Editorial

Les réserves de devises s’amenuisent

Le rapport sur la politique monétaire établi par la Banque centrale montre que les réserves de devises chutent vertigineusement. Ainsi, les réserves officielles ont reculé de 35,7%. Elles sont passées de 113,5 millions USD à 73 millions USD entre 2019 et mars 2020. En revanche, elles se sont accrues de 30,1% en glissement annuel pour couvrir 0,9 mois d’importation de biens et services contre 0,7 mois à la même période. Pourtant, les critères de convergence de la Communauté Est-Africaine  ne sont pas du tout respectés. Le pays doit avoir au moins un « matelas » pour importer les biens et les services pendant 4 mois.

Directeur de publication

La pénurie des devises ronge le secteur économique. Les importateurs comme les industriels en paient un lourd tribut. Elle provoque une hausse généralisée des prix sur le marché. Elle affaiblit la compétitivité des entreprises et plombe les investissements, etc.

La pénurie persistante des devises alimente la pression sur le marché de change. Les agents économiques se retrouvent dans l’incapacité de financer leurs projets de développement. L’accès aux devises est réservé aux importateurs des produits dits stratégiques (carburant, médicaments, fertilisants et intrants industriels).

Les commerçants remuent ciel et terre pour trouver le billet vert. Alors, le marché parallèle s’impose comme une alternative. Les changeurs de monnaie opèrent dans une opacité totale et souvent dans la clandestinité. Ils maîtrisent les règles du jeu. Les critères pour fixer les cours du billet vert restent un mystère. Seuls les initiés au métier gardent jalousement le secret. Cependant, les taux de change élevés appliqués sur le marché noir provoquent la hausse des prix.

La balance commerciale du Burundi reste déficitaire. Pour importer, les commerçants et les entreprises ont   besoin de devises. Le taux de change élevé paralyse l’activité économique. Les ménages disposent de revenus très limités. En cas d’inflation, ils retardent leurs achats en espérant une éventuelle baisse des prix. Les entreprises ont du mal à écouler leurs produits sur le marché. Les recettes chutent et des licenciements de leurs employés peuvent s’ensuivre.  La mobilisation des recettes internes est remise en cause. Par conséquent, le pays plonge à la fois dans une crise économique et financière.

Parallèlement, les exportations restent dominées par le thé, le café et les minerais. Le pays devrait diversifier les produits d’exportation pour accroître les recettes en devises et stabiliser la monnaie locale. L’augmentation et la valorisation de la production agricole est primordiale pour atteindre l’autosuffisante alimentaire. Le tissu industriel reste également très fragile.

Les industries locales deviennent de moins en moins compétitives et résistent moins au choc économique dû à la pandémie de Coronavirus qui sévit à travers le monde. Les effets de la Covid-19 sont déjà perceptibles au niveau local. Il serait préférable d’initier des mesures pour atténuer l’impact de cette crise sur les entreprises locales.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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  • éditorial

    Sans transparence, pas de confiance

    Sans transparence, pas de confiance

    Dans une interview accordée au journal Burundi Eco, Albert G. Zeufack, directeur des opérations de la Banque Mondiale pour quatre pays africains, à savoir : la République Démocratique du Congo (RDC), l’Angola, le Burundi et São Tomé-et-Príncipe, en visite au Burundi à la mi-avril 2025, est revenu à plusieurs reprises sur un mot-clé : transparence. « Sans transparence, il ne peut pas y avoir de confiance », a-t-il affirmé. Selon lui, la transparence est essentielle à la mise en œuvre des visions claires formulées par le gouvernement pour conduire le pays vers un développement durable. Il rappelle d’ailleurs :« La transparence des données est fondamentale. »
  • Journal n° 657

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