Depuis la réouverture de la frontière Ruhwa pour les passagers Burundais et Congolais qui y transitent avec l’agence Mapassa, le petit commerce a repris. Des points de rafraichissement et d’approvisionnement en divers biens y ont été installés. Pour payer, les passagers utilisent la monnaie à leur disposition (les FBu, les USD, les FRw, les Francs Congolais) … Ce qui est interdit par la réglementation des Changes de la Banque de la République du Burundi (BRB)
Malgré que les passagers ne viennent à compte-gouttes, à deux semaines de sa réouverture, la frontière de Ruhwa entre le Burundi et le Rwanda est plus ou moins mouvementée. On y rencontre les vendeurs de légumes, de maïs grillé, mais surtout de brochettes. «Les Congolais aiment les brochettes», confie sourire aux lèvres Claude, un grilleur de viande. Au moment où sa main droite est entrain de manier et de bien griller sa brochette, l’autre tient une liasse de billets de banque. Curieusement, ces billets ne sont que de FBu seulement. Il avait au moins trois sortes de billets.

Les commerçants qui opèrent à la frontière de Ruhwa acceptent n’importe quelle monnaie proposée par les clients. La majorité des passagers qui entrent au Burundi ne possèdent que de la monnaie étrangère.
Les passagers paient dans la monnaie dont ils disposent
Claude explique qu’ils acceptent n’importe quelle monnaie proposée par les clients. « Les Congolais qui entrent au pays ont encore leur monnaie. Si je ne l’accepte pas, je risque de fermer mon business », fait-il savoir. Pour savoir comment les commerçants qui opèrent à la frontière procèdent pour fixer leurs prix en d’autres monnaies, Claude explique que leurs patrons se renseignent sur le taux du jour. Il indique qu’à la fin de la journée ou quand il possède une grosse somme en monnaies étrangères, son patron se rend dans la capitale économique pour procéder au change.
Lors du reportage, Burundi Eco leur a demandé si le taux de référence est celui de la BRB ou du marché noir, mais le mutisme a prévalu. C’est un secret. Curieusement, ces commerçants ont fait savoir qu’ils ne savaient pas que c’était interdit. « Il y avait un temps où la BRB venait ici pour collecter l’argent. Mais aujourd’hui, nous ne savons pas pourquoi ce sont nos patrons qui doivent acheminer l’argent à Bujumbura », a dit Samson, un autre grilleur de viande.
La loi en dit quelque chose
L’article 4 de la réglementation des changes de la BRB signée le 17 septembre 2029 stipule que l’unité ayant cours légal en République du Burundi est le FBu. Toutes les transactions monétaires conclues localement et concernant les biens situés au Burundi sont exprimées et réglées en BIF, lit-on. Cet article explicite que seuls les services rendus aux non-résidents par les compagnies aériennes, les transitaires, les services chargés des frontières et des étrangers, les services portuaires et aéroportuaires et l’Autorité fiscale peuvent être facturés et réglés en devises.
A la BRB, on indique que ces commerçants transgressent la loi et encourent d’une punition. Toutefois, la Banque Centrale reconnait qu’il est difficile de respecter cette réglementation à la frontière vu que les passagers étrangers ne possèdent que de la monnaie étrangère. Elle demande à ce que les administratifs locaux renforcent la vigilance pour faire respecter cette réglementation.
Carême Bizoza, gouverneur de la province de Cibitoke reconnait que la fermeture des frontières occasionne des pertes et se réjouit du fait que la frontière de Ruhwa est en train de se revivifier.Le commerce renait et une partie de l’argent des passagers reste dans la province. Cependant, si cette réglementation est respectée, le commerce à la frontière risque de ne pas bien marcher à moins que l’on y installe un bureau de change. Rappelons que les bureaux de change ont été fermés sur le territoire national depuis le 15 février 2020 et que cette mesure avait été prise pour permettre à l’État de contrôler les devises étrangères en circulation dans notre pays.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.