En janvier dernier, l’autorité provinciale a interdit la grillade du maïs autour des marchés et sur les autres lieux publics. Un coup dur pour les femmes qui vivaient de la commercialisation du maïs grillé. Elles demandent la levée de cette mesure. Pour les cultivateurs, la mesure vient à point nommé pour décourager les cas de vol récurrents dans les champs de maïs
En date du 28 janvier 2022, Consolateur Nitunga, gouverneur de la province de Rumonge a sorti une décision interdisant la grillade du maïs autour des marchés et sur les autres lieux publics. Cette décision a été prise à la suite de nombreuses plaintes des administratifs à la base. Ces derniers rapportent des cas de vol récurrents dans les champs de maïs, indique le gouverneur Nitunga.
Cette décision frappe également les vendeurs de feuilles de manioc (isombe). Ils doivent présenter un document délivré par le chef de colline attestant que ces feuilles de manioc ont été récoltées dans leurs propres champs. Cette mesure a été largement suivie, mais des grognes et des messages de soutien à cette mesure sont soulevés par les uns et les autres.
Une mesure qui favorise la pauvreté
N.A, une mère célibataire et ancienne commerçante de maïs grillé au port de pêche de Rumonge indique qu’elle n’est plus à mesure de nourrir ses deux enfants. « Je ne vivais que de cette activité et je ne sais pas à quel saint se vouer », s’indigne-t-elle.
Elle demande au Gouverneur de tenir une réunion avec ces commerçants de maïs grillé afin de lever cette mesure qui pénalise une catégorie de personnes vulnérables. Cette femme suggère aux autorités provinciales de mener des enquêtes pour identifier les commerçants de maïs grillé qui collaborent avec les voleurs de maïs.

La mesure ne pénalise pas uniquement les femmes commerçantes de maïs grillé, mais aussi les consommateurs.
Une désolation totale chez les vendeuses de maïs grillé
Les vendeuses de maïs grillé sont particulièrement touchées par cette mesure. Certaines femmes qui grillaient le maïs avaient contracté des microcrédits auprès des institutions de microfinance. Elles ne seront plus à mesure de les rembourser.
B.H, une femme veuve mère de trois enfants rencontrée près du marché central de Rumonge qualifie cette mesure d’injuste. Elle demande que cette mesure soit levée pour leur permettre d’entretenir leurs familles. « J’avais déjà signé des contrats d’achat avec des propriétaires de champs de maïs pour une revente au détail des épis de maïs. Mais aujourd’hui tout mon business est tombé à l’eau après tant d’investissements », regrette-t-elle. Notre interlocutrice demande au gouverneur d’organiser une réunion avec tous les acteurs pour étudier les contours de la question et surtout évaluer l’impact de cette mesure.
Les consommateurs se désolent
La mesure ne pénalise pas uniquement les femmes commerçantes de maïs grillé, mais aussi les consommateurs. Au centre urbain de Rumonge, beaucoup de gens exerçant les petits métiers consommaient régulièrement le maïs grillé. Les passants achetaient également le maïs pour tromper la faim.
Les taxis vélos interrogés soutiennent la levée de cette mesure. «Un épis de maïs grillé avec un gobelet d’eau pouvait suffire comme repas à 500 FBu seulement. Ce qui n’est pas le cas actuellement», se désole un conducteur de vélo.
L’autre face de la médaille
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. Les agriculteurs qui prestent dans les vallées des rivières Dama et Mulembwe saluent la mesure prise par le gouverneur. Ils indiquent que les cas de vol de maïs étaient devenus quasi quotidiens dans les champs ces derniers jours. Ils chargent les vendeurs de maïs grillé car les épis de maïs étaient revendus dans les différents lieux publics à l’état grillé.
Ces agriculteurs demandent que d’autres mesures soient prises pour juguler la recrudescence des vols d’épis de maïs dans les champs.
Gagner honnêtement sa vie
Les agriculteurs sont unanimes : les vendeuses de maïs grillé doivent changer d’activité pour gagner leur vie d’une manière honnête. Les chauffeurs des véhicules de transport en commun et les voyageurs qui se sont confiés à la rédaction du journal Burundi Eco plaident pour les vendeuses de maïs grillé. L’administration devrait suivre de près cette activité afin de permettre à ces femmes de générer des revenus. Il suffit de vérifier rigoureusement l’origine des épis de maïs, commentent-ils.
Il importe de signaler que de nombreuses femmes vulnérables dont des veuves, des mères célibataires, des femmes divorcées, des femmes rapatriées ou handicapées ne vivaient que de ce commerce de maïs grillé.
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