Développement

Redorer l’image du Burundi, une urgence pour attirer les investisseurs

Outre l’amélioration de l’environnement des affaires, le Burundi devrait miser sur la promotion de la bonne image et l’accueil chaleureux des investisseurs pour booster les investissements étrangers au pays longtemps secoué par des crises socio-politiques. Ce sont certaines des recommandations de l’Amb. Libérat Mfumukeko lors de la première édition du Forum sur le Développement du Burundi 

Le Burundi figure parmi les pays où les investissements directs étrangers sont faibles. Il en est de même pour les investissements internes qui font face au manque de financement des investissements d’une part et aux taux d’intérêt élevés d’autre part. Par exemple, depuis la crise socio-politique de 2015, les investissements directs étrangers (IDE) ont tari. Ils sont passés de 47 millions USD en 2014 à 7 millions USD en 2015, selon une étude du bureau sous régional de la Commission Economique pour l’Afrique de l’Est.

L’image du Burundi n’est pas positive

Libérat Mpfumukeko rappelle d’abord qu’un opérateur économique qui veut investir dans un pays va analyser la situation socio-politique de ce pays. Selon lui, les troubles politiques et sécuritaires qu’a connu le Burundi ont conduit au ralentissement de l’activité économique incluant la fermeture de plusieurs entreprises dans le pays. La période 2015-2019 a coïncidé avec une baisse significative du nombre d’investisseurs certifiés au Burundi. En 2015, trois projets ont reçu le certificat d’éligibilité aux avantages du code des investissements contre 81 en 2010.

Amb. Libérat Mpfumukeko, ancien secrétaire général de l’EAC propose de mettre en place une stratégie de communication visant à redorer l’image du pays dans le concert des nations.

Pour Mfumukeko, le Burundi a une image qui n’est pas positive sur internet, notamment sur Google, le moteur de recherche le plus visité au monde. Sur leurs sites web, plusieurs gouvernements recommandent à leurs ressortissants de ne pas venir investir au Burundi qui est considéré comme un pays à très haut risque.

L’ancien secrétaire général de l’EAC propose d’adopter une stratégie de communication visant à redorer l’image du pays dans le concert des nations. « Il faut payer les moteurs de recherche pour qu’ils enlèvent les informations dénigrant le Burundi. Il propose également de créer des évènements montrant la vraie face du Burundi. Pour lui, il faut recourir aux agences de communication et de publicité de renommée internationale. Que le gouvernement du Burundi recommande aux partenaires de demander à leurs gouvernements de changer l’image du Burundi sur leurs sites web.

Les informations de l’ADB peu accessibles

Mfumukeko note que le site web de l’Agence de Développement du Burundi (ex-API) contient des informations importantes, mais peu accessibles du fait de son architecture. Il admet aussi que certaines informations cruciales n’y figurent pas. De plus, sa version anglaise n’est pas à jour. « Plusieurs informations utiles, dont les lois ne sont disponibles qu’en français et sont donc incompréhensibles pour les investisseurs non francophones.  « Un investisseur qui est aux USA, au Japon, … ne parle pas français et, à ce niveau, la communication ne passe pas ». La situation est la même pour tous les autres sites web du gouvernement et des autres institutions.

Autres défis, cette agence ferme aux environs de 16h PM alors que la moitié du monde se réveille. C’est peut-être 7h du matin aux USA. C’est à ce moment-là que les autres pays commencent à travailler. Là encore, il n’y a pas de numéro vert dédié aux investisseurs. « Dans le monde, si vous entrez en contact avec une entreprise qui se respecte à minuit, vous allez trouver quelqu’un qui va vous répondre », insiste Mfumukeko.

Un budget insuffisant pour la communication

La situation se présente ainsi alors que 47% des responsables chargés de sélectionner les lieux d’investissement se renseignent sur les sites web des API et 83% auprès des API lors du processus de sélection des sites, selon une étude menée par la Banque Mondiale en 2012 (Climat d’investissement : meilleures pratiques en matière de promotion des investissements).

Libérat Mfumukeko révèle que le budget de l’API pour la fonction communication est insignifiant.  En 2020-2021, il s’évalue à 27 millions de FBu (13 537 USD) contre 500 000 USD en moyenne pour le Kenya et l’Ouganda. Et d’ajouter qu’avec ce budget, l’ADP ne peut pas mener des campagnes de communication ou participer à des foires internationales. Il propose de refondre le site de l’ADP dans les standards de qualité et d’interactivité internationale et de mettre en place un centre d’appel. Mfumukeko propose également de doter l’ADP d’un budget suffisant.

Des problèmes dans l’octroi des visas

Le processus d’obtention des visas n’est pas pratique et est lent pour les investisseurs étrangers. « Vous trouverez une même ambassade pour la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Il en est de même pour la Russie, la Pologne, la Lettonie, la Lituanie, etc. Mis à part cela, l’accueil pour les entrants au Burundi laisse à désirer. Désiré Musharitse, directeur de l’ADP propose qu’au niveau des ambassades du Burundi, les deuxièmes conseillers soient des spécialistes en marketing pour leur pays. « Au lieu de faire la comptabilité pour leurs ambassades, ils devraient s’occuper de la promotion des investissements».

Selon Audace Niyonzima, premier vice-gouverneur de la BRB, les investisseurs locaux font face au manque de financement des investissements et aux taux d’intérêt élevés. Pour faire face à cette problématique, la BRB a mis en place une fenêtre de refinancement à un taux d’intérêt faible de 2%.

A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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