La compagnie Kenya Airways a diminué ses vols sur Bujumbura passant de 3 à 1 par jour. C’est une réalité depuis le 18 août 2018. Les retombées négatives de cette décision frappent beaucoup de monde: les voyageurs et notamment la nombreuse diaspora venue au pays, les caisses de l’Etat et de la Société Burundaise de Gestion des Entrepôts et Assistance des Avions (SOBUGEA) (pertes de recettes).
Depuis le 18 août, Kenya Airways a réduit ses vols sur Bujumbura (Photo tirée sur internet)
Il est 10 heures 40 minutes lundi le 27 août. A notre passage au bureau de Kenya Airways, une nuée de personnes encombre la salle d’accueil. A notre entrée, une dame en uniforme de la compagnie nous donne le quarantième numéro. Hésitant de prendre le numéro, la dame m’ordonna de le prendre vite : « Monsieur, prends vite le numéro. Nous sommes trop préoccupés par l’accueil des clients qui sont nombreux ». Heureusement que je ne figurais pas parmi ceux-ci.
Bien que nous n’ayons pas eu l’occasion de rencontrer le représentant pays de Kenya Airways au Burundi (il n’était pas au Burundi selon les sources sur place) pour nous parler de la situation, les clients, eux, déplorent la situation.
Désorganisation
Un enseignant à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) qui a gardé l’anonymat avait le numéro 39. Il attendait d’être régularisé par Kenya Airways. Pour cet enseignant qui est entrain de poursuivre ses études doctorales en Chine, il avait payé un ticket aller-retour à Kenya Airways au mois de juillet. Son retour en Chine était fixé dimanche le 2 septembre 2018 à 10 heures 25 minutes.
« Nous avons entendu la restriction des vols de Kenya Airways sur les ondes des médias. Kenya Airways ne nous a pas avisé. Je suis ici pour m’enquérir si mon vol est maintenu ou pas », se désole l’enseignant. Par ailleurs, ajoute-t-il, j’habite Gihosha dans la commune Ntahangwa. « Voilà que je viens de payer 5. 000 FBu, soit 2, 8 USD pour un seul aller. Cet argent était prévu pour d’autres fins », déplore-t-il.
L’enseignant signale en outre qu’il vient de perdre tout l’avant-midi. « Au fait j’étais venu pour encadrer les travaux de fin d’études des étudiants. De toute façon, je ne vais pas récupérer le temps perdu », regrette-t-il.
Les agences de voyage dans la souffrance
« Nous n’avons pas d’avions. Nous travaillons pour ces compagnies », rappelle un responsable d’une agence de voyage.
Pour lui, la restriction des vols de Kenya Airways est un coup de massue pour les agences de voyage. « Kenya Airways avait trois vols par jour. Il reste un seul vol par jour. Ce qui diminue nos clients et, partant les recettes dans les caisses des agences », indique-t-il.
Et de continuer : « Je ne doute pas également que le pays va enregistrer une perte de devises, car les compagnies aériennes desservant Bujumbura doivent payer les taxes et impôts ».
Ce responsable d’agence témoigne que les horaires des clients ont été perturbés. Pour le moment, notifie-il, Kenya Airways effectue ses vols l’avant-midi du lundi, du mardi, du mercredi, du jeudi et du dimanche tandis que les vendredi et samedi, le vol s’effectue à 17 heures.
Quant à ceux qui ont acheté les billets d’avion avant que la mesure ne soit pas prise, le responsable de l’agence de voyage éclaire : « L’agence de voyage n’y est pour rien. Son rôle est de changer le billet. La compagnie s’occupe du reste. Je suppose que Kenya Airways indemnisera les clients perturbés ».
Du drame au drame
Le responsable de l’agence de voyage explique que Kenya Airways a réduit ses vols sur Bujumbura au moment où Brussels Airlines l’a fait à partir de 2015. Ses vols, selon toujours lui, sont passés de deux à un seul. Celui-ci est un aller-retour dimanche seulement.
Quatre compagnies officielles desservent Bujumbura
Les compagnies Kenya Airways, Ethiopian Airlines, RwandAir et SN Brussels Airlines desservent Bujumbura. Les vols pour chaque compagnie sont estimés à un aller-retour par jour voire par semaine.
Quid du trafic sur l’aéroport international de Bujumbura ?
Source : Banque de la République du Burundi (BRB)
La Banque de la République du Burundi (BRB) donne les statistiques sur le trafic à l’aéroport international de Bujumbura.
Depuis janvier 2018 à avril 2018, les passagers arrivés à Bujumbura sont estimés à 47 980, soit 11 921 en janvier, 10 868 en février, 13 667 en mars et 11 524 en avril.
Les départs de Bujumbura sont estimés à 26 802, soit 6 347 en janvier, 6 308 en février, 6 700 en mars et 7 447 en avril. Les vols à destination de Bujumbura étaient estimés à 1 770, soit 460 en janvier, 3 99 en février, 483 en mars et 428 en avril.
Air Tanzania et ses vols vont-ils compenser les déficits générés par Kenya Airways ?
Celui-ci va reprendre ses vols sur Bujumbura le 30 août 2018. Il avait arrêté ses activités en 2014. Il effectue trois vols par semaine, c’est-à-dire le mardi, le jeudi et le dimanche. Ce qui facilite les voyages du Burundi vers la Tanzanie surtout dans les villes comme Kigoma et Dar-Es-Salaam.
A l’heure actuelle, il est difficile d’estimer en termes monétaires et financiers les pertes et gains liés à ces bouleversements dans le trafic aérien de passagers. Burundi Eco reviendra sur le sujet et consacrera un dossier rédactionnel à cette problématique qui constitue un paramètre parmi d’autres pour mesurer le niveau de l’activité économique et touristique du pays.
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