un canal d’adduction d’eau et d’un périmètre irrigué. Il était prévu pour irriguer 1013 hectares en première phase pour atteindre par la suite 2813 hectares à la fin. Le canal principal doit traverser la rivière Kajeke pour alimenter les plaines de Rugunga, Gihungwe et Busongo.
Des cas d’irrégularités observés
Après avoir englouti plus de 13 milliards de FBu, les travaux de construction du barrage hydro-agricole de Kajeke ont connu des échecs. Suite aux malfaçons observées sur terrain et aux irrégularités, le ministère en charge de l’agriculture a commandité une étude d’évaluation des travaux exécutés. Les résultats de l’évaluation ont montré que le barrage construit sur la rivière Kajeke doit être complètement détruit et qu’il faut cnstruire un nouveau barrage conforme aux normes et conditions requises pour la réalisation des barrages. Les entreprises qui ont gagné le marché ont été toutes défaillantes. Elles n’avaient pas les capacités techniques et financières requises pour exécuter ces travaux, a expliqué Déo-Guide Rurema, ministre de l’agriculture, le 28 mars 2018 lors des échanges avec les sénateurs.
Le marché de reconstruction du barrage de Kajeke déjà attribué
Le Conseil des ministres du 3 juillet 2019 a proposé de refaire le projet qui a couté à peu près 13 milliards de FBu et de construire un autre barrage à 19 milliards de FBu. Il a également demandé que ceux qui sont impliqués dans l’échec du premier projet soient traduits en justice, et que pour ceux qui ne seraient pas au pays, des mandats d’arrêts internationaux soient lancés.
Au niveau du ministère de l’Agriculture, on indique attendre l’avance du financement des travaux de démarrage. Christophe Majambere, fontionnaire dirigeant du projet précise aussi que le marché des entreprises qui vont réaliser ce projet a été déjà conclu. Il s’agit de SOGEA SATOM -GETRA. « Elles ont déjà fait les études de vérification des erreurs du premier projet. Nous attendons le décaissement de l’avance de démarrage des travaux », fait-il savoir. Pour ceux qui sont impliqués dans l’échec du premier projet, Christophe Majambere indique que les dossiers sont en justice.
Le barrage de Kajeke a été construit depuis 2009 sur financement du gouvernement burundais avec un budget qui s’élève à 13 milliards de FBu. Les travaux ont été confiés aux entreprises ETAMCO, BTCE, BETUCO-PACIFIC. Le lancement officiel des travaux de construction de ce barrage a été fait par l’ancien Président de la République du Burundi, Pierre Nkurunziza le 19 août 2010. Il précisait que ce barrage-réservoir était d’une importance capitale pour la population de la plaine de l’Imbo en général et celle de la commune Gihanga en particulier. « Il permettra l’irrigation des champs de riz et d’autres plantes de cette localité 12 mois sur 12 ».
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